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tic toc tic toc ! Carte IDMétier: DétectiveTalents/Pouvoirs: Faction :
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| Sujet: Et toi, qu'est-ce que tu deviens ? (PV) [Warning : langage ] Dim 12 Déc - 1:11 |
| Fergus se faisait une joie de lui casser la figure. On ne frappait les dames ? Clare n'était pas une dame. C'était la pire raclure que le monde ait portée ! Oooh s'il le pouvait, Fergus ! Il en rêverait. Il marchait de long en large. Comme un lion pas content."Euh Fergus..."Fergus agita sa main pour lui dire de se taire. Préférant se faire tout petit, l'autre obéit. A deux mètres, une silhouette était enchevêtrée dans des habits qui tenaient de chiffons marrônatres gris tout sales, assise à même le sol boueux de l'entrepôt. C'était Clare, et elle paraissait tout à fait à l'aise avec la situation : adossée contre le volet métalliques, elle gardait les yeux fermés et fredonnait un air.
Raindrops on roses And whiskers on kittens Bright copper kettles and warm woolen mittens Brown paper packages tied up with strings..."— Elle me tape sur le système !"L'autre homme hésita... à croire que Clare : l'intimidait ?"— Elle va pas te bouffer bordel de merde !"Il eut un regard fuyant"— Je sais..."
"— Oh fait chier ! Donne-moi ça !" Fergus lui arracha le ruban adhésif des mains et se dirigea vers Clare qui n'avait pas bougé d'un iota. Il avait l'habitude des aspects poussiéreux chez cette nana... mais là, franchement, il ne l'avait jamais vue aussi pitoyable. Ses gants troués ressemblaient à des mitaines. Elle portait trois couches de vêtements d'homme, un pantalon trop large qui tenait uniquement grâce à une ceinture en tissu gris, criblée et mitée. Son visage était encroûtée de plaques de poussière, comme celles des miniers, sa bouche était si gercée que le sang avait coagulé entre les fissures et les peaux mortes.
Il s'accroupit, lui attrapa le visage. Mais elle n'ouvrit pas les yeux. Le visage à demi-caché par ses cheveux sales éparpillés, collés à ses joues, à son front, elle continuait de chanter !When the dog bites When the bee stings When I'm feeling sad
I simply remember my favorite things...Il déroula un morceau d’adhésif, le plaqua fort sur sa bouche.
Clare pressentit la satisfaction de Fergus, maintenant qu'elle ne pouvait plus pousser sa chansonnette. "— T'as de la chance qu'il te veuille vivant et intact." lui murmura-t-il à l'oreille, de sa voix chaude et acide.Clare pencha sa tête sur le côté, un sourire invisible sous son scotch. "Il", c'était celui qu'on appelait le dragon. Mais le dragon n'était qu'une image pour créer une rumeur qui rebondissait vers toutes les oreilles. C'était ainsi qu'on créait des mythes."Cream-colored ponies and crisp apple strudels Doorbells and sleigh bells And schnitzel with noodles Wild geese that fly with the moon on their wings These are a few of my favorite things"Elle fredonnait cette fois dans sa tête, la sienne, plus celle de l'homme qui accompagnait Fergus : un théologien au sang-froid discutable. Celui-ci perdit le peu de couleurs qui restaient sur son visage.---------------- Elle entendait le bruit des cisailles et de l’enclume. Chaque matin, dès que le soleil pointait sa face par delà le dôme et les têtes d'épingles de ses captifs, le travail reprenait. Fergus avait montré sa tronche de morse de bonne heure. Essoufflé, ravi, et puis irrité, comme quand ça n'allait pas assez vite à son goût : "Je l'ai retrouvée ! Je l'ai retrouvée et je vais vous l'emmener !"Et le dragon de lever sa tête, la langue sortie, les yeux comme deux perles d’améthystes. "Qui ?" avait-elle demandé. "Clare Hare bien sûr !"Oh... Clare Hare. Le dragon avait replié ses écailles, maintenant qu'elle croisait les bras. "D'accord. Tâche de ne pas l'esquinter. J'ai besoin de la convaincre."Il avait paru plus que déçu. ------ Elle s'accroupit sur la terre meuble, une moue faucheuse. "Elle n'a pas arrêté de chanter !" "Ah." "Même... après" a hésité à dire le théologien. C'est vrai que cette race avait le talent de faire chier sur le plan mental. Elle l'a regardée, lui a caressé la joue. "Clare, hého ?" Elle lui a griffé la joue, pour la forme, mais celle-ci était dans son monde, comme souvent. Elle a soupiré, s'est assise sur le sol terreux. "Laissez-nous."Ils sont partis. Elle est restée à la contempler, longtemps. Puis, aussi vive qu'imprévisible, elle lui a envoyé une violente gifle. --- Clare se réveilla dans un sursaut sous une expiration douloureuse, comme sortie d'une eau gelée. Son cri mourra derrière le scotch. Elle chercha à se relever mais l'autre la rattrapa par le bras, si fort qu'elle crut sentir ses os se briser. Prise de vertiges, elle hoqueta, alors le Dragon l’étreignit et posa sa tête, tout contre son épaule aux vêtements rapiécés."Pas besoin de faire tout ce boucan." lui murmura-t-elle à l'oreille. Elle sentit son avant bras picoter, son pouls acculé sous les tenailles de la panique. Balbutiant, Clare chercha à se justifier, mais l'autre la coupa aussitôt."Ouais, ouais, t'es désolée. Moi aussi j'suis désolée, quelque part."Le Dragon eut une brève hésitation. Il glissa le long du poignet de Clare, puis se rétracta, pour regagner son hôte, sous la forme d'un immense tatouage aux couleurs agressives."J'avais oublié à quel point t'étais timbrée." Elle se rassit un peu mieux, croisa ses jambes en lotus, et lui envoya un sourire."Ma parole où t'es allée traîner encore ? Tu pues, c'est à gerber"Clare avait du mal à regagner sa respiration. Incapable de se dégager de sa crise de panique, sa voisine ne chercha pas à la calmer, préférant retirer, du fourreau rigide contre sa cuisse, sous son pantalon ample fendu sur le côté, une lame aux reflets blancs."Ca me rappelle mon père, tiens. Je t'avais raconté ? Je sais plus... "Elle leva la lame à la lueur faiblarde du hangar. "Un timbré de chez timbré... Hideux comme un rat. Par contre, il voulait la plus jolie des femmes. Il disait que les femmes n'étaient bonnes qu'à ça, être belles et se faire baiser. Il en a trouvé une belle, la plus belle. Il voulait un héritier. Manque de pot, il s'est retrouvé avec une fille..."Elle lui sourit, fit ondoyer la lame dans les airs comme un poisson paresseux."Le reste, c'est de l'histoire bébé... Mais tu sais quoi ? Une nuit j'y suis parvenue. Je lui ai coupé les couilles à ce blaireau !"Elle parut heureuse de se souvenir de ça."J'avais seize ans, quelle expérience ! Je savais pas qu'on pouvait autant pisser le sang par les bourses, toi si ? Y'a un paquet de nerfs là dedans, à c'qui paraît..."Soudain, elle planta le couteau dans la jambe de Clare. Étouffé par le scotch, le hurlement de Clare résonna malgré tout dans le hangar. Par une sorte de réflexe lié à la douleur, Clare attrapa le poignet de celle qui se faisait appeler "Le Dragon" : ce qui n'empêcha pas celle-ci d'enfoncer la lame plus profondément encore, bien plus forte qu'elle était, bien plus en forme. Brusquement, elle arracha le ruban d’adhésif de sa bouche d'un coup. Insensible à sa plainte, elle reprit. "Jt'explique. Tu sais... les gens, plus fiers ils sont, on pourrait leur prendre leur maison, leur fortune, ou même leurs enfants : pour les bien gros psychopathes. Mais prends-leur un bras, une jambe, ou leur queue, brûle-leur le visage à l'acide, et j'te jure, j'te jure Clare, ils geignent comme des salopes. "Sentant qu'elle céderait sous la force démesurée de son opposante, qu'elle y perdrait sa jambe, Clare se laissa aller vers l'avant. D'une façon si brusque, que le Dragon se figea pour la première fois quand Clare la prit dans ses bras. Le souffle court, ses yeux brouillés par la douleur, Clare tâcha de gommer, dans le ton de sa voix, le dégoût que lui procurait cet acte.— Je suis désolée... Je suis vraiment désolée..."Pris de court, le Dragon resta immobile, les yeux dans le vide. Sa main libre eut un moment de faiblesse, celui de reposer sur le dos de la théologienne, puis elle se reprit soudain. Elle retira l'arme d'un coup sec, repoussa Clare en arrière, comme répugnée.— ...merde ! Même les putes ont plus d'honneur que toi, Clare ! Le Dragon se releva d'une traite. Encore interloquée, elle cracha par terre, là où Clare gisait sur le côté, la respiration difficile et le visage mordant la poussière. Puis elle se retourna, et héla Fergus d'une voix forte. Avant de partir, elle attrapa l'homme moustachu par le col, ses nerfs mis à vif. "— Tu la touches, et c'est ta tête que je tranche. Compris ? Tu la ramènes, et c'est tout." |
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| Sujet: Re: Et toi, qu'est-ce que tu deviens ? (PV) [Warning : langage ] Mer 22 Déc - 0:26 |
| La vieille avait été réveillée par des hurlements. Elle tapota la base de sa lampe de chevet. Il lui fallut un moment pour émerger, un autre pour comprendre que ces hurlements ne provenaient pas de ses rêves. Elle quitta ses pauvres draps, enfila ses chaussons. Munie de sa lampe de poche, elle alluma la lumière de la grande pièce une fois passée la porte. Le salon, la cuisine et l'escalier étaient vides.
".. Clare ?" appela-t-elle. Elle reconnut bien sa voix. La vielle dame se hâta vers l'origine des cris : ils venaient du grenier. Elle n'avait plus grimpé à l'échelle depuis sa dernière chute. Malgré tout, courageuse, la vieille cala la lampe de poche sur chaque marche à mesure tandis qu'elle posait un chausson après l'autre. Arrivée à hauteur de la trappe, elle tapa dessus ; soumise à l'humidité, celle-ci peinait à s'ouvrir. Dans le grenier, elle entendait toujours Clare hurler.
La trappe s'ouvrit enfin. Essoufflée et un peu tremblante, la vieille dame passa la dernière marche. Le grésillement de la télévision, au milieu de la pièce, éclairait d'un halo pâle la silhouette recroquevillée de la théologienne. La vieille pointa sa lumière devant elle tandis qu'elle avançait. On aurait dit que Clare venait de tomber de la chaise, comme prise d'une attaque. Les deux mains sur sa bouche pour étouffer ses hurlements, à genoux, elle peinait à respirer. La vieille se pencha vers elle.
"Qu'est-ce que tu as ? Qu'est-ce qui s'est passé Clare ?!"
La vieille ne lut pas tant dans ses yeux une douleur physique, mais la réaction physique à une profonde terreur. Elle jeta un coup d'oeil à la télévision, sans comprendre.
"Que... Qu'est-ce que tu as vu là dessus ?"
Après une brève hésitation, la vieille dame tendit sa main vers le lecteur cassette pour rembobiner le film. Mais en le lançant, elle ne vit rien. Des voix altérées, une pellicule neigeuse, c'est tout.
