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tic toc tic toc ! Carte IDMétier: DétectiveTalents/Pouvoirs: Faction :
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| Sujet: La clé (PV) Mer 20 Juil - 19:04 |
| Son bureau n'était pas grand, à dire vrai c'était le plus petit des trois... pour les deux autres locaux, leur prédécesseur avait rendu les clés. Clare aurait dû s'atteler à du démarchage, depuis qu'elle avait racheté la société en dépot de bilan, or elle se sentait bien ainsi. Dans ce vide ambiant, elle avait trouvé l'abandon des lieux enchanteur. Lors de sa pramière venue, avec beaucoup de respect, elle avait posé sa main gantée sur le dormant de la porte, pendant que les deux personnes déplacées par Ligma (une agent immobilier et un officier ) en étaient venus à lui rappeler les détails de leur arrangement respectif (des clauses et des détails d'une alliance entre son cabinet et Ligma... une longue ébauche contractuelle...)elle ne les avait écoutés qu'à moitié -elle avait déjà passé de longues nuits à consulter toutes les modalités- plus attirée par ce que ce bureau, celui-ci en particulier, lui racontait.
Il avait dû s'y dérouler de nombreux évènements, des rendez-vous par milliers. Aujourd'hui n'y restait qu'une carcasse en chêne noir, comme la coque vide d'un bateau qui a sacrifié sa carlingue sous le poids des cargaisons, le fouet des vagues, et qu'on remerciait dans un coin de récif mort..
"- Je le prends"
Ils s'étaient retournés vers elle, la femme toujours son calepin à la main - en voyant l'état des lieux, celle-ci avait comme été sûre du refus de la détective, les locaux étaient vetustes, mais surtout l'immeuble transpirait le vieux, on était très loin des cabinets aux murs repeints, au sol stratifié, aux fenêtres insonorisés, et ne parlons pas des normes techniques en vigueur...
"- Vous êtes sûre ?"
Clare avait levé le nez vers le plafond : des toiles d'araignée, des poutres en bois qui avaient accumulé une couche de poussière si impressionante qu'on aurait dit un drap gris posé là.
- Cela est parfait... Elle avait rabaissé ses yeux sur eux, tout sourire, et leur avait alors tendu la main avec entrain, tandis qu'ils la regardaient comme deux poissons hors de l'eau.
- Bien ! Convenons donc du second rendez-vous ! Qu'ai-je à signer ?
Oui... c'eut été, en somme, un très bon investissement. Elle avait presque attendu l'heure fatidique où "quelque chose" arriverait. Cette léthargie de la Triade ne ressemblait pas à l'organisation. Sa puce désactivée, mais son nom trouvable sur les pages de Ligma, elle n'était pas si invisible, peut être aux yeux des citoyens, certes, mais pas pour les dirigeants... Pourtant, rien. Il devait y avoir une raison, il y en avait toujours une. Comme un vif rappel douloureux, assise à son bureau, Clare sentit immédiatement une migraine lui reprendre. D'un geste brouillon, elle rattrapa son flacon de potion. Elle en ingéra la bonne moitié, sous une grimace de douleur. Puis, elle se laissa aller en arrière un peu mieux, sur son siège en sky marron déjà effrité, dans un soupir contrit. Son cerveau lui faisait payer les ellipses qu'elle lui infligeait. A chaque égarement, il cherchait à récoler les pièces. Alors, Clare enfonçait tout cela sous ce liquide opiacé, rouge sang, qu'elle avait pris l'habitude d'avaler chaque jour.
D'un mouvement plus expert, elle remit le flacon dans la poche de sa veste. Elle resta assise de la sorte, seule, dans ce cabinet où il n'y avait absolument personne. En dehors d'une commode de rangements pour des dossiers, d' une machine à café, et de son propre bureau, tout était absent... Ca n'avait pas l'air de la déranger. Plus tranquille, elle divaguait sur des questions qui ne puisaient pas dans le passé. Dans la pénombre de la journée déclinante, sans aucune lumière d'allumée, on aurait pu la comparer à un étrange capitaine, comme touché par une malédiction qui l'empêchait de mourir, mais depuis longtemps entrainé aux fonds de l'océan, car ayant pour toujours refusé d'abandonner son épave. |
| | | le sommeil qui se louve Carte IDMétier: fugitifTalents/Pouvoirs: Âge du personnage : 30 ans
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| Sujet: Re: La clé (PV) Jeu 21 Juil - 22:34 |
| ________________________________________ - Salut ... Oui, ça va ... attends, Il ne passait pas une journée sans qu'il ne repense aux termes les plus évocateurs qu'il avait interceptés : ressource inespérée, réinitialisation, stratégie de prévention. Tout arrivait beaucoup trop vite. Ils avaient tout planifié. Fang ne savait rien des détails, car la Triade employait un langage codé, mais quel que soit le sort réservé à la communauté, le sien serait pire si on faisait le lien entre lui et Xya. Ca pouvait être n'importe quand. Sur une clé usb, il sauvegardait depuis un an toutes sortes de documents : des plans de bâtiments ou de quartiers, les photos de ses différents avatars et toutes les informations disponibles les concernant. Il y avait notamment de nombreux enregistrements de ces personnes (greffiers, secrétaires, archivistes, ...) qui lui avaient permis de se fondre dans leurs rôles au cours des différentes missions qu'il avait effectuées. Il faisait face à un dilemme car il ne se résolvait pas à l'idée de détruire ces documents : il redoutait d'être effacé, et il tenait à conserver le plus de ressources possibles, quelque part, pour s'en relever. En quelques jours, il y avait ajouté des listes de dates et d'évènements importants, des noms, des lieux, des habitudes qu'il avait, les mesures qu'il avait prises, tout, tout ce qu'il savait. - Je vais devoir annuler pour ce week end, j'ai un truc à faire. Jusqu'à ce qu'il trouve une meilleure solution, il porterait la clé en permanence autour du cou. Finalement il ne possédait pas grand chose d'autre. Des vêtements correspondant au dress code de Xya, et qu'il ne mettrait plus. Un peu plus de mille livres en liquide, et beaucoup plus en cryptomonnaie, mais il avait très bien compris qu'il ne pourrait pas compter là dessus lorsque la Triade aurait de nouveau le contrôle. Il voulait limiter les risques. Il avait très vite fait marcher l'ensemble de ses contacts ouvriers pour se procurer avant l'incident tout ce dont il prévoyait d'avoir besoin : le nécessaire minimaliste pour voyager léger, et un an de loyer pour la sous-location d'un garage dans lequel il entreposa toutes sortes de consommables, qu'on pouvait encore trouver à l'est, moyennant un tarif de circonstance. Pour le reste, il n'avait pas vraiment le temps de se familiariser avec le meilleur moyen d'investir en toute discrétion, et fit selon ce qu'on lui proposa : il entassa alors dans son local toutes sortes de biens de valeur plus ou moins élevée. Les prix d'achat n'étaient pas intéressants ; mais ça lui permettrait de ne pas tirer un trait sur la totalité de son argent. _ _ _ _ _ - Je serai pas joignable pendant quelques temps, mais on verra après, ok ? Oui, c'est ça, je te rappelle. Il eut un léger pincement au coeur, vite effacé quand ses yeux parcoururent l'appartement qu'il avait totalement vidé. Il ne restait que son sac, prêt à partir. - Ouai. Prends soin de toi, (il hésita quelques secondes) ; Bye ! Il raccrocha le petit téléphone pré-payé et en délogea la batterie, avant de le casser en deux et de fourrer les morceaux dans son sac. ________________________________________ Il aurait pu soudoyer la bonne personne au bon endroit pour obtenir quelques informations, et laisser l'errance et l'intuition le porter jusqu'à sa chance. Il aurait pu se faire passer pour un agent des services postaux et trier du courrier jusqu'à tomber sur le bon nom et la bonne adresse ? Prendre l'apparence de n'importe qui était un jeu d'enfant, mais mieux valait savoir ce qu'on voulait, puis choisir la bonne cible, celle qui demanderait le moins d'effort, ensuite il suffisait de créer une situation propice. Demander un stylo, échanger de la monnaie, ou simplement accrocher la main d'un passant qui se retournerait choqué pour ne voir qu'une silhouette furtive s'effacer dans la foule ou au coin d'une rue. La manière dont il s'y est pris a finalement peu d'importance. Fang est le genre de personne dont les moments de crise décuplent les possibilités. Depuis qu'on l'a renvoyé chez lui après son débriefing, il a rentabilisé son temps restant dans le projet de faire exister ce moment précis. Et le fait est qu'il se trouve là, maintenant, au bon endroit. Les locaux sont vétustes, à l'image de cet oiseau étrange qui a le don de nicher dans des endroits miteux que plus personne ne veut. Fang, ça ne l'étonne même pas, pour le peu qu'il se fait la remarque, car il s'en fiche éperdument. Il n'a pas rendez-vous, mais il entre, tout simplement. Comme chez lui. Là où il pourrait y avoir une réception, il n'y a personne, simplement un espace, avec des portes. Il pousse la bonne. [ ... ] - Salut, Clare ; - recapititution:
j'ai un léger décalage avec la suite, je récapitule ce message parce que j'ai la flemme de le modifier mais j'ai besoin que ça soit posé sinon je vais me confusionner dans le flou
- Fang a envoyé la clé à Clare par la poste avant l'explosion.
- l'action se situe désormais après l'explosion contrairement au contenu de ce message qui est antérieur, et Fang rend visite à Clare dont il n'a eu aucun mal, une nouvelle fois, à trouver l'adresse.
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| | | tic toc tic toc ! Carte IDMétier: DétectiveTalents/Pouvoirs: Faction :
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| Sujet: Re: La clé (PV) Ven 22 Juil - 22:30 |
| S'attendait-elle à le voir ? Clare s'attendait à tout. Et en même temps, elle n'attendait plus rien dans sa vie. Cela l'entrainait, irrémédiablement, dans un contexte paradoxal au sein de son quotidien. Après s'être échinée à oublier - elle à qui on avait ôté l'inestimable chance d'effacer ses souvenirs- elle se sentit démise. Elle le vit entrer de façon bien naturelle. Avec une démarche ramassée, peut-être, à force de trop de méfier de tout. Il avait les cheveux courts, ces yeux plus ferreux, oxydés par la réalité des maux. Pour le reste, il ressemblait mieux à l'image qu'elle avait gardée de lui, à cette époque révolue où ils jouaient : elle, lui, Perkins, à un épisodique jeu de société, dans leur salon aux lueurs tannées par cette vitre aux grains épais, où toutes ces chaussures de passants floues allaient d'un côté à l'autre du cadran, où les affiches s'y collaient, tamisant le lieu et leurs sourires. Est-ce que ce n'était pas une brève, mais authentique, image d'un recoin de paradis ? Elle lui en avait donné les clés... n'est-ce pas ?
Toujours assise, les bras posés sur son bureau, la détective balbutia deux trois mots, prise de court. Après un regard inquiet, elle finit par se lever, sans aucune assurance. Elle le fixa intensément, le contourna sans le quitter des yeux, puis alla baisser le store de la porte vitrée qu'elle verrouilla par la suite.
S'il y avait un être sur la planète qui pouvait lui faire perdre ainsi toute son assurance, c'était Fang: même s'il ne s'en doutait pas, et Clare gardait, encore aujourd'hui, cette carte postale au creux de sa veste.
Clare en revint vers lui, leva un peu la main pour arranger son haut qu'elle jugeait trop démis, puis se ravisa soudain, prenant conscience de son comportement. Elle procéda à un demi tour bancal, les bras levés pour un meilleur équilibre et se dirigea à gauche, vers la machine à café.
— Un café... en veux-tu un ? Moi, je vais en boire un...
Les sourcils froncés, Clare attrapa un gobelet en carton. La lumière du dehors mourrait de plus en plus, constellant sa retraite de taches oranges à des endroits du bureau encore très vide.
— Sais-tu que je suis une alliée de Ligma ? Que je devrais techniquement te dénoncer aux autorités... ? murmura-t-elle à voix plus que basse, avant de boire une gorgée, prise d'un court sourire cynique sans plus le regarder : non, elle fixait le mur, sur lequel rien n'était accroché cette fois...
— Techniquement, techniquement... Cependant, je travaille à mon compte, ils n'auraient donc rien à y redire...
Passible d'un retrait immédiat des locaux, et d'un séjour à Black Walls pour avoir fraternisé avec un homme activement recherché par les autorités, c'aurait été un minimum. Eh bien, rien de très catastrophique, après tout ! En dépit des gorgées de café, elle sentit sa gorge sèche.
— C'est ta clé, que tu veux récupérer ?
Cette question n'était qu'un fait. Elle leva la main d'un geste absent.
— ... patiente quelques secondes... quelques secondes... - par des mouvements lunaires, elle déposa son gobelet en équilibre au dessus de la machine à café, puis se dirigea vers son bureau, pour aller ouvrir un des nombreux tiroirs. |
| | | le sommeil qui se louve Carte IDMétier: fugitifTalents/Pouvoirs: Âge du personnage : 30 ans
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| Sujet: Re: La clé (PV) Sam 23 Juil - 0:35 |
| - Ne la sors pas !, s'empressa-t-il d'ajouter.
Il se tenait encore près de la machine à café - il avait décliné l'offre d'un signe de tête - et s'en écarta pour suivre machinalement le mouvement de Clare. Ils étaient séparés par le bureau, sur lequel Fang s'appuya de ses deux mains comme s'il avait du mal à se soutenir lui-même.
- J'espérais que tu pourrais la garder ... Sa voix se perdait dans une confusion pleine de redevance. Il n'oubliait pas, puisqu'il n'avait pas oublié, qu'à leur dernière entrevue il était devenu tempête et qu'il avait peiné à ne pas tout détruire Clare inclue. J'en ai pas besoin, pour le moment ... Je ne savais pas que tu étais de nouveau proche de Ligma, (Fang n'avait jamais su à quel point cette place avait pu être complexe pour Clare.) mais c'est encore mieux, si vous êtes alliés, ils ne vont pas venir fouiller ... Son regard se perdit dans le vide de la pièce. - ... ici. Et du coup, tu es bien placée pour savoir ...
Il eut un petit rire amer, un mélange de rancoeur et de dérision,
- ... que j'ai fait exploser la centrale électrique, et que tout le monde a déjà vu mon visage quelque part ... Je ne peux pas la garder sur moi, n'est ce pas ... ? Si on me prend avec ça, je n'ai plus aucune chance ... Mais toi, tu pourrais l'avoir trouvée. C'est ton job ce genre de chose, pas vrai ?
Puis son visage se contracta, et ses yeux se remplirent de cette mélancolie plus ancienne.
- Si la Triade décide de m'effacer ... si je n'ai pas détruit la clé et qu'elle existe quelque part, alors je ne vais pas tout perdre, encore, et si c'est toi qui l'as ... - il lui témoignait, malgré les choses qu'elle lui avait dites et celles que lui avait faites, une confiance qui dépassait l'entendement - ... alors tu pourras voir, toi, j'en suis sur : si j'oublie tout encore une fois, tu le sauras, et cette fois tu pourras me donner la clé.
Il n'avait aucun doute sur cette logique. S'il lui arrivait quelque chose, Clare le retrouverait parce que l'Univers ferait tout pour la mettre sur le bon chemin, comme il l'avait déjà fait, parce que quoi qu'elle en pense, c'était le destin. Ils ne s'étaient pas croisés par hasard, cette nuit là dans l'obscurité brumeuse de Londres, Fang en restait convaincu.
[ ... ]
Il se détacha du bureau, le regard tourné vers cet avenir incertain, et traversa l'espace comme un courant d'air silencieux et léger ; il prit tranquillement le gobelet posé en équilibre sur la machine et l'amena jusqu'à Clare, sur son bureau, avant de reprendre sa position précédente, ses bras en appui soulageant sa colonne vertébrale de cette condition bipède qu'il ne préférait toujours pas. Dans cette posture qui avait aussi quelque chose de révérencieux, il levait les yeux pour espérer croiser ceux de Clare, et reprit la parole :
- En fait je suis juste venu pour te voir toi. La dernière fois ... c'était bizarre ... j'suis désolé ...... Je voulais au moins te demander pardon avant de partir. |
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| Sujet: Re: La clé (PV) Dim 7 Aoû - 2:01 |
| Clare se laissa retomber dans son fauteuil, main gardée sur la poignée du tiroir : il lui sembla que même assise, elle risquait de tomber si elle ne se tenait pas. Les mots de Fang étaient un coup dur.
Il lui avait pourtant semblé que son traitement à l'égard de Fang avait été plus que suffisant pour qu'il s'éloigne. La clé ? Rien qu'une enveloppe, comme un hommage ! Pas d'adresse retour ! Clare l'avait conservée, docilement, et maintenant prête à la lui léguer... ce discours était tout ce que Clare avait redouté. Faisait-elle preuve de lâcheté ? Oh oui, Clare était douée dans ce domaine, pétrie de ce déni pratique, et les potions auraient fait le reste ! Se persuadant que son implication à l'égard ce pauvre loupiot aurait fini par le tuer : à cause de cette satané puce, à cause du niveau 0, de son oncle, à cause, à cause... de tant d'excuses ! Clare l'avait accueilli pour le balancer dans un fossé sitôt qu'il avait retrouvé le bonheur : comme on arrache un ballon gonflé d'espoir à un gamin qui n'a jamais rien connu d'autre que la boue et le froid. Et maintenant qu'il se trouvait devant elle, terminée toute son assurance dédaigneuse ! Il était plus facile de se faire haïr, d'accabler des coups de vérité à cette âme perdue, et s'en aller ainsi sans vergogne... Pour sûr, s'il était venu pour se venger, elle l'aurait accueilli à bras ouverts. Mais ici, Clare faisait bien pâle figure ! Elle voulu lever une main amène pour lui faire signe de ne plus parler, mais même ce simple geste lui en couta, elle se retrouva juste à se ramasser sur sa chaise, un peu plus à chaque seconde, appesantie par la nature infecte de sa propre personne, comme si les attentions trop pures de Fang étaient un miroir qui lui renvoyait cette image abjecte de ce que, en somme, elle était devenue depuis très longtemps...
Comme si ce fut une bouée de sauvetage, elle rattrapa le gobelet de son café qu'il lui avait rapporté, s'humecta les lèvres de ce breuvage déjà refroidi.
"Pour me voir..." murmura-t-elle contre le carton du gobelet, avant de céder à un rire qui ressemblait plus à un pleur décousu, un peu dément. Elle releva des yeux presque effrayés dans sa direction.
"A-t-on jamais vu quelqu'un chercher le pardon auprès de celui qui a porté les coups..." Puis elle rajouta aussitôt "Je n'ai pas regardé ce qu'il y avait sur la clé" Et alors elle ferma doucement les yeux, soupirant
"Assieds-toi Fang, s'il te plaît.... s'il te plaît...." Rien qu'un murmure, mais dans le noir de la pièce trop vide : parfaitement audible. Elle s'offrit le temps de réfléchir. Ca ne marchait pas. Tous ses efforts réduits à néant. Fang était un être dangereux : ce n'était pas l'esprit de Clare qui en souffrait ici, mais les monceaux d'un coeur qui ne voulait plus éprouver : et que pouvait-elle faire, que pouvait-elle bien faire ?
"Quel est ton plan, à présent ? Tout le pays est à tes trousses..."
Elle reposa le gobelet, jouant machinalement avec : le faisant tourner vers la gauche, vers la droite, comme une boussole déréglée.
"Plus ingénieux puisse être ton pouvoir, j'ose imaginer qu'il l'est, car tu n'es pas du genre à t'encombrer de personnes qui prendront pour toi... non, tu es bien trop bon pour ça" Elle lui offrit un pauvre et misérable sourire. "si tu continues à courir dans la neige en espérant que le mauvais temps recouvrira tes empreintes, sache que la Triade finira par te retrouver. Elle possède des ressources qu'on ne saurait imaginer"
Elle ne voulait pas évoquer le dôme. Elle ne voulait plus repenser à cela. Ni à d'autres pans plus antérieurs dans le temps : elle avait fourni bien trop d'efforts afin de s'en délester.
"Alors, quel est ton plan ?" qu'elle répéta, comme une vieillarde aigrie qui, ayant formé un être plus pur, à coups de serpes, attendait de le voir se comporter dans le vide injuste de son univers sans éclat. |
| | | le sommeil qui se louve Carte IDMétier: fugitifTalents/Pouvoirs: Âge du personnage : 30 ans
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| Sujet: Re: La clé (PV) Sam 27 Aoû - 5:07 |
| Fang tira donc une chaise pour s'asseoir, les coudes sur le bureau, largement penché en avant ; ses yeux posés sur Clare, remplis de l'incroyable fascination d'un chien pour son maître. Il la fixait sans ciller, dans une attente sans limites, et buvait ses paroles.
"Plus ingénieux puisse être ton pouvoir, j'ose imaginer qu'il l'est, car tu n'es pas du genre à t'encombrer de personnes qui prendront pour toi... non, tu es bien trop bon pour ça" Elle lui offrit un pauvre et misérable sourire. "si tu continues à courir dans la neige en espérant que le mauvais temps recouvrira tes empreintes, sache que la Triade finira par te retrouver. Elle possède des ressources qu'on ne saurait imaginer"
Des images qui suscitèrent en lui des doutes immenses. Parce que sans en être vraiment conscient, il était bien le fils de sa mère, et s'était dit jusque là qu'un loup terré dans les fins fonds d'un bois demeurait invisible pour la Triade. A croire qu'il en avait oublié sa précédente rencontre avec l'étrange no face, qui lui avait vaguement rappelé le sort terrible qu'avait subi sa famille dans le silence hivernal de la forêt gelée, la vérité était plutôt que toute cette puissance le dépassait de loin. A l'image de ses parents, il restait idéaliste et naïf. Des loups qui rencontrent peu de prédateurs et se croient suffisamment furtifs ou féroces pour toujours trouver une issue.
"Alors, quel est ton plan ?"
Le plan ... ? Face à cette logique implacable, il refusait de s'avouer qu'il n'en avait pas.
Il roulait des yeux en expliquant évasivement qu'il connaissait plein d'endroits inaccessibles où il se cacherait, qu'il n'avait pas besoin de la ville ni de personne pour survivre puisqu'il l'avait fait une grande partie de sa vie sans se poser de questions. Il bougerait sans arrêt et n'aurait justement pas de plan prédéfini ce qui le rendrait imprévisible puisque même lui ne saurait pas à l'avance où il serait le lendemain. Il rajouta qu'il allait probablement quitter la région, irait pourquoi pas en Écosse (c'était si loin !) et puis pourquoi la Triade s'embêterait-elle à aller réellement le chercher là-bas - car au fond elle savait bien qu'il n'avait fait exploser aucune centrale puisque c'était elle même la source de l'explosion, et lui ne méritait pas qu'on dépense autant d'énergie pour le retrouver même pour convaincre la population, était-ce vraiment réaliste ? Le pays était Si Grand qu'il faudrait y consacrer bien trop d'agents et Fang était persuadé que la Triade, au fond, avait d'autres chats à fouetter. Les Xyens par exemple, étaient autrement plus menaçants que lui qui n'avait été qu'un simple pion. Dans quelques années tout ça serait retombé et il aviserait à ce moment là de la suite de sa vie.
Quand il eut fini d'exposer sa vision des choses, il croisa ses mains devant lui et peut être que grâce à ce geste son égo avait le sentiment que tout ça était plus solide, et ça le rassurait. Fang avait peur, bien entendu, mais cette peur l'obligeait aussi à croire en lui même et en ses capacités d'échapper à cette nouvelle condamnation injuste qui l'attendait.
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| Sujet: Re: La clé (PV) Sam 27 Aoû - 22:09 |
| Plus elle l'écoutait, plus Clare sentait l'irritation grimper. *Non Fang, ce n'est pas aussi simple, ce n'est pas aussi futilement aisé !* Les sourcils froncés, sans broncher, sans bouger d'un iota, elle l'écoutait lui exposer ses plans.
Avait-elle lu cette hésitation, comme on décide, sur le tas, de choisir des possibilités qu'on avait décantées comme ça, en amont ? Oui, oui et c'était cela qui la frustrait : il réagissait comme un enfant, tout comme !
Malgré tout, elle garda une infinie patience quand elle décida, finalement, de lâcher la poignée du tiroir. Elle se leva, traina sa chaise jusqu'à lui, juste devant lui. Elle s'assit, veillant à soulever le pan de sa longue veste avant. Et soudain, brusquement, elle l'attrapa. Ses deux mains gantées sur son visage, pour qu'il la force à la regarder. Les yeux grands ouverts de Clare étaient un peu fous, il y avait, surtout, cette colère pleine de prétention ! Peut-être parce qu'elle venait du niveau 0 et qu'elle ne croyait plus à la fuite ? Ou peut-être car elle n'avait cessé de voir Fang comme un enfant ?
"L'espoir, Fang ! Ce n'est pas l'espoir qui sauve ! Un oiseau qui se lance d'une falaise ne réussit pas son vol car il espère voler ! Il réussit car il vole. Car il a saisi le mécanisme qui lui permettrait de le faire !"
Combien de fois avait-elle espéré que ses parents ne soient pas morts Qu'un jour, on la sortirait de sa condition de soigner de parfaits inconnus ! L'espoir était comme cette bille sur une roulette de casino. Avant que la roue cesse de tourner, il y avait toujours le sentiment, inutile et factice, que la réussite pouvait arriver. C'était statistiquement... dérisoire !
Et, malgré elle, elle s'arracha à ses yeux bleus qui lui semblaient si... innocents ! Se levant derechef, retournant vers le tiroir...
"La clé, tu dois t'en servir."
Dans ce tiroir, chose inouie, il y avait des dizaines et des dizaines de clés, toutes identiques ! Mais Clare connaissait la bonne, elle s'en saisit.
La seule chose qui terrifierait la Triade, c'est que tu sois capable de dévoiler au monde entier ce qu'il y a... là dedans -souligna-t-elle en agitant l'objet "Tu pourrais être aux portes de Westminster qu'il ne toucherait pas un cheveu de toi si ta mort signifierait la libération de données compromettantes, non ? J'imagine... - finit-elle par murmurer, se mettant machinalement à tourner en rond à mesure qu'elle pensait - un informé effacé, qui retombe en contact avec le monde magique, ne finit-il pas par se souvenir de nouveau ?... petit à petit... serait-ce identique pour tout type d'effacement..." elle ne le calculait plus tellement, agitée dans ses réflexions. Puis une pensée lui vint, tout aussi brusque qu'inattendu. Elle releva ses yeux vers lui.
"Tu t'en souviens. Comment cela se fait-il que tu t'en souviennes ?"
Elle n'osait prononcer les souvenirs en question. Elle tâchait, pour sa part, d'en oublier le plus possible. Mais elle ne pouvait ignorer qu'elle se souvenait, au moins de cela, puisqu'elle tâchait d'oublier. |
| | | le sommeil qui se louve Carte IDMétier: fugitifTalents/Pouvoirs: Âge du personnage : 30 ans
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| Sujet: Re: La clé (PV) Dim 28 Aoû - 0:57 |
| Fang ouvrait de grands yeux tout ronds. Lorsqu'il aperçut l'intérieur du tiroir qui s'ouvrait, il resta un peu bloqué, la bouche un peu ouverte, et Clare ne regagna son attention qu'en agitant la clé devant ses yeux. Il ne comprenait rien à ce qu'elle lui racontait.
- Mais comment est ce je pourrais faire ça ... ? Il n'avait évidemment pas les ressources pour penser mener à bien ce genre de projet. Clare ne sembla pas l'entendre, et continua de s'interroger elle même ; Fang l'écoutait, intéressé. Docile sur sa chaise comme un élève attentif, il observa le moment de la pensée, celle qui la fit revenir à lui, et accueillit son regard dans une curiosité placide.
Mais la question qu'elle lui posa le surprit, autant parce qu'elle coupait le fil de cette conversation que parce que Fang lui même, dans les tumultes de sa vie récente, n'avait pas réellement eu à se soucier de ce problème. Son esprit tout tourné vers son avenir en solitaire et ses dangers, avait relégué cette réalité, qui englobait accessoirement la sphère sociale à laquelle il avait brièvement appartenu, à un autre plan par lequel il ne s'était plus senti concerné, jusqu'à cette question.
Dans une profonde inspiration, d'où remontait un sentiment de culpabilité, il rejeta lentement son corps en arrière pour s'appuyer au dossier de sa chaise.
- J'ai commencé une thérapie avant le dôme ; avec un médecin. Il travaille sur la mémoire. J'avais entendu parler de lui à Cristal Palace et je suis allé le consulter. Quand j'ai réussi à le revoir au cours des derniers mois, il m'a fait participer à pas mal d'essais ...
Au delà de Clare, Fang repensait au chemin parcouru depuis ce jour où il s'était assis pour la première fois dans cette pièce qui avait un peu la même odeur que la clinique vétérinaire. Son enfance restait une ombre que la lumière ne parviendrait sans doute pas à percer, pourtant certains souvenirs étaient plus saillants que jamais.
- Et comme tu sais, si tu as lu la clé (il ne pouvait pas croire une seconde de plus qu'elle ne l'avait pas fait) j'ai appris ce que la Triade prévoyait et tout ça a pris un nouveau sens ....
Ses yeux se plissèrent.
- Tu savais toi aussi, n'est ce pas ? Comment est ce que tu te souviens ? |
| | | tic toc tic toc ! Carte IDMétier: DétectiveTalents/Pouvoirs: Faction :
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| Sujet: Re: La clé (PV) Dim 4 Sep - 0:46 |
| La clé dans une main, la tête à demi baissée tandis qu'elle songeait à la situation, elle marchait de long en large - comme souvent. Sa veste bougeait paresseusement au rythme de sa démarche chronique et agitée.
Quand vinrent les explications de Fang, Clare retint un rire, qu'elle souffla par le nez... Non, absurde. Une coïncidence qu'elle s'était imaginée à l'instant, risible, elle repoussa cette pensée très loin d'elle. Elle balaya l'air de sa main lorsqu'il parla du contenu de la clé, comme pour chasser un insecte désagréable..
- Tu savais toi aussi, n'est ce pas ? Comment est ce que tu te souviens ?
Elle l'écoutait, réfléchissait en même temps à ce qu'elle pourrait faire de mieux pour qu'il soit protégé - mais sur la durée, elle ne trouvait rien d'aussi efficace que cette clé. Si bien qu'il lui fallut un moment pour que l'information transite, qu'elle comprenne que c'était une question qu'il lui posait. Elle arrêta de marcher, le regarda, grave.
— ... On m'a trahie.
C'était tout à fait ça. On l'avait trahie. Elle reprit ses allers-retours, de façon compulsive, bougea la clé dans sa main au rythme de ses paroles.
— C'est la particularité de la vie Fang. La trahison n'est pleinement efficace que si elle vient d'un être que tu aimes. Elle tapota sa poitrine, avec un sourire acide — Cette douleur, je ne pensais pas l'expérimenter...
Finalement elle se retourna, ouvrit grand ses bras pour se désigner toute entière. Tant de mimiques inchangées, à croire que son monde était figé, que c'était le reste qui tournait.
— Toi aussi, je t'ai trahi ! Mais tu continues à me faire confiance, ce qui me dépasse... ! Son sourire sans joie coula lentement de son visage, elle laissa doucement retomber ses bras
— Si tu traverses cette porte et que l'on t'abat, c'est ton fantôme que je verrais ici, tous les jours... non... non... elle hocha de la tête, s'approcha de la fenêtre où les lampadaires, épinglés à leur quart d'immeubles, avaient remplacé la journée.
— Je vais contacter Nina, elle peut créer un champ de protection qui empêche toute intrusion extérieure, électronique comme magique... Il faut que tu restes ici. Dans son dos, elle désigna, de sa main qui tenait la clé, la porte d'entrée - sans cesser de regarder au dehors.
— Il y a deux autres pièces vides, des anciens bureaux... Une de ces pièces pourrait être ta chambre, en attendant... en attendant que je trouve....
Elle ne termina pas sa phrase. Elle avait cru se détacher de ses liens mais se rendaient compte qu'ils s'étaient enroulés autour de ses mollets, qu'alors partis : ils la tiraient sur ce sol plein de reliefs. Les terrains inconnus, Clare aurait su gérer à présent, s'il n'y avait plus qu'elle. Mais comment réussir à sauter avec légèreté au dessus des obstacles quand nos pieds étaient entravés par ces sentiments, ces sentiments qui ne lui allaient pas bien ? Avec lenteur, elle articula...
— Il faut que tu restes ici... |
| | | le sommeil qui se louve Carte IDMétier: fugitifTalents/Pouvoirs: Âge du personnage : 30 ans
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| Sujet: Re: La clé (PV) Mar 6 Sep - 23:43 |
| - Je ne vais pas rester coincé ici indéfiniment, trancha-t-il après quelques secondes de réflexion. Je veux qu'on diffuse ce qu'il y a sur la clé avant que la Triade tombe sur toi ou sur moi, c'est Elle qui nous a tous trahis, et si tout le monde sait ce qui est vraiment arrivé, l'histoire de la centrale électrique n'a plus de sens.
Si j'attends d'être piégé pour menacer de révéler ce que contient ma clé, la Triade, si elle est aussi efficace que tu le dis, trouvera bien un moyen de limiter les dégats et de me garder enfermé. Les gens de Londres devraient être les premiers à savoir, sans condition, ça ne devrait pas être une menace que je garde au cas où.
Plus il envisageait cette possibilité, plus se réveillait en lui l'espoir qu'il avait ressenti grâce aux Xyens.
- Beaucoup de gens se sont levés contre Elle, beaucoup trop sont Morts au combat ... ! Ils méritent que tout le monde se souvienne de pourquoi ils se sont sacrifiés (Fang était d'autant plus ému, qu'il en avait connu personnellement certains, et que lui même qui était là, avait survécu), pour nous tous ! Et ceux qui n'étaient pas du côté de Xya ont le droit de savoir ce que la Triade leur a fait pour simplement reprendre le contrôle. La même histoire va se répéter encore, Elle va continuer de voler leur vie à des innocents, comme mes parents (comme les tiens, aurait-il dit s'il avait connu l'histoire de Clare) et tout le monde fermera les yeux ? Mais là ils sont tous concernés, c'est vrai, c'est l'occasion rêvée ! Tu veux m'aider ? Tu penses que la Triade serait embarrassée si tout le monde savait ce qu'il y a sur ma clé ; tu peux m'aider à la diffuser, le plus tôt possible. |
| | | tic toc tic toc ! Carte IDMétier: DétectiveTalents/Pouvoirs: Faction :
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| Sujet: Re: La clé (PV) Mer 14 Sep - 23:15 |
| Elle le voyait venir. C'était la fougue de la jeunesse. L'âge n'avait rien à voir là dedans. Fang était né il y a peu : c'était les journées passées dans le système qui vous vieillissaient. Fang, jeune loup heureux et inconscient de sa situation, se retrouvait propulsé dans un monde injuste, fait de violence et d'intérêts. Il voulait y mettre un terme. Changer les choses. Clare le trouvait d'une naïveté blessante. Elle se détacha de la fenêtre, le regard las.
— Que veux-tu faire ? Sauver le monde de sa propre folie ?
Elle eut un visage réellement fatigué. Que le monde serait beau, si les héros faits de bonté gagnaient des batailles.
"Laisse-moi te raconter une histoire, Fang..." dit-elle, attrapant son gobelet pour aller le jeter à la poubelle. Elle le regarda chuter dans un bruit mat, au centre de la pièce vide et sans lumière.
