le sommeil qui se louve Carte IDMétier: fugitifTalents/Pouvoirs: Âge du personnage : 30 ans
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| Sujet: La lente agonie d'une fleur dans un vase | 09.03.20 | Ven 1 Fév - 18:19 |
| ou la décadence de la famille Randall. merci Clare ! l'arbre a disparu - [/img:
Elisabeth et Aaron Randall vivaient près de Slough. Sur un petit terrain, ils avaient aménagé une ferme autonome où ils travaillaient avec leurs deux fils, pour subvenir à leurs besoins. Païens et très croyants, ils menaient une vie simple, à l'écart de la ville et de ses nouvelles technologies. - CHAPITRE I:
Jane, née le 17 janvier 1969 – Païenne J'ai rencontré Robert lors d'une cérémonie [ païenne ], organisée par une communauté dont mes parents étaient proches. Tous les jeunes étaient amenés à se connaître et à se voir régulièrement ; Robert et moi sommes facilement devenus amis. Issus du même milieu, nos vies s'entrecroisaient ; je connaissais très bien sa famille, notamment son frère Richard avec qui nous formions un trio parmi notre génération. C'était une belle époque. Nous étions jeunes, pleins d'idéaux novateurs, pleins d'énergie et de volonté : l'avenir nous ouvrait ses bras.
Richard, né le 12 novembre 1969 – païen Quand on était gamins, Robert et moi, on nous confondait souvent. En vérité j'ai toujours été bien plus malin, bien qu'il soit loin d'être bête. C'est mon aîné d'un an, et il mûrit toujours ses réflexions, ne prend pas de risques inconsidérés. C'est quelqu'un de bien. Trop bien. Parfois au lieu d'agir, il mesure, il calcule, mais dans certains moments ça ne suffit pas. C'est pourquoi je suis arrivé, moi son petit frère, pour l'aider, à trancher ses décisions. A être entier, à se décider.
Sarah, née le 23 mars 1970 – Païenne Je suis tombée enceinte de Richard, mon petit ami en 85. Mes parents, qui avaient déjà conclu un accord pour mon avenir au sein de la meute, refusèrent l'existence de cet enfant et face à mon entêtement à le voir naître, ils me bannirent tout simplement. J'ai du partir, quitter ma meute. Naturellement, la famille de Richard m'a accueillie avec notre fille Isa. J'avais seulement 15 ans, ; nous avons fait de notre mieux et sous la coupe d'Aaron et Elisabeth, nous avons élevé notre fille dans la foi.
- CHAPITRE II:
Jane En 1988, les parents de Robert et Richard sont décédés tous les deux. En tant que doyens de la meute, ils nous guidaient tous. Je les estimais beaucoup. Robert étant l'aîné, et le plus stable des deux frères, il s'est naturellement imposé comme notre mâle Alpha.. Richard est parti en France, faire on ne sait quoi, et il a fallu que la vie reprenne son cours. Quelques mois plus tard nous commencions à trouver un nouvel équilibre. A l'Automne, Sarah a donné naissance à son petit, Calvin.
Sarah Quand Mr et Mrs Randall sont morts en 88, j'étais dévastée. Ils m'avaient accueillie comme leur propre fille, et nous ont tous beaucoup aidés à évoluer. Aaron est parti quelques mois après Elisabeth, et j'ai pensé qu'ils ne pourraient jamais rencontrer mon fils Calvin, né quelques mois plus tard ; Richard était absent, nous n'avions pas de nouvelles. C'était une mauvaise passe, dont nous subissions tous les conséquences. Jane m'a secondée avec les enfants, Robert encaissait le plus gros du travail à la ferme. Nous étions en sous-effectif pour faire tourner notre autonomie, et j'avais peur pour l'avenir de notre meute.