--------------
Clare s'exlama de surprise. Réveillée par un grand froid, elle cligna des yeux. La douleur cuisante à sa jambe lui rappela où elle se trouvait. De l'eau dégoulinait le long de son visage et de ses vêtements rapiécés. On se gaussa très fort autour.
Lentement, le Dragon glissa sur les phalanges de sa propriétaire qui fumait de l'autre côté d'une large table rectangulaire, éloignée de la chaise où Clare gisait. Il devait y avoir une dizaine de personnes dans la pièce ; une sorte de chapiteau quadrangle dont la toile, d'un magenta opaque, dessinait des reflets rosâtres sous les projections d'un néon vrombissant au dessus de leur tête, comme une grosse bouche d'aération.
L'homme qui lui avait jeté un seau d'eau glacée retourna asseoir sa silhouette bedonnante : chauve, un menton double, il portait d'étranges mitaines couleur chair, et trois dents en plomb par dessus son sourire goguenard. Baissant les yeux vers sa blessure, Clare remarqua le carré de tissu découpé sur son pantalon : des points refermaient sa blessure. La respiration douloureuse, Clare ferma ses yeux, tâchant de calmer les rebonds douloureux de son coeur.
"Bon, j'en étais où ?" reprit la femme avec lassitude.
"Ah oui... donc, nos affaires vont mal. Très mal." Elle inspira une longue taffe, souffla en l'air la fumée ; sous ce geste, le dragon tatoué quitta son bras pour grimper sur la peau de sa gorge, sous le regard silencieux de tous.
"Clare, tu sais pourquoi ca va mal ?" rajouta-t-elle enfin.
Cette dernière, les sourcils froncés, cherchait à remettre de l'ordre dans sa tête. Mais elle n'arrivait plus à penser normalement.
"Pas grave, je vais te le dire moi. Le dôme. C'est le dôme..." finit la femme sous un murmure. Elle écrasa son mégot sur le bras de son siège en bois, laissant les lueurs magentas de la toile danser sur elle, et le dragon.
"Avant, que faisait la majorité des habitants ? Ils se divertissaient. Et ça, on pourra dire ce qu'on veut, c'était super pour les affaires. Un bon moyen de blanchir, un bon moyen de leur vider la tête. J'aimais cette époque insouciante... où les gens cherchaient juste à consommer" Elle laissa courir ses ongles d'un bleu vif sur le bois du fauteuil. Tous la regardaient sans se soucier de Clare ; à croire qu'ils avaient l'habitude d'astreindre des individus à de tels traitements.
"Mais depuis le dôme, c'est la merde. Je vends quasi plus, j'extorque moins, le business se raréfie, normal.... le peu qu'on a, on préfère le garder pour soi. On ne cherche plus autant à s'amuser, et quand les gens commencent à utiliser leur cervelle pour autre chose, ça me pose un problème. C'est pas avec les rares néons merdiques du quartier Nord que je pourrais me renflouer. Mes investisseurs, mes créanciers, ma finance sont enfermés hors de cette saloperie de dôme. Mes banques offshore ? De la poussière... Tu vois où je veux en venir, Clare ?"
Cette dernière hocha de la tête de gauche à droite, ses cheveux encore dégoulinant d'eau.
"— .... peux ri-rien faire" balbutia-t-elle
"— Tu m'aideras quand même." dit la femme dans un haussement d'épaules. D'un geste leste, elle lança sur la table des jetons en fer : ils roulèrent sur la table, s'immobilisèrent en son centre.
"Notre réunion commence, et on a beaucoup de boulot." |
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| Sujet: Re: Et toi, qu'est-ce que tu deviens ? (PV) [Warning : langage ] Lun 3 Jan - 14:01 |
| L'eau apaisante ruisselait sur ses épaules douloureuses. Les paumes appuyées contre le carreau frais, il s'abandonnait aux délices et à la chaleur du flot tiède qui pleuvait sur son corps courbatu. Les yeux clos, il ressassait la journée passée, triant les pensées, les ordonnant, notant ce qui devait être retenu, évacuant le reste pour ne pas encombrer son esprit. Elle avait été des plus frustrante ; parvenu à une conclusion suite à une série d'expériences étalées sur plusieurs mois, il se voyait stoppé dans ses recherches, les ailes coupées en plein vol, par une simple pénurie de matériaux. Il se passa les mains sur le visage et se massa les tempes, soufflant l'eau qui s'engouffrait dans ses narines. Il lui faudrait y retourner.
La pièce était sombre, le jour n'était pas encore levé. Allongé sur le sofa, il somnolait depuis quelques minutes lorsque la sonnerie stridente de son blackberry le tira d'étranges pensées qui se mêlaient sans faire sens. La voix au bout du fil était identique à toutes les autres. Il était pourtant persuadé qu'il ne s'agissait pas du même interlocuteur et en avait déduit qu'on avait synthétisé cette dernière. Il écouta consciencieusement les instructions, se contentant de répondre par l'affirmative à la dernière question puis raccrocha.
Ses pas résonnaient dans le couloir. Dédale aurait été plus approprié. Suivant son guide, il mémorisait chaque virage emprunté, chaque porte révélée, notant également grille d'aération et tout autre détail susceptible de servir à l'avenir. L'homme qui lui montrait le chemin paraissait nerveux, bien qu'il n'arrive pas à déterminer s'il s'agissait de sa nature personnelle ou si elle incombait à la présence de l'effaceur. Vêtu de noir, une malette à la main, il abordait un visage fermé et peu affable qui n'encourageait guère les conversations badines.
- Vous, êtes certain qu'il est au courant de votre visite ? - Il m'attend. - Parce que … je suis pas sur que… Enfin je suis pas au courant de… - Vous pensez sincèrement que votre patron vous informe de tous ses faits et gestes?
Piqué, l'autre ferma la bouche dans une moue d'enfant contrarié. Il devait avoir la vingtaine. Des cheveux jaune paille et un visage anguleux. Il grommela quelque chose avant d'hausser les épaules et malgré les craintes provoquées par la présence de cet homme étrange, il poursuivit.
- Si je le dérange pour rien il vous le fera payer vous savez ? - Et si vous ne le dérangez pas pour moi, c'est à vous qu'il le fera payer. Répondit l'autre tranquillement. - Mais… il vous attend aujourd'hui?
L'effaceur s'autorisa un sourire froid en guise de réponse ce que l'autre interpréta – à juste titre – comme la fin de leur brève conversation.
Mal à l'aise en poussant la porte, il indiqua un siège à l'effaceur qui après lui avoir jeté un œil, préféra demeurer debout. Un peu décontenancé, le jeune homme cru bon de préciser
- Il va falloir m'attendre là hein?
Bon sang, pourquoi fallait-il toujours qu'il doute de lui à ce point?
L'autre hocha la tête brièvement en signe d'acquiescement. Victor franchit la première porte rapidement, soulagé de ne plus se trouver dans la même pièce que le théologien dont la compagnie le rendait inconfortable et traversa deux autres pièces en se donnant l'air important de celui qui a une mission à accomplir. Daignant à peine répondre d'un geste à ses camarades qui le questionnait, il se dirigea vers LA porte et reprit son souffle avant d'élever le poing. Il frappa trois coups qu'il espérait révélateur de sa force et gonfla la poitrine d'importance en attendant le signal. Dansant d'un pied sur l'autre il se répétait quelques mantras dans la tête, fort désireux de faire ses preuves et pourquoi pas de pouvoir gagner une place dans la garde rapprochée du dragon.
Son assurance vola en éclat à l'instant même où la lourde porte s'ouvrit face à lui et qu'il se trouva nez à nez avec Sabbat. Un coup d'œil par-dessus son épaule l'informa qu'il tombait en pleine réunion, ce qui ne manquerait pas d'agacer le Dragon. L'autre s'écarta, un vague sourire aux lèvres comme s'il se délectait à l'avance de la scène à venir.
Autour de la table, ils étaient nombreux. Victor évita de détailler les autres, conscient que certaines informations coutaient parfois un prix bien trop élevé et ne s'adressa qu'à Elle. La lumière des néons faisait ressortir les visages blafards et il eut du mal à ne pas laisser courir ses yeux de curiosité vers une silhouette crasseuses assise sur une chaise.
- Qu'est-ce que tu veux ? Lança-t-elle peu amène. - Je … je …c'est…. - T'engage des bègues maintenant ? Ricana l'homme à sa droite, provoquant l'hilarité de plusieurs autour de la table.
La femme leva une main, tandis que le tatouage s'y glissait en gonflant le coup, rendant le geste impérieux et le silence à la pièce.
- Crache le morceau.
Il n'y avait pas de si, mais le gamin l'entendit aussi nettement que si elle l'avait proféré. Si tu tiens à tes couilles, tes doigts ou tout autre partie utile de ton corps.
- Il y a un homme … pour vous… Je …
La femme leva un œil blasé tandis qu'une moue agacée s'invitait au coin de sa bouche.
- C'est qui ? - Il dit que vous l'attendez… il avait… il avait le jeton. Précisa le gamin pour justifier du laisser passer de l'inconnu. Intéressée, elle leva un sourcil interrogateur et sorti une nouvelle cigarette d'un étui criard.
- Qu'est-ce qu'il veut? - … vous voir.
La femme jeta un rire de gorge qui figea les autres, ne sachant trop s'ils devaient l'accompagner où si on se trouvait en situation de crise. Ils optèrent pour le silence alors qu'elle balayait la pièce d'un regard circulaire.
- A quoi il ressemble ? - Un grand type en noir avec une malette… Il a dit qu'il venait de la part de Reckless.
Elle cracha un nuage de fumée, et se pencha un peu au-dessus de la table.
- Fais-le entrer.
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| Sujet: Re: Et toi, qu'est-ce que tu deviens ? (PV) [Warning : langage ] Mar 4 Jan - 1:30 |
| L'eau avait fini par s'infiltrer entre ses guenilles. Soumise à de délicats frissons de froid, elle s'était ramassée sur sa chaise, du mieux qu'elle le pouvait ligotée de la sorte, la tête baissée et les cheveux dégoulinants. Elle reniflait à intermittence régulière, semblant très dérangée par l'humidité de l'endroit - comme si, en dépit de ses vêtements crades et des saletés accumulées sur sa peau ayant rendu son visage méconnaissable, elle déplorait l'état peu distingué des lieux. Tandis que le Dragon parlait, Clare murmurait de son côté sans émettre de sons. Cette musique lui restait en tête : elle provoquait en elle un calme étrange, car angoissant, qui ressemblait, à s'y méprendre, au bruit des vagues d'une jetée à côté d'une autoroute bruyante. Sa bouche remuait de façon compulsive des versets. "Je porte respect à celui qui, garde la ligne constante dans ma vie, Et je remercie ceux qui me permettent aujourd'hui, de profiter du don qu'il m'a offert." Son récital se juxtaposait à la musique, dans son enfance. Elle n'aimait pas ce film. Loana l'adorait. "La Mélodie du Bonheur." La voix nasillarde de la chanteuse ressemblait à celle que sa soeur prenait quand elle voulait incarner ses poupées : des petites potiches aux jambes longues, Clare les détestait : comment pouvait-on s'amuser avec du plastique qui ne faisait rien d'autre que représenter ce qu'on connaissait déjà, en plus petit ? Elle regardait par la fenêtre, Loana lui disait : Clare, tu m'écoutes ? elle n'écoutait pas, comme souvent, Loana se renfrogna : "ma soeur est bizarre !" elle l'avait dit, un jour de pluie, après s'était disputée, ensuite elle était venue, elle avait toqué à la porte, Clare continuait de regarder à travers la fenêtre, Loana se demandait quoi faire pour lui dire qu'elle était désolée, parce que Clare continuait de fixer le paysage par delà la fenêtre, "comme souvent", alors elle voulut lui prendre la main, un éclair brisa le ciel, d'un blanc crû, Clare se recula d'un coup, les yeux grands ouverts, un mélange de colère et de peur, "désolée Clare, je ne voulais pas..." elle savait, pourtant, que Clare détestait le contact, un autre éclair dans le ciel, les gens faisaient "wow!" puis ils reprenaient leur vie, Clare, le dos raide, l'ignora, se détourna d'elle, sur le lit, pour retourner à sa fenêtre
"Hey !" dit le gros homme de tout à l'heure. Il la poussa brusquement par l'épaule.
