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|  Sujet: Recto-verso vierge : page 1 (libre) Dim 10 Juil - 17:37 |
| Au premier coup d’œil, il n’y a rien. Enfin, non. Il y a tout, tout ce qui a fait l’humanité avec ses déviances. Le moindre mouvement fait craquer les souvenirs à la recherche de leurs propriétaires perdus. Des décombres, des ruines, l’abandon, et là, une cabine téléphonique. Sa couleur s’est affadie, ses vitres sont inexistantes, mais elle se tient debout, la porte entrebâillée. Si on s’intéresse plus à elle, on comprend qu’il y a bien longtemps que la ligne a été coupée. Des étagères trouées, parsèment ses cloisons. Des livres, il n’y a plus de trace. Ville fantôme, ou presque. Des ombres se meuvent, survivent envers et malgré tout.
Entre deux pans de murs, en partie effondrés, une silhouette humanoïde. Immobile.
Figé, face à cette étendue sinistre, jachère aux relents putrides d’une humanité foutue. Figé, à peine un mouvement de torse pour une respiration si douloureuse. L’homme, oui, il s’agit bien d’un homme sous cette apparence hirsute, crasseuse et rebutante, reste là, les yeux vides, fixant un point à l’horizon. Comment est-il arrivé ici ? Pas la moindre idée. Est-ce si important ?
Son pied droit s’avance. Nu, noirci, lardés de plaies plus ou moins refermées, il se pose sur le sol entraînant la balance du corps, les gravats écorchant un peu plus le talon traînant. Puis le pied gauche, état identique. Les bras restent, le long du corps, refusant tout mouvement. La démarche est saccadée, mais la volonté, enfin l’instinct de survie, sans faille. |
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| | Sujet: Re: Recto-verso vierge : page 1 (libre) Jeu 14 Juil - 0:01 |
| Elle les avait vus de loin. Ils erraient. Puis disparaissaient, après quelques jours. Une fois que leur propriétaire n'était plus, un no face ne tenait pas longtemps... c'était comme, dans l'ordre naturelle des choses. Mais un no face qui disparaissait par accident, avant son contrôleur ? Illogique, insensé.
Zira, privée de son No face depuis des années, était restée à les observer se perdre dans les gravas : ils finissaient irrémédiablement par tomber face contre terre. Son glock dans sa paume, qu'elle faisait tourner par force d'habitude... elle se remémorait cela... Elle n'en avait repéré que 3, en 7 mois, mais ça la ramenait toujours ici. Elle se demandait ce qui pouvait se passer si elle tirait avant qu'ils ne tombent d'épuisement : auraient-ils un dernier sursaut de survie, foncerait-ils sur elle ?
Elle n'avait jamais rien tenté.
Dans ses divagations, elle eut un sursaut machinal. Perchée sur une stèle arrachée à un quelconque immeuble, sous le souffle passé de l'explosion, le mouvement en contrebas la rappela au présent.
Un fou, un perdu, quelque chose. Quelque chose qui n'avait rien de très humain. Dans cette zone, on trouvait de tout, surtout du pire. Zira se méfiait de ces vagabonds, une chance sur deux qu'ils aient atterri ici après avoir perdu l'esprit.
Très calme, dans un mouvement ample qui déploya sa large cape noire, Zira pointa son arme sur l'homme. A plusieurs mètres l'un de l'autre, le cliquetis de la sécurité s'enclencha au centre du rien. Elle croisa son regard, lui offrit un sourire poli.
Elle resta immobile, les yeux dans les siens. Un bref instant, elle se sentait comme la destinée d'une cause perdue. Elle attendait, de savoir s'il savait encore parler. Certains perdaient l'usage de la parole. Quand d'autres étaient trop dangereux pour qu'on les écoute. |
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| | Sujet: Re: Recto-verso vierge : page 1 (libre) Jeu 14 Juil - 23:57 |
| Imperturbable, tel un mort-vivant, il avance lentement, trébuchant plusieurs fois, mais toujours allant. Il glisse parmi les décombres, louvoie lorsque l’obstacle est trop impraticable. Toujours, il reprend son orientation la corrigeant lorsque nécessaire. Semblant insensible à son environnement, il se fige pourtant soudain. Avant même de la voir, il entend le cliquetis caractéristique d’une arme. Ce bruit, il ne le reconnaît pas en tant que tel, mais quelque chose le somme de s’arrêter. Sa tête dodeline de droite à gauche, de gauche à droite. Il cherche la mise au point. La silhouette d’abord floue, se détache maintenant parfaitement, comme ciselée par un décorateur d’intérieur, enroulée de volutes psychédéliques qui finissent par s’estomper. Il ne réalise pas la portée du geste du second antagoniste, la dangerosité de sa propre situation. L’homme a croisé quelques "semblables" sur sa route, sans avoir de véritables interactions avec eux. Aussi, sa méfiance est-elle là, sans pour autant lui ordonner de fuir, ou pire. Il l’observe et constate qu’elle lui ressemble, aussi, morphologiquement. Pas conscient d’être un humain, il ne se pose pas vraiment la question. Quelque chose flotte autour d’elle, soulevé par un vent taquin et léger. Puis il accroche son regard, le sien restant vide, mais fixe. La barbe qui lui mange le bas du visage, laisse à peine entrevoir ses lèvres alors que faibles sont les mots qui s’en échappent. - À manger… Soif…Un instant surpris par le son de ses propres cordes vocales, il inspire longuement. La litanie s’enclenche sans que jamais le rythme ne s’emballe ou que le ton ne durcisse. Une supplique, alors que sa condition physique est encore excellente. - À manger… Soif…- EDIT :
Ajout d'un paragraphe - Citation :
Il ne réalise pas la portée du geste du second antagoniste, la dangerosité de sa propre situation. L’homme a croisé quelques "semblables" sur sa route, sans avoir de véritables interactions avec eux. Aussi, sa méfiance est-elle là, sans pour autant lui ordonner de fuir, ou pire.