Richard J'ai écumé le décès de mes parents dans les rues de Paris. Je me suis beaucoup cherché là-bas, et j'ai rencontré beaucoup d'autres sorciers. L'état d'esprit, ce n'est pas comme en Angleterre. Les Français, ils parlent beaucoup. De révolution, de liberté. Ce n'est pas très différent chez nous, en réalité. Mais là j'étais très réceptif. Quand on me disait, la magie c'est la nature. Pourquoi les sorciers devraient-ils vivre brimés, sous prétexte de préserver l'égo commun ? D'où le gouvernement se permet-il de prendre des décisions sur la vie des gens, quand les gens en question ne font qu'exprimer leur nature véritable ? Dans ma jeunesse, je n'ai jamais pensé à tout ça. Je n'ai jamais remis en question l'ordre établi. Je ne me suis pas questionné, comme se questionnaient les français que j'ai rencontrés. Je n'ai intégré aucun groupe, je n'ai pris part à aucun débat, j'ai seulement épongé toutes ces informations, j'avais besoin de sens dans ma vie, et j'étais prêt à lire entre toutes les lignes. Quand je suis rentré à la ferme, à la fin de l'année, mon fils avait deux mois, et ma vie a pris encore un autre sens.
Leo, né le 11 juillet 1966 – païen En France, j'étais un loup solitaire. Éduqué loin de la foi, j'en avais perdu le sens de la magie. Il se traînait quelques rumeurs familiales et autres secrets, auxquelles je ne voulais plus vraiment faire face,. J'ai renoncé, petit à petit. A 22 ans j'étais devenu un homme normal comme on en fait des tas, poursuivant un objectif matériel et m'enfonçant dans la dépression. Un soir je prenais un café dans un bar et un gars m'a abordé, la vingtaine ; il m'a semblé d'abord normal, puis il s'est mis à faire ouvertement allusion aux Païens, ce qui m'a fait peur bien entendu. D'une part je ne voulais pas en entendre parler, d'une autre part sûrement pas en plein milieu d'un café lambda. Je l'ai envoyé voir ailleurs et je suis moi-même parti. Pourtant je l'ai revu pas plus tard que le lendemain, au même café. J'ai fait semblant de ne pas le voir mais il m'a rejoint, tasse fumante à la main, et il m'a parlé de sa vie, de son deuxième enfant à naître, de sa petite ferme, de la meute. Il a insidieusement planté une graine dans mon esprit, puis il a quitté Paris, me laissant une adresse pour lui rendre visite, quelque part en Angleterre. Un an plus tard, j'ai quitté mon job, rendu mon appartement, décidé à changer ma vie monotone en un voyage spirituel hors limite. Je suis parti en Normandie, et j'ai pris le premier bateau pour l'Angleterre. J'ai débarqué avec quelques affaires essentielles dans mon sac, l'adresse de Richard soigneusement notée dans mon agenda.
Robert, né le 8 mai 1968 – païen Lorsque mon père est mort, quelques mois après ma mère ; je suis devenu l'alpha de notre meute. Mon rôle n'a pourtant pas tellement changé, je suis resté le même, mais nous avons connu des temps difficiles après le départ de Richard. Quand il est revenu plusieurs mois plus tard, il était comme exalté par son voyage. Il lui a fallu du temps pour atterrir, reprendre ses marques et endosser ses nouvelles responsabilités. Au cours de l'année 89, un ami qu'il avait rencontré à Paris est venu nous rendre visite. Léo. Son arrivée a été une bénédiction, car nous avions beaucoup de travail, et notre influence à tous lui a permis de se reconnecter plus facilement avec lui-même. Mais je sentais que dans cette relation entre lui et Richard, Richard voyait quelque chose de plus grand, il n'était plus complètement le même, et il avait besoin d'un complice. Puis à la fin de l'année Jane est tombée enceinte, et l'arrivée future de cet enfant dans notre couple a fait retomber la pression qui s'exerçait sur la meute depuis plus d'un an.
- CHAPITRE III:
Jane Mon fils naît un matin de printemps 90. Les membres de la meute accomplissent des rituels de circonstance. D'un commun accord nous le baptisons Aaron, en hommage à notre défunt patriarche. Isa et Calvin ont maintenant 6 et 2 ans, et l'atmosphère de la meute s'allège à cette époque, teintée de rires d'enfants dans une ambiance de jeu perpétuel.