Clare sursauta, hagarde.
"Je...? Oui ?!" demanda-t-elle dans un souffle qui sonnait poli, comme si elle avait manqué des mondanités importantes. Ils la regardèrent tous. Le Dragon, avec une profonde lassitude. Mais pas le temps, car on ouvrit déjà la porte. Clare en profita pour fermer les yeux, dodelinant de la tête afin de dénouer sa nuque ; ses bras attachés au dos de la chaise lui faisaient mal. Le garçon qui parlait avait une voix qu'elle jugea triste. Pleine de rêves brisés et d'espoirs sales. Puis quelqu'un entra, Clare préféra pencher sa tête sur le côté, regagnée par l'absence... Elle avait oublié ce à quoi elle songeait plus tôt, ce qui la tranquillisa immédiatement.
"Tu es un peu en retard, non ?" se moqua le Dragon, qui eut un sourire délicieux. Il avait l'air si calculé, dans le moindre pli de ses vêtements, aussi pensa-t-elle qu'il n'aimerait pas qu'on mente sur ses écarts de ponctualité. Elle le détailla sans honte, recrachant sa fumée avec délice. Bel homme, belle bête, se dit-elle. Elle se demandait ce qu'il valait au pieux. Il avait quelque chose à lui offrir, bien ? Elle ne lui ferait pas l'honneur de le présenter, elle s'en fichait. D'un geste lent de sa main blême, elle lui montra une des chaises libres. Les autres comparses le regardèrent, comme ils le faisaient toujours : à savoir, avec un dédain goguenard ou une animosité qui leur plaisait bien.
"Tu excuseras le désordre."
Le désordre "en question" venait de se rendormir d'une façon lamentable, tête baissée au point que son menton frôle ses clavicules.
"Nous perdons du temps, reprenons." s'enquit le Dragon.
Remarquant que Clare piquait encore du nez, le Dragon se pencha doucement sur la table, tel un serpent.
"CLARE ! Si tu fermes encore tes yeux je te les crève !" lui cria-t-elle soudain, tapant du plat de sa paume.
"non je ne dormais pas je jure..." balbutia Clare, qui sursauta pour la seconde fois. Inspirant, elle lénifia un peu les muscles de ses jambes qu'elle avait plus tôt ramassées, à cause du froid causé par l'eau sur ses vêtements, comme pour se rendre plus présentable. Puis ses yeux allèrent vers l'assistance, une habitude de vie devenue réflexe : celle de chercher à regarder, en quête du moindre détail. Elle ne s'attendit pas à ce qu'elle vit.
Le Dragon demanda à ce qu'on déroule une carte sur la table, après avoir repoussé les jetons sur le côté. Clare n'entendait pas. Comme brusquement emmitonnée par une sorte de mousse isolante qui était tombée d'elle ne savait où, elle fixa Milàn. Figée, poings toujours liés dans le dos, elle semblait s'être prise une brique en pleine figure. Elle lui tendit un regard silencieux pendant que ça discutait autour : l'air de lui demander "tu es réel ?" Sans trop savoir pourquoi, l'expression de son visage à cet instant, mais aussi sa manie de se tenir, bref tout ce qui faisait de Milàn ce qu'il était, la laissa pantoise : alors, elle comprit qu'il était absolument là.
Cette surprise lui provoqua un hoquet, pas très équivoque. Elle regarda les autres, histoire qu'ils se rendent compte du burlesque de la scène, quand même ! Elle n'était pas la seule à trouver ça désopilant ! Ce n'est qu'après avoir cédé aux agitations de ses épaules, secouées par son fou rire qui restât silencieux un long moment, mêlé à l'expression défaite de son visage, que le niveau sonore baissa. Avant que tout le monde comprenne ce qui lui arrivait, Clare, les larmes aux yeux, céda à un rire plus bruyant.
"HAHAHAHAHA...!!" Presque attaquée par son propre rire, comme une flèche qui l'avait touchée en pleine poitrine, elle se pencha en avant, espérant regagner son souffle alors que ses côtes le faisaient horriblement souffrir,
"ALORS LA ! NON ! QUELLE COMEDIE ! HAHAHAHA...HAHAA !" hoqueta-t-elle. Elle laissa sa tête aller en arrière, quand elle sentit des larmes de rire couler sur ses joues.
Le Dragon l’assassina du regard, porté sur les nerfs. Alors le gros lourdaud comprit l'ordre silencieux. Il se leva.
"NON ! PAS TOUCHE.... Noon hahaha, non !" le prévint Clare, sans succès. Soumise entre le rire et une peur irrationnelle, elle chercha à partir. Se démenant tant et si bien, elle tomba avec la chaise, sur le flanc, dans la terre boueuse. Sa tempe accusa le coup à travers des élancements flous, elle toussa à cause de la poussière. " J'ai des droits... citoyenne, citoyenne informée... haa... ha ne t'avise pas... non !" clabauda-t-elle de façon décousue. Jamais elle n'avait tant ressemblé à une version terne et terriblement familière de son oncle. Cette pensée la vrilla, comme un éclair, au passage d'un souvenir où son père charriait Jarod sur le lambris de bois. "Non NOOOoooN !" se plaignit-elle. Dans un silence las, l'homme au double menton saisit le dossier de la chaise qu'il traîna, avec Clare attachée dessus, hors de la pièce, ne laissant, comme preuve de sa présence, que des traces rectangulaires sur le plancher des vaches et des déclamations peu dithyrambiques (celles de Clare bien sûr).
Le Dragon leva ses yeux vers Milàn.
"Elle doit nous servir dans le plan, je pensais qu'elle arriverait à se tenir. Ignore-la. Continuons."
N'y pensant déjà plus, le Dragon en revint à la carte, prit quelques jetons au passage. Elle les posa à des points stratégiques.
"Ca serait bien, si tu pouvais ouvrir cette mallette, tu ne crois pas ?" lui dit-elle à la suite, sans même lever ses yeux de la carte. |
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| Sujet: Re: Et toi, qu'est-ce que tu deviens ? (PV) [Warning : langage ] Lun 10 Jan - 15:02 |
| - Le Dragon ? - Oui. - Pourquoi le Dragon ? - D'aucuns disent que l'homme maîtrise le feu à l'excellence. D'autres prétendent qu'il fume tellement que ses narines recrachent perpétuellement de la fumée. Certains encore affirment qu'il grogne plus qu'il ne parle… et quelques-uns murmurent qu'il s'agit d'une créature mi- humaine mi-reptilienne On entend tout et son contraire. - Et finalement ? - D'après nos services, l'homme porterait un tatouage dynamique de dragon. D'où le nom. L'effaceur hocha la tête. • Milàn masqua un sourire amusé. L'homme était une femme rassemblant à peu de chose près toutes les caractéristiques prêtées par les on dit. C'était souvent ça les rumeurs. Une part de vérité déformée par le temps, la peur ou les débordements d'imagination. Il se contenta de rendre un sourire poli à celui offert par le dragon. Quelque chose de conventionnel au sein de cette mascarade de pouilleux qu'il détailla d'un œil rapide. Le désordre au centre de la pièce attira son attention plus que le reste et il fut tenté de tourner la tête pour la dévisager, se retenant au dernier moment. Sous les couches de crasse, de sang et de cheveux sales, le visage de Clare Hare le fixait intensément. Il se rapprocha de la chaise qu'on lui avait désigné, sans relever la question du retard, préférant ignorer les taquineries du dragon pour l'instant. Son esprit bouillonnait déjà. Une fois encore, la détective se jetait sous ses roues manquant de faire capoter tous les plans. Une fois encore, elle offrait ses grands yeux fous à son regard, perturbant le calme et la maîtrise nécessaire pour l'opération. Une fois de plus, elle s'invitait dans sa tête en surgissant quand il avait le plus besoin de calme. Il déposa la mallette sur la table avec précaution et assurance, empiétant sur la carte qu'on y avait déroulé. De là où il était, il apercevait Clare du coin de l'œil et il lui semblait que cette vision tenait toute la place. A en juger par le regard qu'elle lui jetait, elle aussi avait réalisé sa présence. Dans quel merdier s'était-elle encore fourrée ? Un rapide tour de table lui confirma que d'autres théologiens étaient présents, il ne pourrait donc pas se permettre la moindre fantaisie télépathique. Il se pencha un peu sur la table en reportant son attention sur la femme au tatouage lorsqu'elle explosa. Une explosion made in Clare. Qui vous arrache corps et Coeur au passage. Il repoussa toute envie d'accrocher son regard lorsqu'elle fut trainée hors de la pièce, comme il avait annihilé tout réflexe lorsqu'elle était tombée de sa chaise. Lorsque le calme revint enfin après la tempête Hare, il se leva et glissa ses pouces sur les encoches de la mallette. Répondant à ses empreintes digitales, cette dernière émit un bruit métallique avant de se déverrouiller. Il rabattit le couvercle et fit glisser le tout vers le centre de la table, de façon à ce que son contenu soit bien visible aux yeux du dragon. Après quelques secondes de silence il se lança d'une voix assurée, ne laissant rien paraître de ses dilemmes intérieurs. - Éphédrine, Noréphédrine, APAAN, PMK, Phénylthérine, Hectaporyxine. A raison de quinze autres mallettes livrées après entérinement de l'accord. Lança-t-il sans quitter des yeux le Dragon. Elle avait plissé les yeux face au contenu de la mallette. - Bien évidemment les lots proviennent directement du séquençage et ne sont pas traçables. Les numéros de série apparents sur les flacons proviennent directement de nos propres laboratoires et ne sont donc pas encore répertorié sur le marché. Vous trouverez dans la pochette, les garanties et contrôles de qualité réalisé par nos soins. Poursuivit-il en se levant et en contournant la table pour venir se placer non loin de la femme dont le tatouage bascula sur sa joue comme pour se mettre entre lui et elle. La femme écrasa son mégot d'un geste négligeant sur le dossier de la chaise qui se tenait sur sa droite et leva un visage minaudant vers l'effaceur. - C'est bien joli mon mignon mais combien je suis censée casquer pour tout ça ? Questionna-t-elle en se passant la langue sur les lèvres. Ignorant le geste, il se glissa entre la femme et son voisin de gauche pour se pencher au-dessus de la table. Elle dégageait une odeur de tabac mêlée à une eau de toilette capiteuse qui monta aux narines du théologien. • - On va vraiment cautionner cette merde ? - Enjeux trop importants. Répondit l'autre sans s'étendre. Une question, c'était déjà beaucoup. Il ravala les suivantes et acquiesça. - Bien. - James, elle ne laissera pas de seconde chance. Soyez le génie qu'on prétend que vous êtes. • Repoussant la mallette sur le côté de manière à laisser son contenu apparent tout en dégageant la carte, il s'empara de trois jetons laissés sur le côté pour les disposer sur la carte. - J'ai besoin d'accès pour cette zone, celle-ci et celle-là. Lâcha-t-il en posant chacune des pièces marquées d'un dragon. Il se redressa et attendit qu'elle ait finit d'observer la carte pour reporter son attention sur lui. Dévisageant ouvertement la femme entre deux âges qui lui faisait face, il guetta sur son visage quelques signes de son intérêt. A nouveau, elle porta son regard sur la mallette, l'œil brillant, bouche tordue dans une moue réflexive puis elle hocha la tête à trois reprises. - Je veux aussi la fille. En échange, je m'engage à ce qu'elle se tienne pour votre plan. |
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| Sujet: Re: Et toi, qu'est-ce que tu deviens ? (PV) [Warning : langage ] Jeu 13 Jan - 5:43 |
| Elle était attirée par le contenu de la mallette. Sous ce dôme, c'était comme de voir des pilles de lingo sous les yeux. On en trouvait plus, des trucs comme ça... Elle chercha à rester calme quand il lui parla de 15 autres mallettes.