"C'est l'histoire d'un homme qui passa sa vie à utiliser sa magie. Bien la seule capacité extraordinaire dans son existence morne et difficile. Il l'usa tant et si, qu'il fut atteint de folie. Il commit alors un crime odieux : il tua ses deux petites filles."
"Cet homme s'appelait Jarod Wilson Wilde... Je suis convaincue qu'il aurait pu façonner de belles choses. A la place, il a passé ses années à Black Walls. Depuis, il en est sorti, non pas car il a purgé sa peine... une peine pareille, on ne la purge jamais vivant. Non fang, il a été libéré, absout, pardonné par les êtres que tu chéris." Elle eut un sourire entier, chargé d'une conclusion logique.
"Xya voyait en lui la victime de sa nature. Elle l'a pardonné pour ses actes puisque son pouvoir l'a mené à sa folie... cela ne pouvait donc pas être de sa faute, n'est-ce pas ?" la fin de sa phrase ne fut plus qu'un murmure quand elle releva ses yeux vers lui, son sourire toujours là.
"— Est-ce la vision du monde que tu veux embraser ? Est-ce là, ta conception d'un combat à mener ? Pour quelle cause te bats-tu ? L'injustice liée à ton passé est-elle plus valable que les morts dans ces accidents, quand le sommeil s'est abattu sur la ville ?"
Elle haussa la voix, à mesure qu'elle perdait son sourire
— On ne change pas un système sans changer la nature humaine et ah... Fang, la nature humaine, quelle grande instabilité c'est ! La magie dévoilée, n'y verrons-nous pas des non-dotés mis au placard ?! Des classes établies, entre sorciers et communs ?! Des chasseurs pour grossir leurs rangs ?! Ces Xyiens, ne se prenaient-ils pas eux-mêmes pour les messies ?
Elle s'enervait à présent.
— Tu ne réfléchis pas ! Un enfant ! Un adolescent, tout juste !
Elle se rapprocha de lui à grands pas, les yeux un peu fous, lui murmura à quelques centimètres
— Tu ne réfléchis pas, et cela me terrorise, de te savoir mort quelque part. Avec tes envies de.... justice, de bonté... le monde n'est pas bon Fang, le monde n'est pas juste, et les gens comme toi finissent par disparaître !
Elle sentit les vapeurs de vertiges l'assener. Les souvenirs revenaient, sa potion ingérée lui filait la nausée à force de vouloir les effacer... en vain ! Le visage déconfis de Fang, sa dévotion à son égard et ses comportements dignes de Peter Pan... comment pouvait-elle ne pas se rappeler, quand il était ainsi ?!
— Si l'on diffuse cette clé, tu signes ton arrêt de mort ! finit-elle par crier, se retournant pour marcher de long en large, encore.
— "Si vous m'attrapez, si vous m'enfermez, je dévoile tout" Voilà ton arme, voilà ta défense ! Quel intérêt aurait la Triade à t'arrêter, si cela équivaut à dévoiler la vérité au monde ?! "
Sa survie, en échange de la vérité... qu'importe ! Le monde était un éternel recommencement. Être honnête ne changerait rien ! Mais s'il vivait, s'il restait en vie en revanche... alors un peu de cette bonté subsisterait. Clare ne pouvait imaginer un monde dans lequel Fang n'existerait plus. Elle se fichait bien que les gens savent.
"— Les gens.... ne cherchent pas à savoir."
Ces mots, qu'elle ne pensait pas s'entendre dire un jour. Ce n'était pas son discours habituel, mais celui de Valen, mort depuis, éradiqué, devenu trop fou, à son tour.
"— Les gens, n'aspirent qu'à oublier. Ils rentrent chez eux, alors leur seul besoin est d'oublier, Fang. Oublier leur journée, leur quotidien, se "vider la tête", là est leur salut. La connaissance, qu'apporte-t-elle.... ? Si ce n'est tant de questions qu'on finit par se noyer dedans... par suffoquer... Non, les gens ne veulent plus penser, cela provoque trop de douleur que de penser..."
Et peut-être parlait-elle un peu pour elle-même... Elle fouilla dans sa poche, y prit le trousseau de clé, le posa sur son bureau.
" — Reste ici, pour un temps..."
Elle alla chercher son impair, accroché au dossier de sa chaise, l'enfilant sans plus le regarder... Elle tâchait de se rappeler l'adresse de Woodrow. Tâchait, surtout, de ne pas perdre l'équilibre à cause du liquide lourd dans son estomac. Passant à côté de Fang, Clare hésita un moment. Finalement, elle lui offrit une accolade, assez brusque, tandis qu'elle murmurait à son oreille - comme à un compagnon d'arme :
"— s'il te plaît, sois là quand je reviendrai. Je t'en prie..."
Elle le relâcha avec plus de douceur, s'en alla bien vite, sans un regard un arrière. La nausée, plus que cette angoisse de disparition : la peur, ce lien qui piégeait sa marche. Comme un collet enfoui sous un talus de feuilles, un pas après l'autre : et on ne savait absolument jamais quand il se refermerait sur vous. |
| | | | Sujet: Re: La clé (PV) |
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