Marion, née le 12 février 1960 – théologienne l'été 1990, je suis conviée à une fête qu'organisent des païens que je connais, de loin, alors que je vis à Slough depuis quelques années. Ils célèbrent la naissance d'un petit, et l'union officielle des deux couples qui composent la meute ; sur place c'est vraiment la fête, beaucoup de païens sont présents. Ce soir là je rencontre notre hôte Robert, très croyant, un païen responsable et courageux. Tout juste père, le jeune homme est très heureux de me présenter sa meute : sa femme et son fils, son frère sa belle sœur et leurs enfants, et Léo une pièce rajoutée comme il s'est défini lui-même, qui occupait sa vie à reprendre contact avec sa foi. Touchée par son histoire, je reprends contact avec Léo, bien après cette soirée, et de fil en aiguille, me lie d'amitié avec la meute.
Léo Durant ces années là, l'opinion de Richard se politise et je traîne dans son sillage, avide de rencontres et d'ouverture. Par l'intermédiaire de Marion, nous intégrons un groupe de penseurs militants qui tentent d'agir pour la divulgation aux lambdas, de la dimension magique dans laquelle nous coexistons. Du fait des œillères que je me suis imposée toute ma jeunesse, je m'implique d'avantage dans ce mouvement, et le regard de Marion me pousse à vouloir passer à l'action.
Richard Ce n'est pas que j'ai voulu délaisser mes enfants, ma femme, notre meute. Je me suis pris dans quelque chose de plus grand que tout ça, plus grand que moi, et ça me paraît juste. On parle de l'avenir que je souhaite pour mes descendants, de vérité tout simplement. Je me perds corps et âme dans cette cause, de plus en plus politique, et m'investis au point de devenir un maillon clé de la chaine, avec l'appui de Léo que sa vie a mené tout droit dans cette direction.
Robert Les premiers temps, je profite allègrement des joies de la paternité et vis le parfait amour avec ma femme. Notre fils grandit entouré de l'attention de la meute, et les récoltes sont bonnes. Le travail fastidieux à la ferme m'entraîne inlassablement comme un engrenage, et je préfère ne pas m'intéresser aux agissements de mon frère et de son ami Léo.
- CHAPITRE IV:
Sarah En 94, j'ai l'impression de perdre pieds. Mes enfants grandissent vite, et mon mari est rarement parmi nous. Quand il est là, je ne le reconnais plus. J'ai beau lui parler, ce que je pense n'a pas d'impact sur ses objectifs. Son absence et celle de Léo coutent cher à notre meute ; nous chassons moins, nous cultivons moins, même nos rituels semblent perdre en intensité. Je parle beaucoup avec Jane, je veux qu'elle incite Robert à remettre les choses dans l'ordre.
Marion Après quelques années, le groupe a pris de l'ampleur et des plans d'actions se sont dessinés ; grâce à chacun, le message commence à se répandre et nous croyons tous en cette finalité, communs et sorciers unis dans la tolérance. Nous espérons qu'à terme, peut être pas de notre vivant, la Triade n'aura plus lieu d'exister et d'exercer sa pression sur le monde entier. Léo et Richard ne sont plus les mêmes hommes insouciants, et leurs objectifs ne concernent plus seulement le petit monde fermé de leur meute. Je suis fière de ces païens, et les entraîne chaque jour plus loin vers notre destinée commune.
Robert Le mal est déjà fait, lorsque j'accepte de prendre conscience de la situation dans laquelle est notre meute. Jane et Sarah sont inquiètes pour Richard et Léo, qui sont déjà trop impliqués, face à la Triade. Sarah ne sait pas tout, mais elle me raconte ce qu'elle a compris de leurs actions. Quelques semaines plus tard, ce sont des contrôleurs de la Triade qui viennent nous interroger à la ferme, au sujet d'un groupe qui enfreindrait délibérément la loi du secret, et dont un certain Léo, qui vivrait ici, ferait partie.