"Laisse-moi appeler Reckless, et ça sera O.K" laissa-t-elle échapper en essayant d'avoir une voix détachée, mais son regard disait le contraire. Cette mule n'était qu'un despote de mannequin. Elle voulait confirmer son accord avec Reckless.
"Je veux aussi la fille." entendit-elle de sa part.
Perdu sur le plan que Clare avait elle-même dessiné avant qu'elle ne fuit dans la nature, elle tiqua un peu.
Elle en revint à lui, suspicieuse. Le dragon déplaça sa face tatouée sur la bouche et la gorge de sa porteuse, ses deux yeux de rubis fixés sur l'homme. Les autres à table étaient plus curieux de la mallette. Ils ne connaissaient pas trop la moitié des trucs qu'il y avait là dedans.
"Tu veux la fille ?" Elle avisa sa manie de ne rien laisser paraître. Un détraqué ? Un pervers ? Un sourire flou dansa sur ses lèvres bleuies par l'encre. Il aimait s'amuser avec des loques qui puaient la merde ? C'est qu'elle en avait vu, des sadiques de première. Toujours propres sur eux, polis, sans trop de sentiments, qu'on ne soupçonnerait jamais en public : anesthésiés de tout, ils semblaient ne pouvoir ressentir du plaisir que dans les trucs hardcore.
"Ok, mais fais gaffe. Si j'apprends qu'elle a utilisé sa magie sur toi ou qu'elle s'est barrée, tu perdras ta tête dans la journée. Et si tu l'amoches, fais au moins en sorte que ça soit pas visible. Je suis pas là pour attirer l'attention sur nous..."
Il voulait son os, elle s'en fichait. Clare lui était un peu troublante mais franchement, elle restait une marchandise bon marché comparée à celle qu'il lui ramenait ce soir. Ne pouvant s'en empêcher, le Dragon attrapa la mallette, la referma et la tendit à son bras droit, qui avait un monocle bizarre calé dans son oeil gauche.
"Vérifie qu'il y ait rien dedans. Pas de traceur, de capteur, autre connerie."
Il acquiesça, se leva derechef.
"Simple formalité" lui dit-elle, avec un sourire sans joie. Puis elle prit son téléphone, pour appeler Reckless. Il avait intérêt à répondre, parce que les autres à côté ça faisait longtemps qu'il avait pas frappé dans le lard, et ce bon chic bon genre de gars il avait la tête de l'emploi. Pour le reste, ils parleraient de ces points, soi-disant stratégiques. Fragiliser le dôme, par tous les moyens, c'était leur objectif numéro 1.
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— Je fais une crise de panique.... crise panique murmura Clare, à l'homme qui se curait les dents et vérifiait dans les cartons, en quête de boîtes de conserve. Il grogna, ce qu'elle prit pour une insulte. Elle respira lentement et fort, ferma les yeux, renversant sa tête en arrière : ses cheveux ne s'agitaient plus, pris dans la glaise d'une boue qui s'était solidifiée après ces quarante minutes d'attente dans cette remise.
— Comment puis-je m'y prendre..... pour aller aux toilettes ? murmura-t-elle, espérant une lueur de sortie.
— Tu fais sur toi. dit l'autre : il avait trouvé sa boîte de viande séchée, ce qui avait illuminé son regard. "Ca changera pas grand chose à ton odeur ." renchérit-il. Il gloussa. Contre toute attente, Clare en fit de même. L'homme reposa sa fière carcasse lourde sur une planche vide. Il ouvrit l'opercule de la boîte sous vide, et fouilla dedans pour en ressortir les morceaux de viande. Le bruit de sa mastication rasséréna quelque peu Clare, qui se calqua dessus, comme elle le faisait habituellement avec le tic tac de son horloge. Les yeux toujours clos, elle balbutia
— ... ai...ai-je... rêvé... ?
Il ne lui répondit pas.
— Il m'eut semblé.... avoir vu.... un homme.... à quoi ressemblait-il ? demanda-t elle, sur un ton qui se voulait suivre le fil d'une conversation.
L'autre avala, se lécha le pourtour des lèvres.
— ... A un mec qui pète plus haut que son cul, si tu veux mon avis.
Clare ricana, sans trop pouvoir s'arrêter. Puis la porte de la remise s'ouvrit. Un des gars, filiforme, aux cheveux hérissés par une quantité de gel inégalable, pointa son doigt maigre sur Clare.
— Finito. Cargaison express. On le donne au George Clooney de la mallette.
Clare rouvrit instantanément les yeux, terrifiée. L'homme se leva de sa planche. Il posa sa boîte de conserve en haussant des épaules, à croire que ça l'arrangeait.
— N..Non ! NON ! — Et c'est reparti... maugréa l'homme. Il rattrapa la chaise. Clare se pencha de tout son poids vers l'avant, comme pour ne pas être tirée en arrière. Peine perdue. — Je dirai ! Je dirai que tu as mangé les réserves si précieuses de ton chef ! — Ok ok... — Et je dirai... que tu lis des revues pornographiques dans le cadre de tes fonctions ! — .... Ouais... — Tu comptes la livrer avec la chaise ? L'homme au double menton prit conscience de ce détail. — Désolé mais moi je la porte pas, elle schlingue à mort. Puis la chaise est foutue, à ce stade.
L'autre acquiesça. Ils n'avaient visiblement pas trop envie de se prendre la tête. Il la traîna, dans un crissement de ciment qui résonna tout le long du couloir, jusqu'à l'adulte pré-pubère qui les regarda passer sans rien dire, d'un air anxieux, alors que Clare lui criait, les yeux exorbités " Ne les laisse pas ! Le Dragon adore cette chaise, elle va être en colère si tu les laisses ... Non.. Non où tu vas ?! Attends ! ATTENDS où VAS-TU ?! "
La porte blindée ouverte, le maigrelet sortit son coupe-boulon qui pendait à sa ceinture,. Il coupa les lourdes chaines qui avaient entravé les pieds et les mains de Clare. Puis les deux hommes se gaussèrent, un coup d'oeil lancé à Milàn.
— Allez, amuse-toi bien hein. fit l'un d'eux.
Sitôt dît, ils refermèrent la porte, dans un grand gong métallique. Essouflée, encore assise sur sa chaise en plein milieu de la ruelle déserte recouverte par la nuit, Clare s'était décomposée en face de l'effaceur. Elle aurait vu un fantôme qu'elle aurait tiré la même tronche. Elle eut un bref regard apeuré, lancé sur le côté. Elle compta les minces secondes, celles de ses meilleures chances. Brusquement, elle pointa son doigt vers un truc dans le dos de Milàn.
"— ATTENTION ! DERRIERE-TOI !"
Sans vérifier s'il mordrait à l'hameçon ou pas, elle se leva soudain de sa chaise. Elle fila en sens inverse comme une dératée. Direction : là où il y aurait un peu de passants ! Un bar, un bar de nuit, ça serait le mieux ! Elle fonça de façon dérangée, imprécise, glissant sur les pavés : on aurait dît un épouvantail déplumé qui, après avoir macéré dans une fosse à purin, aurait soudainement pris vie, décidant alors, dans toute l'horreur de son aspect décrépi, de traverser les quartiers sombres de Londres. On trouvait vraiment des trucs louches sous ce dôme. |
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| Sujet: Re: Et toi, qu'est-ce que tu deviens ? (PV) [Warning : langage ] Ven 14 Jan - 15:33 |
| Les yeux sur la carte du Dragon, pendant qu'elle passait son appel, il tentait de mémoriser la place des différents jetons qu'elle avait disposés, les différents visages, la pièce en elle-même. Parfois, la situation faisait qu'on s'en remettait à des alliés improbables. Les points qui intéressaient la Triade leur permettraient de franchir les points de contrôles des secteurs sans en subir les vérifications. Un déplacement dans toute la zone du dôme était un avantage que peu pouvait se payer. La Triade, si. Il s'appliquait à refouler l'envie de répondre à la bande d'abrutis qui le mangeaient du regard la bouche en cœur. Une cohorte de décérébrés qui n'avaient aucune idée d'avec qui ils étaient en train de traiter et qui tentaient de le provoquer à l'aide de bruits et quolibets aussi douteux que tendancieux. Il se contenta de leur rendre un sourire en coin tout en gardant sagement ses mains croisées devant lui à la manière d'un videur de boîte de nuit. Intérieurement, il avait déjà brisé deux nuques, crevé quelques yeux, et donné naissance à trois eunuques. Ces gens le répugnaient. - J'espère qu'il a un kasher ! - Hé, tu peux pas te payer de pute de luxe que tu les ramasses pleines de merde dans le caniveau ? Lança l'un d'eux en gloussant grassement de sa propre blague. - Il faut croire que non. Souffla calmement l'effaceur, en haussant les épaules. Et sans rien ajouter, il détailla l'autre de haut en bas, gravant son visage dans un coin de sa mémoire. Il ne serait pas difficile à retrouver. - Hé… J'aime pas trop comment tu me regardes, mec. Je suis pas ta poule moi. Continua-t-il en faisant mine de se lever de sa chaise. Le théologien leva un sourcil interrogateur mais déjà, le Dragon avait raccroché et levait la main pour faire taire ce cirque. - Marché conclu. Siffla-t-elle en regardant le théologien. J'ai besoin de deux jours pour tes points d'accès. Et je veux que ce soit toi qui livres la suite, donc tu ramènes ton cul avant la fin de la semaine. Poursuivit-elle avec un sourire canaille. Comme ça tu me diras si tu t'es bien amusé avec le sac à merde. Voyons un peu ça, dit-elle en se repenchant sur la carte… Où est-ce que vous voulez faire joujou tes copains et toi? • Il brûlait d'envie de s'en griller une, mais il ne pouvait se résoudre à toucher quoi que ce soit avant de s'être lavé les mains. L'ambiance grasse et crasseuse de ce gang lui filait la nausée, le risque inconsidéré pris pour la détective lui battait encore aux tempes. Cette fille aurait sa peau, il en était certain. A quoi s'attendait-il ? Jouer les preux chevaliers ? Elle avait plus l'air de sortir d'un tout à l'égout que d'un château, et lui-même s'éloignait grandement de la vision qu'on pouvait avoir d'un fier seigneur sur son destrier blanc. Elle allait encore tout compliquer, sur une situation qui s'avérait déjà inextricable. Il avait pris le risque de faire échouer les négociations… pour quoi exactement ? Un paquet de vêtements dégueulasses sur une chaise, que deux petites frappes déposèrent devant lui au milieu de la ruelle avant de claquer la porte. Elle sentait la crasse d'où il était et s'il reconnaitrait son visage entre mille, il fallait avouer qu'il se trouvait désormais sous une couche de saleté qui lui faisait l'effet d'un masque brunâtre. Clare lui offrait son regard un peu fou, celui qui voit à travers douze dimensions et prête des intentions à des fantômes invisibles. Mais c'était Clare. Et l'avoir aperçue sale et effrayée sur cette putain de chaise avait fait naitre en lui une fureur insoutenable. Il avait envie de retourner dans la salle et les buter un par un, les tenant responsables de l'état dans lequel elle se trouvait. Il le savait depuis le début. Qu'elle aurait sa peau. Depuis le premier jour. Depuis ce foutu jour où elle était entrée dans sa chambre d'hôpital, avec son regard de belette et ses idées de merde. Il fit un pas vers elle, avec prudence. Elle jeta un œil de côté et il pressentit qu'une fois de plus, elle allait faire sa Clare. "— ATTENTION ! DERRIERE-TOI !" et elle détala comme un lapin. - Putain, mais c'est pas vrai ! Beugla-t-il en s'élançant derrière elle. Clare Hare glissait sur le sol comme un fantôme dépenaillé dont les guenilles flottaient au vent. Mue par cette force incroyable qu'elle avait quand elle pétait les plombs, elle courait comme une dératée sur le pavé, sans un regard derrière elle. - Quelle emmerdeuse ! A la fin de la première rue, il avait déjà gagné du terrain sur elle. S'il n'avait pas le moindre doute quant au fait qu'il la rattraperait, il n'avait pas encore eu le loisir de se pencher sur ce qu'il allait lui dire, si bien qu'il ne gagna pas le mètre qui les séparait tout de suite. Une fois encore, il n'expliquait pas son geste. Elle avait le don de faire ressortir le plus imprévisible de lui. Lui qui prévoyait tout, anticipait tout, se trouvait toujours pris de court face à la détective, virant aussi imprévisible qu'elle. Il détestait ça. - Putain Clare, attends! Ne pouvait-elle pas s'arrêter d'elle-même ? Plus il avançait, plus il avait envie de la jeter par terre. Non contente de le mettre dans l'embarras, elle rendait chaque chose plus complexe et plus irritant. Elle tourna brusquement à l'angle d'une rue, et se jeta parmi les quelques passants de la nuit qui regardèrent courir cette femme épouvantail poursuivit par un grand type en noir, d'un œil blasé. Scène probablement courante parmi les noctambules de ce type de quartier. Percutant l'épaule d'un homme au passage il la rattrapa et tendit la main pour l'attraper par le bras. La stoppant net dans sa course, il la fit dévier de sa trajectoire pour la propulser dans une toute petite ruelle qui devait être la sortie des employés d'un bar un peu miteux. Le lampadaire grésillait en tintant lamentablement, comme un stroboscope faiblard. La tirant par le poignet, il la plaqua sans ménagement contre un mur en la maintenant fermement par les épaules. - Qu'est-ce qui te prend bordel ? Les yeux plongés dans les siens, il essayait de comprendre la réaction de la jeune femme. Bien que cela fasse des mois maintenant, comment pouvait-elle se barrer comme ça? Ses cheveux étaient maculés d'une substance douteuse dont il préférait ignorer la provenance. Même ses cils étaient collés. Quant à l'odeur qu'elle dégageait, elle n'avait plus grand-chose à voir avec celle qui le rendait fou quelques mois plus tôt. Ses mains serraient ses épaules plus que de nécessaire, enfonçant ses doigts dans les vêtements raides de crasse. - Mais merde, dans quoi tu t'es encore fourrée ? Questionna-t-il en sentant sa colère monter et redescendre comme sur des montagnes russes. Est-ce que tu sais seulement qui... D'une main hésitante il abandonna son épaule pour écarter une mèche de cheveux poisseux de son visage et la glisser derrière son oreille. - Qu'est-ce que tu foutais là-bas Clare ? Il expira bruyamment et regarda leurs pieds… Ses chaussures à elle, trouées, décousues, maculées de boue, face aux siennes, noires, impeccables. Lorsqu'il la regarda de nouveau, son visage était grave et indéchiffrable. - Est-ce que ça va ? Tu es blessée? |
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| Sujet: Re: Et toi, qu'est-ce que tu deviens ? (PV) [Warning : langage ] Sam 15 Jan - 9:04 |
| Elle y était presque, le bar ! Elle glapit comme une souris qui fait un arrêt quand il l'attrapa ; quel absurde mécanisme. Comme quand on ouvre une bouteille en sachant pertinemment que le bouchon de champagne explose, et ça n'empêche jamais de sursauter ! Hagarde, désorientée et essoufflée, plaquée contre ce mur, elle eut un regard de hibou. Milàn fit preuve de colère, puis plus trop, puis encore de colère, avant de déplacer une mèche de ses cheveux derrière son oreille, machinalement, comme s'ils s'étaient quittés la veille, ce qui la perdit totalement.
Mais merde, dans quoi tu t'es encore fourrée ?
La respiration encore saccadée, elle eut un vague sourire d'excuse, hésitant, amusée par sa sagacité à avoir fourni la réponse dans sa propre question. Puis son sourire mourut d'un coup, braqué sur des ondes capricieuses. Alors ses grands yeux chocolat le détaillèrent avec une intensité mêlée d'incrédulité. Elle le regarda, baisser sa tête : ses cheveux, ses tempes, ses joues, observer le sol, les chaussures, sa lèvre inférieure un peu pleine, le froncement de son front, puis retour à elle plus grave, maintenant dénué de toutes ces rides qui dérangent...
- Est-ce que ça va ? Tu es blessée?
Elle cligna des yeux; secouée par des thèses et des doutes qu'elle n'aurait su cibler -il lui aurait fallu un peu plus d'équilibre mental, un peu moins de parachutages émotionnels. Elle s'était bien accommodée pourtant. Très bien même. Le voir ici n'avait que peu de sens pour Clare, pas plus de sens que ses propos, obscurs pour le coup.... Avait-il réellement posé cette question ? Oh oui, il l'avait posée. C'est qu'il la fixait maintenant avec un air très très sérieux. Ah.. Bah ça alors... Elle aurait préféré laisser son dos glisser le long du mur, rester sur ce sol, en position de mendiante à demi-lunée -ce qu'elle avait composée durant de longues semaines- avec une seule main tendue d'un air secondaire, comme un acteur de mauvaises planches qui passe une audition. A court d'échappatoire, elle céda encore au rire. Un bref gloussement d'abord, puisé dans sa mince réserve d'oxygène : elle hocha de la tête, oui et non à la fois, se reprit, avala une autre goulée d'oxygène sans cesser de rire, ce qui eut pour effet pitoyable de lui déclencher une quinte de toux bruyante ponctuée de hoquets ; rayant définitivement les dernières espoirs de classe qu'on aurait pu voir décanter en elle.
"je me porte.... à merveille !"
D'un revers de sa manche sale - ce qui était absolument dégoûtant - elle essuya ses yeux embués par le rire .
"Et... toi... Milàn ?"
Son nom sonna étrange à entendre depuis sa propre voix, un drôle d'effet de style... les joies de la conversation de ruelle. Dans un reniflement machinal, une composition de son cru pour espérer gagner un air plus serein, elle faisait vraiment fi, avec beaucoup de détachement, de sa ressemblance avec une serpillière spécialisée dans les parterres boueux .
"Je t'aurais bien invité à prendre un café mais...." d'un mouvement vague de son index, elle se désigna de haut en bas "déontologie oblige... haha, oui... "le code vestimentaire" comme si cela avait une légitimité à notre époque..."
Elle éludait tout de la teneur de leur rencontre, préférant s’intéresser au domisme des murs de la ruelle. Elle voulut ranger ses mains dans ses poches, dans un effet de style qui la ferait paraître plus détendue, avant de remarquer qu'elle n'avait pas de poches, ce qui la rendit plutôt idiote ; elle se rattrapa du mieux possible, essuyant négligemment ses mains sur son pantalon.
Le flux des rares badauds dans la nuit n'était pas un métronome suffisant, elle claqua des dents, prise par l’humidité de ses vêtements, égarée dans ses pensées en oubliant déjà d'attendre la réponse de Milàn - craignant qu'il ne rationalise trop l'instant. "Qu'est-ce que tu foutais là-bas Clare ? Est-ce que ça va ? Tu es blessée? "Tout en rationalité, non ? Comme un effaceur. Presque des phrases automatiques. Elle lui lança un coup d'oeil appréhensif.
"Toujours aussi instable dans ta colère... "
Comme si elle était tout à fait habilitée à critiquer les sautes d'humeur des autres, évidemment. Clare était une femme d'âge adulte, elle avait fait ses choix, oui monsieur... oui... ? Soudain elle repensa au Dragon. Un nouveau gloussement l'agita. Mais ses yeux étaient comme ancrés ailleurs, agités tout à la fois.
"Nous avons touché le fond du fond mon cher Milàn... te voilà complice de trafic d'être humain... haha... ha..."
Elle se redressa mieux du mur, l'air à demi-éteint.
— Il serait préférable que je me lave... par respect envers toi... une marchandise sale est une marchandise invendable. La précarité dans les ruelles incite à des petits plaisirs de vie, mais un nez s’accommode mal des odeurs douteuses... à cela, ajouter des sous couches et sous couches de vêtements, et une capuche, afin de cacher le visage, primordial... insensible au sens potentiellement décousu de son discours elle se tapa fièrement le plat de la poitrine de sa paume crasseuse. "j'ai cette qualité de silhouette planche à pain" puis lui lança un regard quasi chaste"tu le sais très bien" avant de rester un peu circonspecte "ce qui entraîne un mystère sur le pourquoi de ton comportement, parfois, non..." elle secoua la tête "je ne comprends pas..." Elle s’éteignit , se ralluma encore, releva vers lui ses yeux toujours grands ouverts, ballottée entre la surprise, le trouble, les inflexions.
— Je n'aurais jamais songé... Elle se tut, perdit le fil de ce qu'elle voulait dire. Sa redite allait aux prises de conscience immédiates. Eviter le plus de pensées parasites, autant que faire se peut...
"... qu'une douche me manquerait à ce point, oui... Où allons-nous ?"
A croire qu'il ne s'était rien passé plus tôt, que son allure d'épouvantail soumis aux altérations du temps dans un champ vicié était normal, très normal. Elle regardait déjà poliment tout autour d'elle comme une touriste alimentée par des clichés de ville, ceux que l'on trouve uniquement sur les images de cartes postales. |
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| Sujet: Re: Et toi, qu'est-ce que tu deviens ? (PV) [Warning : langage ] Mar 25 Jan - 16:14 |
| - C'est vrai que tu pues. Lâcha-t-il pour toute réponse en l'embarquant par le bras d'un pas vif. Avait-elle vraiment dit ça ? Lui, instable ? Que dire d'un épouvantail crasseux qu'on trouve dans les bas quartiers ? Qu'on trouve constamment sur son chemin sans avoir rien demandé ? Qui vient sonner pour mieux s'enfuir comme s'il s'agissait d'un jeu d'enfant visant à faire sortir le voisin… Un épouvantail qui pleure et rit en même temps, vous gifle d'une main pour vous caresser de l'autre. Il soupira et secoua la tête. Il chercherait à comprendre quand elle serait débarrassée de toute cette crasse odorante. Il l'entraina dans les ruelles plus ou moins animées, sans ajouter un mot, tirant volontairement sur son bras pour la faire avancer plus vite, accélérant un peu le pas pour qu'elle soit obligée de fournir un effort. Il se sentait toujours en colère, après elle mais surtout après lui pour la laisser devenir une de ses faiblesses. Aujourd'hui, il avait pris un gros risque pour elle. C'était une réaction absolument stupide et non calculée qui aurait pu lui couter cher. Et pourtant, il l'avait fait. Mutique, il la fit entrer dans Eccleston Square en ne cessant de jeter des coups d'œil de chaque côté. Autrefois, il s'agissait d'un jardin privé qui offrait un cadre agréable et florissant au sein de Pimlico dont les seuls vestiges désormais, était les bordures délimitant jadis les massifs de fleurs. Maintenant, c'était un lieu de deal et de consommation de drogues particulièrement mal famé. L'effaceur resserra sa prise sur Clare au niveau de son avant-bras et la rapprocha de lui, autant pour dissuader quiconque de venir lui parler que pour l'empêcher elle-même de faire quelque chose de stupide qui leur porterait préjudice à tous les deux. Il accéléra encore le pas. Bien que leur présence n'attire pas les regards des gens trop occupés à leur trafics, il ne souhaitait pas particulièrement avoir à en découdre avec la population locale. Lorsqu'ils sortirent du par cet débouchèrent sur l'Elizabeth's bridge, il sorti son Backberry et consulta rapidement un document. - Ce ne sera pas le grand luxe, mais on sera tranquille. Et tu pourras prendre une douche. Ajouta-t-il en s'arrêtant. Au niveau du pont se trouvait un point de contrôle permettant l'entrée au secteur West. Deux miliciens se trouvaient face au terminal d'entrée, armés, dos au mur holographique qui barrait la route. L'effaceur les observa un court instant avant de se retourner vers Clare à qui il jeta un œil grave. - Rien de stupide. Lui lâcha-t-il sans plus de détails. Puis, fouillant dans la poche intérieure de sa veste, il extirpa un petit bracelet en plastique noir contenant un circuit imprimé miniature. Remontant la manche de Clare sur son bras, il entreprit de lui passer le bracelet autour du poignet. - S'ils exigent un contrôle, tu le passes devant la borne. Expliqua-t-il en désignant le circuit imprimé. C'est un pass à usage unique, alors inutile de te sauver avec ensuite, tu n'irais pas loin. Crut-il bon de préciser. Une fois qu'il eut fini de nouer le bracelet, il replaça la manche de Clare, son pouce s'attardant un court instant sur son poignet. Et lui jeta un dernier œil un peu inquiet. Avec ses réactions imprévisibles, il pouvait s'attendre à devoir se jeter dans la Tamise pour fuir. - Et surtout, ne parle pas. Laisse-moi faire. Ils s'avancèrent tous deux dans la pénombre et s'arrêtèrent face aux miliciens qui levèrent leurs armes à leur arrivée. Milàn déclina son identité et passa son propre poignet devant la borne qui s'éclaira d'une lumière verte. Clare n'eut pas besoin de se servir du sien, les miliciens s'étaient écartés sur le côté pour les laisser franchir le portail d'accès au secteur Ouest. • C'était plus un studio qu'un appartement. Le mobilier était vétuste, ce qui contrastait grandement avec les façades d'un autrefois luxueux quartier. Un canapé déplié qui servait de lit, une cuisine rudimentaire, une commode, une table et quatre chaises en étaient les principaux éléments. Milàn fit rapidement le tour des lieux pour s'assurer qu'aucun occupant indésirable ne s'y logeait puis poussa Clare dans la minuscule salle de bains sans ouverture. - Je ne te garantis pas l'eau chaude, mais au moins… il y a de l'eau. Dit-il en lui tendant une serviette. Je devrais pouvoir te trouver un T-shirt et un pantalon. Question silhouette on restera probablement dans le même style esthétique mais au moins ça sentira autre chose que les égouts. Ajouta-t-il en la laissant face à la douche. De retour dans la pièce principale, il s'assura que les deux verrous étaient poussés, plaça la table contre la porte et fouilla la commode dont il sorti un T-shirt noir bien trop grand et un treillis de la même teinte dans laquelle elle flotterait très certainement. Il déposa les vêtements sur la chaise, devant la salle de bains et s'assit sur le canapé, la tête dans la main. Il resta un court instant à réfléchir ainsi, guettant le bruit de l'eau dans la pièce d'à côté puis dégaina son Blackberry et rédigea un court message crypté pour notifier du succès de sa mission. |
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| Sujet: Re: Et toi, qu'est-ce que tu deviens ? (PV) [Warning : langage ] Jeu 3 Fév - 21:36 |
| Clare se trouva, assurément, aussi surprise qu'amusée. Elle ne s'était plus amusée de la sorte depuis... longtemps ! Loin de comprendre le sérieux qui habitait Milàn, qui avait toujours cette propension a être sérieux, la faute a sa phobie de laisser égarer contre son grès toute émotion qu'il n'aurait pas savamment sélectionnée (c'est du moins ce que Clare pensait) elle tira le trait, adopta son expression fermée, faussement irritée, tout en regardant, avec une curiosité heureuse, le bracelet qu'il passait maintenant à son poignet. Elle ne put s'empêcher d'échapper un murmure surpris : — "fascinant", alors qu'elle faisait tourner le bracelet à la lueur faiblarde des réverbères en fin de vie. En passant devant les miliciens, elle leur offrit un vague salue militaire. Ss yeux s'acclimatèrent à la pièce de vie qui l'entourait comme face à un soleil. Loin de l'ancien appartement rutilant, lisse, de Milàn, il plut beaucoup à Clare. D'un geste absent, elle forma un espace entre son pouce et son index, l'agrandissant ou non en fonction de la taille des objets à sa portée qu'elle pouvait mesurer, puis se vit brusquement pousser dans la salle de bain.
Un instant, elle eut dans l'idée de jouer les offusqués, puis, se remarquant dans le reflet du miroir qui lui faisait face, Clare trouva l'empressement de Milàn justifié.
"—Rien de stupide.. pour qui me prend-il ?" chuchota-t-elle, étonnée, encore calquée sur sa colère toute chiquée. D'un geste emprunté, comme une enfant qui cherche des bonbons dans un placard normalement fermé à clé, elle fouilla dans les tiroirs. Elle n'y trouva pas grand chose. Mais elle fut satisfaite de ses trouvailles, qui comprenaient un dernier rasoir jetable pour homme et une sorte de déodorant.
"— Ne parle pas. Laisse-moi faire... A-t-il omis ma collaboration de longue durée avec le Dragon... je m'acclimate de ces "différents d'affaires" avec plus ou moins de brio... un peu de crasse n'a jamais tué personne... Qui a dessiné le plan ? Qui a tout intérêt à soigner ceux qui... BONSANG !" venant de retirer son pantalon, elle avait oublié sa blessure à la jambe. Sautillant sur sa jambe encore sauve, elle se retint au rebord du lavabo, étouffant son prochain juron alors que son reflet la fixait encore dans la glace.
"— Oh ne me regarde pas comme ça... !"
qui donc ? Mais ces yeux ! Ces yeux qui avaient l'air absolument surpris. Deux yeux d'un marron mal piqueté au milieu de cette tête de minier. Elle continua a parler longtemps de la sorte, sans se sentir gênée. Dans sa tête, le vide qu'elle avait composé marchait mieux quand elle parlait : il était difficile de parler et réfléchir à autre chose que ce dont on parle. Son discours tenait essentiellement à ce qu'elle avait vu. Chaque jour, elle se faisait la réflexion de sa journée.
Il y en avait douze. Douze à table. L'homme au monocle, fidèle associé et le plus bizarre, thusien aux dents longues. Le double menton. Le gringalet. Le grand tatoué. Le blond à la gueule carré. Celui aux allures de serpent, et pourtant il était un païen, étrange combinaison ! La femme robuste mais petite de taille. Le chauve qui avait de l'or à la place des dents. Le vieillard discret aux vêtements vétustes, un autre païen- pour Clare, il lui sembla le plus dangereux de tous. Le très jeune garçon au teint blafard, un thusien qui devait assurément être plus âgé que Clare. Le nerveux qui se passait tout le temps la langue sur les lèvres. Le beau roux dont les bagues aux doigts formaient un poing américain. Milàn avait été le treizième. Haha ! Si ce n'était pas horripilant ! Elle gloussa si fort qu'elle faillit en lâcher son rasoir. Puis, Clare se fit la réflexion que si Milàn était d'une grande sagacité dans beaucoup de domaines, il jouait l'idiot dans d'autres : trop impulsif ! Un homme qui calcule les moindres pavés sur son chemin, ne peut que sursauter devant une dalle démontée !
"— Ce soir, je lui trouve une ignorance surprenante de la psychologie... nul besoin de ce rasoir, j'aurais pu briser ce miroir. Un être à l'état instable en public, il faut s'attendre à tout... à tout ! " elle resta immobile, rasoir dans sa main, puis se réveilla d'un coup, comme reconnectée, se mit à fredonner.
Just sittin' me here grabbin' At the flies 'round my rockin' chair Old dear aunt Harriet How long to Heaven she be? Send me a sweet chariot For the end of the trouble I see
Ils dansaient dans le salon. Loana pouffait, et Clare les regardait, elle les regardait tournoyer et s'amuser : ils n'auraient pu concourir pour une publicité : son père avait les cheveux toujours mal coiffés, des yeux cernés, sa mère avait des cales aux doigts à force de gratter une guitare... et leur bonheur était authentique ! Elle ne s'était jamais souvenue que Marisa jouait de la guitare... jamais...
Consciencieuse, Clare termina de se laver pour la troisième fois. Le rasoir propre, la douche propre, toutes les "imperfections" disparues dans la bonde, l'eau tournoyant, tournoyant... le plus difficile fut de laver ses cheveux. L'eau froide avait un peu bleuies ses lèvres, à sa propre surprise. C'était étonnant, d'être une femme qui se vaut... non ? Tapotant ses joues, comme pour se reveiller elle-même, elle remarqua ce après la serviette. Elle l'enroula rapidement autour d'elle sans trop se formaliser à sécher plus longtemps ses cheveux, remit son bracelet -fabuleux !- et sortit de la salle de bain.
— Le contrôle, le contrôle, vite, qu'on l'enferme dans cette salle de bain ! laissa-t-elle échapper sur un ton ailleurs, claquant des dents. Elle sentait ce déodorant d'homme dont elle avait abusé, à croire qu'elle cherchait à repousser, encore ici.
— Aurais-tu du café ? demanda-t-elle, à brûle-pourpoint, se désintéressant des vêtements pour aller fouiller dans les tiroirs. Sa serviette trop courte, elle avait oublié sa blessure fraichement recousue, visible sur le haut de sa cuisse droite. Le sol était froid sous ses pieds. Toute cette atmosphère glaciale qui l'éprouvait lui faisait un grand bien. Ses gestes étaient à la fois absents et rapides, ce qui lui donnait l'allure d'une rêveuse névrosée. En temps normal, Clare était précise ou désordonnée, à des intervalles parfois très courts, mais jamais en même temps...
— Que dit-on à l'égard d'une personne nouvellement venue ? L'invitation, la plus commune qui soit : "Voulez-vous un café ?"
"— Avec ou sans sucre..." ajouta-t-elle, elle-même étonnée de s'en souvenir ; un petit gloussement l'agita pendant qu'elle ouvrait une boîte alimentaire. |
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| Sujet: Re: Et toi, qu'est-ce que tu deviens ? (PV) [Warning : langage ] Mar 22 Mar - 11:06 |
| Putain mais elle chantait.
Il entendait la voix basse de Clare fredonner quelques mélodies tandis qu'il se surprenait à essayer d'en distinguer les paroles.
Est-ce qu'elle chantait réellement Rocking Chair là?
Cette fille était folle. Il ne comprenait pas qu'il puisse encore en douter parfois. Elle avait les réactions les plus inappropriées qui puissent être, conjuguait l'art de se fourrer dans des situations inextricables avec un instinct de survie basé sur les normes d'une autre planète.
Il serra les lèvres lorsqu'elle sortit de la salle d'eau, retenant les commentaires acerbes qui se battaient en duel avec son envie de la secouer contre le mur pour qu'elle explique les choses normalement. Sans les détours et circonvolutions de son esprit fantasque. Inspirant calmement, il la regarda évoluer dans la pièce, fouillant le studio comme si on l'avait invité pour le thé.
Le café.
Il s'efforçait de ne pas s'attarder sur ses épaules nues, les courbes de son visage qui avait réapparu maintenant qu'il était débarrassé de la crasse qu'elle portait en fond de teint, sur ses jambes dépassant de la serviette, longues et fines, couvertes d'hématomes qu'elle s'était probablement faite seule. En revanche, il fixa un moment le haut de sa cuisse, grossièrement recousue et dont les bords encore rouges témoignaient de la récence.
Avec ses cheveux qui dégoulinaient sur le sol, elle claquait des dents sans sembler s'en formaliser. Il suivit des yeux les traces humides que ses pieds laissaient sur le sol et se décida enfin à ouvrir la bouche.
- Je crains que le sucre roux ne soit désormais une denrée rare...
En deux enjambées, il l'avait rejointe. Et s'il prit soin de ne pas la toucher, il ne put éviter les volutes de déodorant qu'elle dégageait. Si avec une autre le message était clair, avec elle, on pouvait s'attendre à tout. Elle avait peut-être reconnu là une odeur qui l'intriguait. Elle aurait pu également, imprégner toute la salle d'eau pour y mettre ensuite le feu…
Avec Clare, rien n'était ni simple, ni prévisible.
S'il avait fallu lui trouver un nom de code, il aurait choisi Oganesson. Un élément chimique des plus instable. C'était parfait pour elle.
Avec une douceur qui le surprit lui-même, il lui prit la boîte des mains et la reposa sur l'étagère pour en attraper une autre, qui contenait du café.
- Assieds-toi. Ordonna-t-il en désignant le canapé.
Avec des gestes sûrs et précis, il remplit le filtre de la vieille cafetière qui trônait dans un coin. Elle faisait presque figure de luxe par les temps qui courraient. On était loin des machines à expresso aux saveurs diverses et variées qui pullulaient dans chaque foyer quelques mois plus tôt. Les choses étaient instables aussi. Le confort, la paix, la vie. Rien n'était jamais acquis.
Après une brève hésitation il ajouta deux cuillères de plus, se délectant de l'odeur qui émanait d'un pauvre café bas de gamme. Il ne dormirait pas, sinon elle s'en irait.
Tandis qu'elle n'obéissait pas à son injonction – était-ce étonnant – il ajouta de l'eau dans le bol et lança le tout dans un bruit de machine qui a été réparée probablement une fois de trop déjà. Lui tournant le dos, il inspira une nouvelle fois. Pas question de se laisser à nouveau entrainer par je ne sais quel tourbillon d'elle, comme ils en avaient autrefois l'habitude.
Avec toute autre personne, il avait toujours un coup d'avance. La vie était semblable à une immense partie d'échecs. Les stratégies des uns et des autres lui apparaissaient toujours clairement, si bien qu'il était rapidement en mesure d'analyser les mouvements qui lui permettraient de prendre de l'avance sur son adversaire. Avec Clare, les parties étaient illisibles. Il n'était pas certain qu'elle ait elle-même une stratégie. Peut-être avançait elle les pièces parce qu'elle les trouvait fascinantes. Peut-être s'amusait elle à le désarçonnait. Peut-être inventait elle ses propres règles. Quoi qu'il en soit, elle ne lui permettait aucune lecture de jeu. Ce qui au lieu de l'inciter à s'éloigner, semblait avoir sur lui l'effet inverse. Quels que soient les recoins du dôme dans lesquels elle se trouvait, il finissait inlassablement par tomber sur elle.
Alors que la cafetière peinait à passer son jus noir et fumant, il se tourna à nouveau vers elle et l'attrapa par le bras. Avec un peu plus de ménagement que dans la rue, il la força à s'assoir dans sa serviette trop courte qui ne cachait plus grand-chose et s'accroupit à côté d'elle.
- Laisse-moi voir ça. Lâcha-t-il en désignant sa cuisse.
Avec précaution et sans attendre son assentiment, il remonta la serviette pour dégager entièrement la plaie, prenant soin de ne pas l'effleurer puis grimaça légèrement.
- Ils ont dû supprimer les cours de couture du cursus de médecine. Il faut désinfecter. Sinon tu risques de devoir trouver un autre moyen que tes jambes pour te sauver.
Il se leva à nouveau et se dirigea vers le tiroir d'une commode dont il extirpa une mallette de premier secours. De retour vers elle, il entreprit d'en extraire quelques produits et s'affairait sur sa plaie.
- Je t'écoute. Maugréa-t-il sans lever les yeux sur elle, priant pour qu'elle ne prenne pas ça comme une invitation à chanter.
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| Sujet: Re: Et toi, qu'est-ce que tu deviens ? (PV) [Warning : langage ] Jeu 24 Mar - 20:10 |
| Clare s'imagina ce qu'il serait advenu de leur rencontre en d'autres termes. Si trente ans avaient passés, par exemple, des rides au coin des yeux, des cheveux blanchis, à se reconnaître de loin, dans un mouvement de foule qui aurait engagé les questions bizarres, Milàn promu au rang d'un chef de milice, peut-être, et elle, bâchant à la solde d'un quelconque requin qui lui aurait permis de ré-organiser un minimum le chaos, non pas en l'éliminant (éliminer le chaos, aux yeux de Clare, était le meilleur moyen de détruire les libertés) mais on y posant des pièces, ranger le chaos, un chaos plus en ordre, comme des jouets donnés à des enfants pour éviter qu'ils n'hurlent de leur malheur. Cette harmonie était un fléau moral, quand elle y songeait... Et pendant qu'elle pensait à tout ça, elle ne dit pas un mot. Inutile de bouger. Il le ferait pour elle ? Ah. Il n'avait pas changé. Quand il la força à s'asseoir, elle lui adressa un sourire hilare.
Elle l'observa faire. Son sourire se perdit vers un air plus songeur.
Elle continua à réfléchir. Elle ne sut s'il évitait son regard pour se focaliser sur sa tâche. Elle resta silencieuse de longues minutes, préféra penser à ces autres choses que la majorité des vivants avaient délaissé au profil d'une logique qui avait fini, personnellement, par l'éreinter... Elle sentit la douleur cuisante de sa jambe la punir. Ses yeux un peu vides d'émotions s'égarèrent sur la nuque de Milàn qui, consciencieux, faisait des gestes bien inutiles ; Clare se demanda, un instant, combien de macchabés avait-il recousu avec pareille précaution ?
Mutique, elle posa sa paume froide contre la nuque de Milàn. Ses sourcils se froncèrent, imperceptiblement. Son pouvoir scanna un peu cet homme, comme si elle essayait de se rappeler de son identité de façon plus mécanique.
"Que veux tu que je te dise."
Par cela elle semblait dire "allons bon, parlons, recommençons de la sorte", sa bouche gercée souriant de nouveau : elle donnait vraiment l'air d'avoir trop vieillie, sans la sagesse qui en poursuit certains, juste comme ceux qui ont abandonné le sens de ce qu'était vertu, ajoutant à cela ses allures de serpillère usée mal essorée -mais n'avait-elle pas toujours semblé un peu ainsi, une vieille personne débraillée aux comportements de gamine ? Dans un glissement calculé, avec une expression émerveillée, elle caressa les cheveux de Milàn avec beaucoup de précaution, plus polie qu'aguicheuse- paradoxal au vu de son accoutrement, mais Clare ne s'en formalisait pas, elle n'avait jamais été très pudique.
"Quelques jours, j'ai pensé que tu étais peut-être mort. Toi, et ceux que j'avais appris à apprécier. Pas une larme, pas un remord. J'ai récemment découvert une partie de moi que je ne soupçonnais pas aussi vide. Mais tu es là. Comment tu portes-tu ? As-tu appris à manigancer de nouveau ?"
Elle pouffa. Cette photographie dans le quartier de Xya, Milàn et ses doubles jeux. Puis plus rien. Peut-être avait-on fini par comprendre ses fourberies, avait-elle pensé. Mais non le voilà, toujours aussi fringant ! Quel incroyable renard !
"Moi, j'eus appris que mon oncle avait été promu, alors je fis profil bas; je n'en veux pas aux autres de vouloir ma peau... si tu savais à quel point ils ont raison" finit-elle par lui murmurer en se penchant vers lui, avant de lui tapoter la nuque de façon paternaliste. Puis elle soupira bruyamment, préférant s'adosser contre le canapé, avec la sensation désagréable de ses cheveux mouillés collés entre ses omoplates et le tissu du dossier.
"Allons bon Milàn. Parle-moi un peu de toi ! M'écouter, m'écouter, à ta place j'en aurais marre ! Toujours à m'écouter, m'écouter raconter l'histoire du vent ! Une interprétation qui ne concerne que ma tête malade ! As-tu trouvé réponses à tes propres chimères ? As-tu pu en savoir un peu plus sur ta propre enfance ? Quand le futur est incertain, il est plus aisé de courir vers son passé... Mais attention ! Quand on y arrive, sur cette place qui n'existe plus..." elle ne termina pas sa phrase, préférant ne pas emprunter cette pente brumeuse. Elle reposa sa tête contre le dossier ; tout en se demandant si ce n'était pas là bas que quelque chose de plus grand qu'elle l'avait dépossédée d'elle-même. |
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| Sujet: Re: Et toi, qu'est-ce que tu deviens ? (PV) [Warning : langage ] Mer 18 Mai - 15:12 |
| Il frémit sous sa main fraîche. Quand bien même savait-il ce qu'elle faisait, il fut amer de constater ce que le contact de sa paume provoquait. Ce n'était qu'un frémissement, mais il parcourut chaque parcelle de sa peau et enveloppa son esprit de sa présence obsédante. Comme par réflexe, il bougea légèrement la nuque, vaine tentative pour déloger la main qui demeura là où elle était et pire encore s'engagea dans ses cheveux. Une fois de plus, il se surprit à naviguer entre l'envie de lui en coller une et le besoin d'attraper sa main pour la porter à sa bouche. Sa main et tout le reste. Tandis qu'elle parlait, il forçait son esprit à ne s'attarder que sur ce qu'il faisait pour ne laisser aucune des pensées parasites qu'elle était capable de faire naitre prendre l'ascendant sur ses gestes. Les paroles de Clare glissaient sur lui alors qu'il s'évertuait à dresser un rempart entre elles et lui. Qu'il était mort ? Lui-même y avait cru. Il ne devait son salut qu'à un jeu d'alliances sournois et peut-être à des faits qui aurait fait passer Faust pour un bien piètre négociateur.
Après avoir consciencieusement nettoyé la plaie, il prit l'initiative d'y ajouter quelques points de son acabit. Réguliers et bien serrés, ils dénotaient du travail grossier qui avait été fait un peu plus tôt. La blessure n'était pas très belle à voir et devait faire souffrir Clare plus qu'elle ne le disait. De la trousse de soin, il extirpa les compresses et bandes nécessaires pour protéger la plaie et poursuivit son travail sans répondre. Ses gestes précis, automatiques et méticuleux lui permettaient de détacher son esprit de ce qu'il faisait pour y remettre un peu d'ordre. Clare et ses questions. Ses insatiables questions qui vous retournaient les tripes. Les posait-elle vraiment innocemment ? Où était-elle consciente d'appuyer elle aussi sur les plaies ? Il sourit amèrement à ses mots, heureux que sa tête penchée masque son visage aux yeux de la jeune détective. Ses chimères… Se doutait-elle qu'elle en faisait allègrement partie ? Réalisait-elle à quel point aujourd'hui encore il avait pris des risques parce qu'après tout ce temps, elle hantait encore ses nuits ?
Presqu'avec colère, il jeta les dernières compresses dans le sac plastique qui accompagnait le kit et le referma. Toujours sans un mot, il se leva, laissant là Clare, avachie contre le dossier du canapé, à demi-nue, ses cheveux gouttant laborieusement sur sa peau claire. Déposant le sac sur la commode, il nota mentalement qu'il lui faudrait le brûler. Toute trace de la présence de Clare ici devrait être effacées. Au cas où. Machinalement, il consulta son BlackBerry et le replaça soigneusement au fond de sa poche. Il se lava soigneusement les mains à l'évier, les pensées toujours vagabondant et demeura un instant face à l'eau qui coulait à essayer de dompter les élans divers et variés que provoquait la simple présence de Clare dans la pièce. Bien sûr il s'en voulait. Comment avait-il pu être aussi stupide ? Il lui en voulait plus encore. Cette imprudence. Ce besoin obsessionnel de se foutre constamment dans une merde noire. Une partie de lui était soulagée. A plusieurs reprises, il s'était demandé ce qu'elle devenait. Après avoir obtenu quelques renseignements, il l'avait su toujours en vie mais s'était refusé à la contacter. Avec l'expérience, il avait appris que leur proximité n'était jamais de bon augure. Et maintenant, elle était là.
Il se retourna enfin et risqua un regard vers elle.
- Clare bordel, pour une fois dans ta vie. Est-ce qu'on peut parler normalement ? Se surprit-il à lancer malgré lui. Qu'est-ce que tu foutais là-bas ? Chez elle ? Qu'est-ce que tu avais derrière la tête et qu'est-ce qui a mal tourner ? Qui ai-je pris le risque de voir débarquer cette fois en t'amenant ici ?
En trois pas, il fut devant elle et s'agenouilla à nouveau au pied du canapé. Sa main attrapa celle de la jeune femme, la serra brièvement puis la lâcha de nouveau comme s'il s'était brûlé. Puis, portant une main à son front, il détourna le regard et s'assit dos contre le sofa, aux pieds de la détective.
- Et s'il te plait, ne fuis pas une fois encore… J'ai besoin de comprendre. Vraiment. Ajouta-t-il avec lassitude.
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| Sujet: Re: Et toi, qu'est-ce que tu deviens ? (PV) [Warning : langage ] Dim 22 Mai - 0:03 |
| Et il parlait... il parlait.... Ah les effaceurs qui parlaient, qu'ils étaient rasants !! Avec leurs explications. Toujours des explications à donner ! A Ligma, à se justifier. Au niveau 0, à devoir s'expliquer.... ah, non, ne pas penser à cela, éviter le niveau 0 ! Elle hocha de la tête, préféra lever ses mains en l'air pour mimer un chef d'orchestre, qui se moque des blablas incessants des instruments de musique, toujours adossée contre le sofa, la tête posée sur le dos du canapé.
"Une discussion construite, normale, lalala... la normalité, quelle hérésie de me demander cela à moi !" Elle lui jeta un regard méchant, énervée contre lui à présent.
"Qu'as-tu donc besoin de comprendre ? Dois-je te rendre des comptes ?"
Comme si ses échanges avec le Dragon avait été somme toute très normaux et courtois... eh bien oui, en quelque sorte ! Etre enchainée à une chaise, ça n'avait jamais tué personne, après tout ! Puis elle le sentit trop proche d'elle. Il était à ses pieds, là, et elle se rendit soudain compte du peu de considération dont elle faisait preuve, à se laisser piéger si aisément ! Alors elle se releva derechef, jugea bon de tenir le bord de sa serviette, à présent, comme pour se sentir plus personnellement outrée, et contourna le sofa.
"J'empeste... quel affreux déodorant tu portes là, une infection !" Sans demander son reste, ignorant délibérément qu'insulter la qualité de son déodorant était de très mauvaise foi compte tenu de son état passé, elle retourna à grands pas dans la salle de bain, et claqua bien la porte derrière pour exprimer son mécontentement. Il n'y avait pas plus d'eau chaude. Elle pesta à demi-mots, le temps qui lui fut pour se laver encore. Elle laissa l'eau gelée lui mordre la peau, et anesthésier sa blessure, effacer ses pensées parasites. Elle n'avait aucune idée de pourquoi elle reprenait une douche, si ce n'était pour s'occuper à ne pas penser. Elle se sentait en colère. Elle ne voulait pas réfléchir au pourquoi de sa colère, car réfléchir était très dangereux. Très.... Quand elle eut fini, après environ dix minutes, elle retrouva sa serviette. Elle rouvrit la porte avec fracas aussi vite que lorsqu'elle avait disparu de la pièce.
"J'ai vu un homme se plomber la cervelle, d'un grand bang ! dans la bouche ! Un fou furieux... mais comme investi d'une mission." annonça-t-elle fort, et elle attrapa les vêtements qu'il lui avait laissés.
"Il était futé Milàn, oooh incroyablement ! Nous avons discuté, mais avant, j'eus besoin de le dénicher avec l'aide de quelques autres..."
Elle enfila le pantalon, sautillant, les cheveux trempés, comme une dératée pour le remonter, comme on se changerait au milieu d'une plage bondée.
"J'ai signé un marché avec le Dragon, nous avions pris cette fâcheuse habitude de se rendre service mutuellement... Soit ! J'ai rencontré... des difficultés dans mon enquête ! J'ai été terriblement inefficace, je n'eus d'autre choix que de lui demander son aide..."
Elle prit le grand t-shirt, et passa alors la tête du t-shirt tout en gardant sa serviette autour de sa poitrine. Tout cette scène était d'un risible déconcertant...
"Or j'étais bien en mal de penser que l'un de ses sujets serait tué lors de notre opération."
Elle passa difficilement les bras du vêtement.
"J'ai donc opté...pour la discrétion, d'une façon plus ou moins honorable..." s'échinait-elle à expliquer, cherchant à retirer la serviette de bain, qui refusait catégoriquement de se dérouler au niveau de son flan gauche.
"Lorsque le Dragon m'a retrouvée, certes, nous avons eu quelques différents ! Notre discussion de la veille n'a pas évolué comme je l'avais escompté mais... j'étais sur la bonne voie !" Elle réussit à s'extirper de sa serviette, clopinant de trois pas vers la droite, presque essoufflée, ses cheveux trempant déjà le col du t-shirt.
"Mais toi ... ! Toi !"
Elle le désigna de sa main qui tenait la serviette.
" "Et dorénavant, tu me demandes de "parler normalement"... " ajouta-t-elle doucement, avant de jeter la serviette sur le sofa.
"Parler normalement... t'ai-je jamais prouvé qu'il n'y avait rien de normal, rien qui soit normal dans ce monde !!! Oh mais pourquoi n'as-tu pas côtoyé une biologiste de talent, ou une médecin émérite ! Dans ton appartement de l'époque lisse, propre comme un sou neuf... quelle folie t'a pris alors, de poursuivre la discussion avec quelqu'un qui ne saurait être normal, et ensuite sommer ce quelqu'un de lui parler normalement, ah ah !!!" Rageuse, Clare alla se verser son café. Sa main tremblait. Elle avait comme peur, cette peur irrationnelle de regagner plus de lucidité, et se souvenir alors pourquoi elle avait fui l'appartement de la vieille dame. D'un geste machinal, elle porta une main à sa nuque, puis se ravisa, comme si rien ne s'était passé. Dos à Milàn, elle se souvint d'un geste plus ancien. Elle chercha à respirer, profondément, mais elle était toujours essoufflée. Elle comprit assez bien que si elle tentait, maintenant, une évasion rapide, il lui tomberait dessus, encore. Elle fut partagée entre l'envie de se prostrer ou lui jeter sa tasse à la figure.
"Cela est terriblement injuste..." lâcha-t-elle, avant de boire une dernière une gorgée.
"De revenir de la sorte, et de me demander de parler normalement..."
Elle fit volte face, dans sa tenue débraillée, avec ses cheveux mouillés mal coiffés, son teint caverneux, ses valises sous les yeux.
"Devrais-je jeter cette tasse contre le mur ? Et partir comme un prince fier ?" Elle le pointa du doigt, pour ne pas qu'il se sente piqué par ce retour de mauvaise tirade
"- ceci était une blague... une simple blague.... " souligna-t-elle.
Elle refit volte face, marcha le long de la pièce pour inspecter les lieux ; ses yeux couraient sur les objets, la mine plus concentrée.
"J'apprécie nettement plus cet endroit... il te sied mieux..." elle se rappela du bracelet, l'examina à son poignet, songeuse, avant de retourner vers lui. Ne pouvant plus trouver de choses à examiner, Clare finit par s'assoir à ses côtés, à même le sol dans un soupir éreinté, les sourcils froncés, comme si elle avait couru des heures. Son dos contre le bas du sofa et son épaule contre la sienne, elle baissa les paupières un instant...
"J'aimerai cesser de penser ainsi, or..." son index désigna des boucles d'infinie vers ses tempes, la gauche, et la droite "Ces bruits, ces discussions... tous ces détails.... comment les gens font-ils pour ne pas les entendre, les voir à longueur de temps ?"
Depuis petite c'était ainsi.
"Dis-moi donc... Qu'est-ce cela fait, d'être normal ?" finit-elle par lui demander, presque avec regret.
Malheureusement, Clare pensa qu'être normale dans son enfance aurait valu à ses parents, à Loana, de rester vivants. Ce fait, qu'elle avait passé tellement de temps à éloigner de ses réflexions, la terrifia. Elle ne put que dodeliner de la tête dans un silence anxieux. |
| | | | Sujet: Re: Et toi, qu'est-ce que tu deviens ? (PV) [Warning : langage ] |
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