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| | Sujet: Re: Recto-verso vierge : page 1 (libre) Sam 16 Juil - 11:15 |
| Zira n'était pas enfant de coeur. Tous ceux qui l'avaient côtoyée, pour peu qu'ils aient encore leurs deux orbites fonctionnelles, pouvaient attester de ce vide émotionnel à l'égard des hères de cette époque, l'une des preuves de son analgésie étant son incapacité à se rappeler combien de personnes elle avait abattues.
Elle avait ressenti le nombre de fourmis peuplant cette terre, avait adopté la lassitude d'exister au milieu d'elles. Manger de la viande l'écœurait, par exemple. Une bonne viande n'a jamais tué personne... ou rien que des milliers de têtes pour des milliers de ventres gourmands. Et la plus noble des âmes, pour peu qu'elle aime la viande, devenait un petit rouage, une main supplémentaire de ce système. Voyait-elle l'humanité foutue ?
C'est que l'enfer était pavé de bonnes intentions.
Alors elle était devenue un des cerbères de la Triade, mécanique (ou de son point de vue réaliste) et la Triade l'avait jetée une fois défectueuse. Comme on mène un boeuf à l'abattoir. Un rôle terminé, remplacé par un autre, une fonction à la chaine... elle ne pouvait pas dire qu'elle était surprise, c'était le sens logique des choses.
Ce qu'elle voyait devant elle, c'était un boeuf échappé de l'enclos.
Pauvre chose.
L'arme toujours pointée sur lui, elle l'entendit quémander. Son doigt resta sur la gâchette. Qu'il soit un thusien, un païen, un commun, autre chose encore, ses balles étaient en argent, elle ne prenait jamais de risque.
Le mieux serait de le flinguer, tout de suite. Le libérer de sa souffrance. Elle le voyait déjà tomber, une balle entre les deux yeux, les jambes rigides. Une vision qu'elle avait créée, tant, tant de fois. Les sourcils froncés, sa main trembla un peu, chose inhabituelle venant de sa part. Elle resta comme ça, ce qui lui sembla être une éternité.
Finalement, dans un mouvement bref, elle rabaissa son arme. Sans trop savoir pourquoi. Elle se leva comme un chat sur ses gardes, dénoua sa large cape noire, qu'elle roula en boule pour la lui jeter au loin.
"Dans les poches de ma cape, une gourde et une barre de céréales, prends-les" lui dit-elle. De facto, pour voir comment il réagirait, s'il saurait la comprendre : Zira avait toujours appris à tâter le terrain. En revanche, elle ne savait pas du tout pourquoi elle se comportait comme elle le faisait maintenant. |
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| | Sujet: Re: Recto-verso vierge : page 1 (libre) Mer 27 Juil - 16:41 |
| En face de lui, l’humaine reste immobile. Une humaine, c’est ça… Que sait-il à propos de cette espèce ? La sienne d’ailleurs… Peut se révéler dangereux. Destructeur, mais aussi sauveur. Envahissant aussi… Il creuse plus, les souvenirs redeviennent insaisissables, son ressentit est mitigé. Soit, il doit alors continuer, mais ses pieds semblent englués dans le sol. Sa mémoire si ténue ne semble nullement l'inquiéter.
Enfin, elle bouge. Ses propres réflexes ? Le païen est bien loin d’être aussi vivace qu’elle. La destinée semble le cajoler pourtant, car ce n’est pas la mort qu’elle lui offre. Néanmoins tendu, il observe ses mouvements dont il ne saisit pas le sens immédiatement. Une boule sombre roule vers lui dans un chuintement qui l’hypnotise quelques secondes. Sa voix le ramène à la réalité. Neutre. Ok.
"Dans les poches de ma cape, une gourde et une barre de céréales, prends-les"
Il s’accroupit, lentement, la gardant dans son champ de vision. Puis finalement, toute son attention se porte sur la sphère inégale à ses pieds. Son bras droit se tend, il effleure le tissu et recule brusquement sa main. Rien. L’homme recommence, attrapant la cape pour la lâcher un peu plus loin. Comme un animal, avec quelque chose de nouveau. Nul danger, ses mains fouillent le tissu et en ressortent les précieux sésames. Ses réflexes primaires, ancrés si profondément, entrent en jeu alors qu’il détaille un instant la barre de céréales. La gourde aura la priorité et après s’être débattu un instant avec, il se désaltère enfin, lentement. Un tour d’horizon plus tard, il s’assied dos à une paroi dont on ne sait si ce fut le pan d’une demeure ou autre. La gourde contient encore de l’eau. C’est maintenant la barre de céréales qui est l’objet de toutes les convoitises. Le plastique est déchiré avec les dents et l’homme ferme les yeux. La fragrance envoûtante et si alléchante le submerge alors qu’il entame sa première bouchée. Là encore, il prend son temps, malgré la faim qui le tenaille. Ses sens en éveil, guettent les moindres signes de danger.
Elle est toujours là, perchée, à l’observer. L’encas est terminé, il a toujours faim, mais les crampes s’assagiront un instant. De nouveau, debout, il la fixe. Sa voix est rauque, sa gorge moins douloureuse.
- ... Merci ...
Dans sa main gauche qu’il extirpe lentement d’une poche informe, un petit rectangle en plastique. Il ne connaît pas cet objet, n’a nulle idée de son utilité. Au gré de son errance, il avait été amené à dépouiller des corps, fouiller dans des poubelles. Cet objet lisse et froid lui avait plu, aussi l’avait-il gardé. Il le dépose au sol puis recule de quelques pas. Si l’on se penche un peu plus près, c’est une carte. Emblème de la triade. Probablement muni d’une puce. |
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| | Sujet: Re: Recto-verso vierge : page 1 (libre) Ven 12 Aoû - 12:23 |
| Zira suivit le moindre de ses mouvements comme elle l'aurait fait face à un chien sauvage.
merci
qu'il lui dit, mais zira ne tempèra aucune réaction. Debout, elle resta impavide.
Soudain, elle le vit fouiller dans sa poche. Vive, réflexe acquis par l'expérience, elle redressa son arme sur lui. Le canon visa sa tête.
Avec la magie, il fallait s'attendre a tout. Il pouvait être un mirage. Ou un lambda manipulé par quelqu'un d'autre. On était jamais certain, avec la magie.
Pretre à ne prendre aucun risque, à tirer, ce qui l'en empêcha, c'est le logo qu'elle aperçut sur la petite carte que l'homme lui déposa sagement comme une offrande de paix.
Pour la première fois, elle perdit son assurance. Elle lui lança un regard troublé, en revint à la carte... Sans quitter sa posture, arme au poing, elle alla ramasser la carte, la mania entre ses doigts libres, comme pour s'assurer de son authenticité. Un souffle, début de question franchit ses lèvres...
Où as tu....
Puis elle se tut, consciente de la vacuité de sa question. Elle detailla l'objet, qui lui sembla inestimable... la croix rouge luisait sur la matière lisse du plastique dur. Elle baissa définitivement son arme, sécurité enclenchée.
Pendant qu'elle passait un doigt sur la puce de la carte, elle parla, plus pour elle-même:
Les no faces préfèrent la nuit pour se nourrir C'est quand les dotés dorment qu'ils ont plus le plus d'énergie..
*mais toi, est-ce que tu es seulement un informé ?
ou aurais-tu perdu la foi ?*
Finalement elle rangea la carte dans la poche de son pantalon, en revint à lui.
Veux tu partir d'ici ? Je peux t'emmener ailleurs.
Une légère bourrasque de vent agita ses cheveux devant ses yeux tandis qu'elle attendait, lui laissait le choix, au milieu de ce champ de ruines : une zone désolée plus calme que son monde à elle. |
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| | Sujet: Re: Recto-verso vierge : page 1 (libre) Lun 15 Aoû - 11:53 |
| De nouveau, le bout de métal pointe son front. Il n’a pas le temps de prendre peur. L’homme note le changement d’attitude de la femme face à lui, par réflexe, il ne sait trop quelle conclusion en tirer. L’offrande lui a t’elle plu ? Probablement. Ce qu’elle marmonne lui parvient très bien, toutefois, il n’en saisit pas le sens.
La suite lui parle néanmoins. Elle lui propose un autre chemin que le sien. Il hésite, sentant que quelque chose lui échappe, mais il est épuisé. Elle, non. Le vent porte des messages. Elle sent bon, ses vêtements sont propres. Forcément, elle doit posséder une cache sûre. Son corps lui hurle alors son besoin de repos, de sécurité, il n’ira pas loin sans cela.
Il tait les questionnements sur le but de son errance, étouffe cette douleur dans ses entrailles qui est trop bavarde. Un choix à faire, il obtempère et nourrit son instinct de survie.
- Ok.
La loque humaine bouge lentement vers elle, gardant une certaine distance. |
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| | Sujet: Re: Recto-verso vierge : page 1 (libre) Mar 16 Aoû - 20:12 |
| Pourquoi elle se comportait de la sorte ? Zira n'en savait rien. Mais ça lui tenait lieu d'occupation. Depuis ces semaines, elle se morfondait dans des tâches qui l'enracinaient.
Enfin, quelque chose de totalement hasardeux survenait.
D'un pas rapide, elle ramassa sa cape, la passa autour des épaules de l'homme sans se formaliser.
Il serait dommageable que sitôt sur le départ il lui claque entre les pattes.
Rattrapant un cure dent au fond de la poche de son jean, elle lui fit signe de la suivre.
Zira était habituée aux missions, il suffisait de le voir comme une mission de plus qui ne servait à rien. Après tout- combien de missions lui avaient servi, personnellement parlant ? Aucune : si ce n'était, qu'elles l'avaient détachée de sa propre identité, petit à petit. Eliminer des cibles pour le compte de la Triade. Les noms... elle ne s'en souvenaient plus. Les visages, eux, s'ancraient, contre son grès.
Elle dépassa des gravats, mâchonnant son cure dents, zigzaguant entre les obstacles à pas rapide, sans courir: les mains dans les poches, comme un corbeau sans ailes.
Par des mouvements du menton, elle envoyait voler les morceaux de ferrailles, autres métaux qui entravaient leur marche tandis que, au loin, les lumières du quartier Sud se dessinaient, comme un mirage...
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Le plus fastidieux fut de ne pas se frotter au courant électrique de la grande barrière : son pouvoir avait tordu les barreaux dans un sens, puis dans un autre : après qu'ils fussent passés, elle les scinda de nouveau.
Son pouvoir l'avait rendue allègre, détachée. Sur la zone qui jouxtait le no mans'land à Londres, il n'y avait que d'éparses et pauvres immeubles gris sans lumière : une absence de vie, dans la nuit, qui ne donnait guère l'impression qu'ils avaient tant quitté les débris.
Assurée, Zira toqua à la porte du second bâtiment. L'on tarda manifestement à ouvrir, trop. Perdant patience, Zira envoya un brusque et violent coup de pied à la porte en fer - son pouvoir l'aida pour beaucoup. Celle-ci s'ouvrit dans un tremblement terrible, sur de rares têtes moribondes qui sursautèrent : c'était ici un bar comme on souhaitait peu en côtoyer. Le gérant ne tarda pas à rappliquer, d'abord en colère.
Mais, quand il la reconnut, il devint nettement plus conciliant.
"Oh... Oh bonsoir..." dit-il, avec grande révérence.
Le bonhomme costaud qu'il était avait perdu ses couleurs. Zira ne lui répondit pas : de sa démarche aux larges foulées, elle se dirigea déjà vers la table la plus au fond, celle la plus baignée d'ombre. C'était assez étrange de ne pas détacher sa cape - pensa-t-elle- elle avait toujours pour manie de la porter. Le gérant s'approcha vite.
"C'est pour manger ?" chuchota-t-il précipitamment
"Pou lui, servez-lui quelque chose de consistant. Puis il prendra ma chambre. De l'eau chaude, vous en avez ?" dit-elle
Le gérant parut désarçonné. Il coula un regard vers l'homme en piteux état. C'est que jamais Zira n'avait loué une chambre à quiconque
"Euh... oui, oui bien sûr."
Zira soupira, se massant le front : elle lui fit signe de partir "Oust oust Pfft !" d'un mouvement impatient de la main, car son expression débonnaire commençait à l'irriter. Le gérant ne demanda pas son reste. Il fila vite, baissant les yeux au moment de passer devant le pauvre hère aux allures de SDF, comme s'il craignait d'être brûlé par son regard.
Zira allongea allégrement ses jambes, le talon de ses bottes contre le sol de pierre froide. Elle regarda le naufragé du no man's land encore pied nus, sans rien dire: elle était inconsciente du lieu, et des quelques badauds autour : comme bien souvent : peut-être car elle savait déjà comment on la regardait. |
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| | Sujet: Re: Recto-verso vierge : page 1 (libre) Lun 22 Aoû - 15:55 |
| L’homme l’observe sans bouger alors qu’elle passe le voile sur ses épaules. Il reste un moment interdit, incapable de comprendre le sens de ce geste, et pourtant… Déjà, elle file, alors naturellement, son sillage devient son chemin. Il presse l’allure, cette file indienne, même s’ils ne sont que deux, ça le rassure quelque peu. Comme une sensation familière, presque un instinct. Le paysage se meut soudain autour d’eux et rapidement, il fait le lien. C’est elle. Soit. Au cours de son errance et dans les vapeurs qui nappent son cerveau, il sait. Ses congénères, du moins certains, sont magiques. Mais c’est secret. Alors, il ne relève pas, se contentant de ne pas la retarder. Déjà, d’autres bâtiments délabrés se dressent à l’horizon. Toujours le même paysage…
** ** ** ** ** **
Ils n’ont pas échangé un mot pendant le trajet et ça lui convient. Il écoute, sent et observe. Son pouvoir toujours actif colore ses visions, leur donne une touche psychédélique, surréaliste, mais il baigne dedans depuis… Il ne le sait à vrai dire. Il s’en accommode, c’est tout. L’effet est même satisfaisant, l’information en continu.
Un rictus fait frémir sa barbe alors que la porte de métal ploie devant sa semblable d’apparence frêle. Ils sont d’ailleurs rapidement reçus et la volte-face du chef des lieux est assez saisissante. En position de force, c’est une bonne chose, aussi plonge-t-il à son tour dans cette place malfamée. Un soupir accompagne son affaissement sur une banquette miteuse. Le coin est parfaitement choisi, même lui est dos à un mur et peut, d’un simple regard, embrasser toute la scène.
L’homme évite soigneusement de le regarder, il en prend note. Fuyant. Pas bon. Enfin, ils sont seuls, malgré les regards qu’on leur coule. L’unique examen, qui l’intéresse s’attarde aussi sur lui.
- Chez toi ?
Sa gorge se rappelle à lui, malgré le faible filet de voix. Trop d'efforts d'un coup, elle a pourtant éveillé son intérêt. |
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| | Sujet: Re: Recto-verso vierge : page 1 (libre) Sam 27 Aoû - 22:30 |
| Elle s'adossa à la chaise, lui sourit avec amusement. A côté, les regards furtifs étaient barbants. Si ça ne tenait qu'à elle, Zira aurait ressorti son glock, elle les aurait canardés : bam bam, une, deux, trois fois.
Quelle importance ?
Après tout, qu'est-ce que cette plèbe pouvait bien apporter à ce monde ?
L'homme esseulé, par contre, elle le trouvait plus intéressant que le reste de ces guignols. Il était comme à part.
Chez toi ?
Elle resta songeuse. Elle n'avait plus de chez elle, depuis longtemps. Malgré tout elle lui répondit.
"C'est chez toi, ce soir."
Finalement on apporta une viande copieuse à l'homme, avec des pommes de terre chaudes. Zira l'observa calmement, lui fit signe du menton de manger.
"Tu te souviens d'où tu viens ?" finit-elle par dire. Un homme comme ça, il avait dû essuyer la misère morale. Elle s'accouda à la table, reposa son menton contre sa paume, le contemplant à mesure qu'elle lui proposait de reprendre des forces.
Zira ne s'était plus comportée comme ça envers un être humain depuis très longtemps. |
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| | Sujet: Re: Recto-verso vierge : page 1 (libre) Mer 21 Sep - 21:07 |
| -Ok. Merci.
Chez lui, pour un soir. Soit. Son attention est rapidement saisie par l’assiette déposée. Il hume longuement, laissant les saveurs emplir son être puis coule un regard sur sa congénère. Avec son accord, il attaque sans plus de cérémonie. Si d’abord, il se contient, rapidement son instinct reprend le dessus et il dévore. Satisfait, il se masse la nuque et esquisse un semblant de sourire.
« Tu te souviens d’où tu viens ? »
- Non… C’est grave ? Questionne-t-il d'un ton presque enfantin.
Sa mémoire est un champ nu. Pas de vent, pas de végétation, pas de vie. Devait-il en être autrement ? Probablement.
- Comment tu t’appelles ?
Et lui d’ailleurs ? Pas la moindre idée, mais est-ce si gênant ? Pourquoi tout ce vide ne l’affole pas plus… Se calant contre le mur, son regard parcourt la pièce, lentement. |
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| | Sujet: Re: Recto-verso vierge : page 1 (libre) Jeu 22 Sep - 18:50 |
| Est-ce que c'était grave ? Elle hocha de la tête pour dire "non", toujours accoudée à la table, menton appuyé dans sa main . Elle l'avait regardé manger tout du long : ayant pour sa part oublié le plaisir de la nourriture elle s'était un peu fascinée de son bonheur simple.
- Comment tu t’appelles ?
Restant un petit moment silencieuse, dans ses reflexions, elle cessa de s'appuyer à la table, lentement redressée contre sa chaise, répondit :
"Je m'appelle le cerbère. Je déniche les derniers vivants et leur fait traverser la rive de l'au delà. Tu as une barque avec toi ? Sans barque, tu es condamné à rester ici pour toujours."
Elle lui lança un regard éloquent, faussement grave. Le baratiner pour mesurer son niveau de démence, et aussi parce que ça l'amusait. A côté, un vieux borgne les lorgnait depuis le début, il marmonna quelque chose d'intelligible.
"Tu as un problème vieux lascard ?" demanda Zira d'une voix forte, tournant sa tête vers lui
Il haussa des épaules, sa barbe longue jusqu'au poitrail.
".... déjà qu'il a plus d'meute. T'peux pas savoir c'que ça fait... sois pas cruelle..." et le reste de ses mots retourna à des marmonnements rapides, avant qu'il n'enfourne une patate chaude dans sa bouche. Fronçant des sourcils, Zira se réadossa. Elle tendit sa main vers ce qui était manifestement un loup.
"Mon nom, Zira."
Ses yeux courraient sur le visage de l'homme, comme pour y décrypter un livre chargé d'un dialecte inconnu.
"Demain je vais repartir. Il faut que tu me dises ce que tu peux bien faire. Je n'emmène pas des bons à rien. Tu es utile à quoi ?"
Son refus, elle le comprendrait : il vivoterait dans cette torpeur noire et limitrophe aux déchets. Zira savait donner sa chance, mais la vie lui avait donné une leçon : les gens ne pensaient qu'à leur cul. Trop déçue et écoeurée par le genre humain, elle ne les voyait donc, le plus souvent, que comme des facteurs, ou des outils. |
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| | Sujet: Re: Recto-verso vierge : page 1 (libre) Mer 19 Oct - 21:03 |
| L’homme la fixe à son tour, ses paroles ne trouvant guère de sens en lui. Sa bouche s’ouvre, mais il n’a pas le temps de prononcer un mot. La curiosité de sa congénère a mué en irritation pour un vieil homme. Meute… Son cœur a un battement plus fort puis tout redevient normal. Sa tête se penche sur le côté, alors qu’il dévisage l’inconnu et il lui offre un sourire franc. Il aime bien sa grande barbe.
« Mon nom, Zira. »
De nouveau, elle capte son attention et d’un geste machinal, il serre sa main en répétant son nom. Zira. Déjà oubliée, l’intervention de l’aïeul. Instinctivement, il se raidit quand elle lui révéle son objectif futur. Partir, elle allait partir ? La panique le submerge un instant, tirant ses traits et ses mâchoires se contractent.
« Je n’emmène pas des bons à rien. Tu es utile à quoi ? »
- Je ne sais pas, mais je ne veux pas rester seul. Je viens avec toi.
Tant de mots d'un coup. Ses yeux accrochés aux siens, son souffle s’est suspendu. Seul, encore… Non. Il la suivra, si nécessaire. Elle est la première à lui témoigner un peu d'attention depuis longtemps. Enfin longtemps, difficile de le mettre en perspective. |
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| | Sujet: Re: Recto-verso vierge : page 1 (libre) Jeu 3 Nov - 22:38 |
| La callosité de sa main lui fit un effet doux et rugueux à la fois, comme si soumise aux frottements et au froid sa peau s'était suffisamment érodée pour devenir lisse.
Le visage sans la moindre expression, si ce n'est un léger froncement de sourcils, Zira resta adossée à la chaise en silence. Autour, les raclements des couverts, des chaises, s'accrochaient aux chuchotements et bruits inlassables de mastication.
Dans la matrice de ses valeurs sures, Zira ne faisait aucune exception.
"Tu auras faim, soif, et froid. Tu n'auras pas d'argent, et moi je ne me coltine pas un boute-en-train."
En temps normal, elle serait déjà partie. En temps normal, elle aurait vu cet homme, s'en serait détournée comme on voit un papillon de nuit qui a passé la majeure partie de sa vie à ramper : puis après la fulgurance éphemère de ses ailes déployées sur quelques journées courtes, elle l'aurait regardé retomber à la manière d'une feuille morte de l'automne.
Mais ici, elle hésita un court instant, avant de se pencher vers lui.
"Trouve en quoi tu es utile. Je te laisse jusqu'à demain matin." Sa voix n'était qu'un constat, sans menace.
Elle se releva après quoi. Se détournant de lui, elle traversa le bar lugubre sans même lever les yeux du sol. Subitement, elle parut remarquer un détail pratique: elle diminua l'allure, telle une marionnette au mécanisme ralenti, releva les yeux vers le tavernier qui l'observait depuis son bar.
"Et des vêtements, mettez lui des vêtements propres dans la chambre, rajoutez-le sur ma note."
Il n'eut pas le temps de répondre que Zira s'en alla déjà, claquant la porte derrière elle. A son départ, les quelques clients, dégagés de la menace de Zira - en l'image non pas d'elle même, mais de ceux pour lesquels elle travaillait- tournèrent alors leur tête vers l'homme aux vêtements de pleutres : celui-ci, en dépit de la décrépitude du lieu, donnait l'air plus décrépi encore - tel un naufragé d'une île déserte de retour dans un port de pêcheurs miséreux.
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| | | | quand tu lances un bâton, et que c'est de la dynamite Carte IDMétier: Page blancheTalents/Pouvoirs: Faction :
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| | Sujet: Re: Recto-verso vierge : page 1 (libre) Ven 11 Aoû - 15:17 |
| La chaleur de sa main est encore au creux de la sienne, serrée comme pour la retenir. Il occulte certaines visions pour ne se concentrer que sur celles, la concernant.
- Tu auras faim, soif, et froid. Tu n'auras pas d'argent, et moi, je ne me coltine pas un boute-en-train.
Il saisit le sens global de la phrase et ne s’émeut guère des premiers termes. Le froid, la faim, la soif sont des compagnes fidèles, mais ce sentiment de panique, à nouveau, il n’aime pas. Utile, utile. Sa mémoire finit par céder, lui révélant le sens de ce mot. Il trouvera, après tout, il erre depuis si longtemps. N’est-ce pas déjà très utile ? Sa tête acquiesce avec presque trop d’empressement. Demain. Demain, il la suivra. Ses mâchoires se contractent alors qu’elle disparaît au-dehors, mais elle l’a dit. Demain, demain, elle sera là.
Un instant perdu, son assiette vide devant lui, un long soupir l’allège quelque peu. Le vieillard de tout à l’heure lui fait signe de venir le rejoindre. Son instinct le pousse vers lui, alors il se lève et avance douloureusement. Son chemin devient brusquement plus sombre, alors qu’une main se pose sur son épaule. Conscient de la précarité de sa vie, bien que de marbre devant ce mot, ses réflexes entrent en jeu. Ni une ni deux, l’homme qui osa poser sa main sur lui, roula sur son dos pour aller s’écraser sur un autre protagoniste. Le temps sembla se suspendre alors que le silence écrasait les lieux. Quelque chose clochait, personne ne s’était attendu à ce qu’une telle misère possède une force pareille.
- Attends voir !
Un bruit de verre qui se brise et bientôt face à lui deux tessons de bouteille pointent. Sa réaction est immédiate et en quelques secondes les deux attaquants se retrouvent au sol, étrangement sans aucune blessure, mais K.O.. Le vieillard se lève, grimaçant.
- Foutez-lui la paix !
L’homme hirsute le regarde, le jauge puis lui accorde sa confiance.
- Allez, viens. Laisse ses imbéciles, ils ont compris la leçon.
Effectivement, maintenant, on se tient à une distance respectueuse de païen oublié. Lui il reste un moment suspendu. C'est lui qui vient de faire ça ? Comme ça ? C'est utile ça non ? Il soupire, soulagé. Les deux hommes s’approchent du comptoir pour être aussitôt servis. Ni une ni deux, ils s’engouffrent à l’étage. Le vieillard le précède dans la chambre et voyant bien son hésitation, le fait asseoir.
- On va d’abord te rendre un peu plus présentable.
Il trouve de quoi lui couper les cheveux et tailler un peu la barbe. Comme à un enfant, il prend le temps de lui expliquer et soupire de voir le païen accepter son aide. Le constat est effarant, il est rempli de parasites. Cheveux et tissus seront soigneusement détruits.
- File sous la douche et commence à te laver. Je reviens.
L’homme obtempère et sursaute en sentant l’eau sur sa peau nue. Doucement, la température monte et il reste un moment sans rien faire, profitant de l’instant. Le vieillard est revenu avec de quoi le déparasiter et frappe à la cloison de la salle de bain.
- Tu t’en sors ?
- Oui
- Quand tu auras fini de te laver, mets ce produit dans tes cheveux et enduis-toi aussi le corps. Il faudra laisser reposer environ dix minutes. Enfin, je te dirai quand ce sera bon.
Le bidon, légèrement crasseux est déposé sur le sol. Le païen se lève enfin. Quand il sort de la pièce, il est métamorphosé, mais son corps maigre et sec le trahit. Une errance certes, mais un passif qui lui vaut une musculature encore bien présente.
- C’est mieux. Viens que je réarrange tes cheveux et ta barbe.
Il se laisse faire, appréciant que l’on s’occupe de lui et rêvant brièvement à d’autres mains.
- Merci. Comme tu t’appelles ?
- Nahuel
- Merci Nahuel
Le païen scande son nom avec un plaisir certain, prenant garde de le prononcer correctement. Déclenchant un sourire sur le visage buriné de l’homme.
- Et toi ?
- Je ne sais pas
- Je vois, alors il faudra que tu en choisisses un.
- D'accord
Il n’en a aucune idée, là tout de suite. Le vieillard lui tend des habits plus récents dans lesquels il se glisse avec un soupir d’aise. Puis les deux hommes discutent longuement et Nahuel se désole de l’état du païen. Alors il lui raconte l’histoire de leur monde, aussi simplement que possible. Plus tard dans la nuit, après qu’il ait soupé une seconde fois, le vieil homme s’est assuré de lui faire ingurgité des vermifuges et acceptant la demande du païen, il resta à ses côtés pour le reste de la nuit, la porte soigneusement fermée. |
| | | | lame gillette discount Carte IDMétier: mayééécécomplikésergentTalents/Pouvoirs: Faction :
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| | Sujet: Re: Recto-verso vierge : page 1 (libre) Mar 26 Déc - 0:07 |
| -c'était quoi l'intérêt ?
Elle ne répondit pas. Il la regarda encore, longtemps, comme s'il doutait de l'identité de la femme qu'il avait sous ses yeux. Un rire sidéré traversa sa bouche.
-tu l'as sauvé ?!
-je lui ai apporté un coup de pouce rectifia-t-elle doucement (peut-être parce que le concept de l'avoir sauvé, du moins d'en accepter l'idée, l'énervait prodigieusement)
-un coup de pouce ! qu'il répéta
Elle lui lança un regard noir. L'homme barbu croisa ses bras, jura en polonais. Il se donna le temps de réfléchir. Il fallait dire que c'était la première fois que Zira apportait son aide envers un autre être vivant. En l'absence de Barkok, il se chargeait d'organiser la vie au sein de ce nid de frelons... et pour cette fois, il aurait préféré être ailleurs, à casser des jambes ou des gueules.
- et qu'est-ce qu'il sait faire ?
- c'est un païen
- qu'est-ce qu'il sait faire, Zira. Je m'en touche les burnes qu'il soit un bon toutou, et j'ai pas le temps ni la patience de dresser un animal. Tu es sûre qu'il est stable au moins ? Qu'il risque pas de se transformer si on lui sert des légumes en vapeur ?
Elle ouvrit la bouche, la referma. Devant son sourire entendu, Zira finit par se lever de sa chaise, sous un mouvement de cape comme elle en avait l'étrange talent. Elle fouilla dans sa poche pour en rattraper ses gants qu'elle enfila
- laisse tomber... murmura-t-elle.
Avant qu'il puisse lui répondre, elle quitta la pièce, claquant fort la porte derrière elle. Elle descendit l'escalier, à peu près au même moment où un confrère, du sobriquet de Zepo, montait à son tour.
"- Ah bah Zira ! T'as l'air en forme en c'moment ! Plus.. humaine ?"
Elle le bouscula d'un coup d'épaule, vivement en colère, proprement incapable à présent de passer son second gant... pour la troisième fois !
Elle ignora le rire de l'autre, plus occupée à réfléchir en même temps à organiser son temps : il lui faudrait regagner son logement, fouiller dans sa planque pour en retrouver ses économies... peut-être que depuis ce temps passé plus aucun agent ne s'enquérait de savoir qu'une contrôleuse sans no face avait survécu. Elle n'était plus rien, plus personne après tout.
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Elle fulminait, intérieurement, Zira était en proie à une agitation qui avait eu le temps de macérer, depuis son départ de la planque mafieuse jusqu'à son arrivée à la bordure morte de la ville. Le bar était toujours là, fidèle à son enseigne fatiguée et particulièrement déprimante, l'horizon y marquait un premier trait de lumière orange naissante - un instant, Zira pensa que même dans un film il aurait été difficile de produire aussi bien une bicoque de fin de parcours, comme si celle-ci délimitait le début d'une fin du monde - sacré paradoxe.
Parce qu'elle en avait l'envie, et le droit, elle ouvrit la porte en foutant un coup de pied dedans. Le bruit fit manifestement sursauter deux poivrots qui s'étaient endormis sur les tables.
Personne n'était au bar, l'endroit était désert de tout accueil.
Zira ne s'en formalisa pas. Déjà, elle grimpa les marches au bois pourri qui protestèrent dans un grincement. Sous un coup vif du poing, elle ouvrit une à une les portes : deux étaient verrouillées, la troisième vide. A la quatrième, elle se figea.
Ses yeux se posèrent sur les individus. Un vieillard, et doucement elle se souvint de sa présence dans le bar, la nuit dernière. L'autre homme, il lui fallut un moment plus long avant de comprendre qu'il s'agissait de l'homme qu'elle cherchait.
Elle ne dit rien, un peu décontenancée (il fallait bien l'avouer). Peut-être encore trop irritée, aussi. Et peut-être aussi car elle attendait, au fond, une preuve concrète de sa part : qu'il s'était extirpé de sa torpeur d'amnésique, qu'il avait fait son choix à présent
Partir avec elle, ou rester ici, à la frontière des enfers.
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