Jane Lorsque la Triade est venue chez nous, tous mes espoirs se sont effondrés. J'ai compris tout de suite que Richard était allé trop loin, que c'était terminé pour lui. Mais ils n'ont jamais mentionné son nom. Nous étions tous là, Robert, Sarah et moi, lorsqu'ils nous ont interrogés. Que savait-on de Léo Durand ? Depuis quand vivait-il avec nous ? Que savions-nous de ses contacts, de ses activités ? C'est Robert qui a pris les devants face à eux. Il leur a dit que nous connaissions effectivement Léo, et qu'il avait habité ici, mais que ce n'était plus le cas depuis longtemps et que nous étions sans nouvelles. Rongée par l'inquiétude, je vivais cette scène sans y être, ne pensant qu'à Richard, me demandant ce qu'ils pouvaient bien avoir sur lui …
- CHAPITRE V:
Sarah Après la visite des contrôleurs, étrangement, je me sentais plus légère. Mon esprit revoyait en boucle les solutions possibles. Ils n'avaient parlé que de Léo. Ils savaient clairement, que nous étions en lien avec lui. Nous étions déjà dedans, condamnés nous aussi, si nous cherchions à le protéger. Alors à l'insu de Jane et surtout de Robert, j'ai fait ce qu'il fallait pour tenter de protéger mon mari. Je pensais que s'ils tenaient Léo, ils s'en contenteraient peut être ; que si Léo tombait, peut etre que le groupe ne serait plus en mesure de continuer, et que toute cette affaire finirait par s'oublier. Peut être que si nous leur donnions Léo, ils sauraient faire l'impasse sur Richard. Alors j'ai adressé un courrier à la Triade. Je leur ai dit tout ce que je savais au sujet de Léo, du groupe. Je leur ai dit que Léo vivait bien avec nous, mais que personne ne soutenait ses agissements, et que nous souhaitions son arrestation …
Richard Quand nous avons réalisé que la Triade savait des choses sur nous, nous ne savions pas qu'ils enquêtaient maintenant depuis plus de deux an. Patiemment. Consciencieusement. Et qu'ils avaient déjà tout, pour nous faire tomber tous, lorsqu'ils se sont manifestés à nous. Malgré nos précautions, ils avaient remonté toutes les pistes, retracé tous les noms et toutes les histoires. Parmi les premières arrestations, il y a eu Léo. Moi, on m'a dit de me cacher, chez des connaissances. Ils voulaient me faire partir en avion pour la Bolivie où ils avaient un contact, chez qui j'aurais pu rester quelques temps, et revenir quand tout ça serait un peu tassé. Ca me semblait bien. J'ai préparé mes affaire et on m'a conduit à l'aéroport. Sur le quai d'embarquement, j'ai vu surgir des agents de Ligma. Ils m'ont encerclé, je n'ai rien tenté, c'est comme ça qu'ils m'ont arrêté.
Jane Nous avons appris par un message de Marion que Léo et Richard avaient tous les deux été arrêtés. Ca a été un choc terrible. Sarah était si dévastée qu'elle a plié bagage et est partie avec ses enfants sans rien dire. Quant à Robert il ne voulait plus rien entendre. Non seulement son frère venait d'être arrêté, mais la meute tout entière avait éclaté, et bien sur un retour en arrière était juste impossible. Il ne restait que nous deux, et notre fils de cinq ans. Un silence de mort régnait sur la ferme.
Marion Quelques jours plus tard, sur le point de partir pour la France, j'ai entendu dire que les proches des coupables allaient être effacés (?). Je me suis rendue à la ferme pour avertir Jane et Robert, leur proposer de fuir avec moi, tant qu'il était encore temps. Mais ils n'étaient pas là. J'ai tenté de les joindre en vain. A l'intérieur des caravanes non plus, il n'y avait personne. Prise par un mauvais pressentiment, j'ai longuement arpenté les alentours. Au soir, en plein cœur de la forêt, je suis tombée sur les corps des deux loups, côte à côte, morts dans la neige depuis sans doute un moment. Qu'était-il arrivé au petit ? Où pouvait-il se trouver, désormais ? J'ai continué mon investigations auprès des contacts qui me restaient, mais personne ne voyait vraiment de quoi je parlais. Ligma s'activait toujours autour de nous ; et j'ai fui.
- 2018:
Richard, 49 ans
Richard est peut être enfermé à Black Walls depuis 23 ans. Peut être a-t-il purgé sa peine. