Peu à peu la lumière revient. Même trop forte, beaucoup trop forte. Obligée de protéger ses yeux pas vraiment habitués à être autant exposés. Quelque chose cloche, c’est comme si quelqu’un avait mal réglé une lampe et l’avait orienté vers elle. C’est douloureux et ses paupières clignent plus que d’habitude. Elle essaie de voir ce qu’il y a en face, mais le halo suit son mouvement.
"Ne me cherche pas."
C’est un murmure, tout juste un souffle qui vient se glisser au creux de son oreille, il rampe jusqu’à sa conscience. Il s’insinue. Qui est-ce ? Elle cherche, son cerveau creuse dans ses souvenirs, mais personne. Tout est trop clair. Soudain la porte s’ouvre, celle qu’elle n’arrivait jamais à ouvrir, elle l’entend. Mais tout va trop vite. Elle se précipite, trébuche et se rattrape à la poignée de nouveau bloquée. Qui était-ce ?
Une connaissance ? Une chimère de son inconscience ? Un être cher ? Cette voix. Elle jurerait la connaître. Doucement elle s'assoit de nouveau contre cette maudite porte. Pourquoi lui barrait-elle toujours le chemin. Plus de cris, plus de larmes. Elle le sait bien, c’est une bataille perdu d’avance. Elle ne lui cédera pas l’entrée. A moins que ce ne soit la sortie ? Elle n’a jamais su.
C’est comme ça à chaque fois, mais c’est la première fois que quelque chose y pénètre ainsi. La première fois ? Peut-être pas. Elle réfléchit. Quand était-ce ? Il y a longtemps. Mais qui ? La question se posait, mais la réponse filait entre ses doigts. Maudite mémoire. Un mot sur le bout des lèvres qui se refuse à elle. Un simple nom. Mentalement, elle refait toute les lettres de l’alphabet. Ça c’est facile, mais elle bute. Elle sait. Elle sait. Elle sait. Elle ne veut pas oublier. Pourtant il est trop tard.
C’est une course contre la montre. Les aiguilles tournent en la narguant. Cherche. D’abord les secondes, frêles et fragiles. Obstacle facile. Puis les minutes, coriaces et moqueuses. Elles se jouent de sa patience. Son endurance faiblit. Enfin les heures, mur immense sans prise et glissant. Il est infranchissable. Cette pièce infinie l'oppresse. Elle en a oublié ce qu’elle faisait là.
Elle ferme les yeux.
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Sujet: Nuit (rêves monochromes) 
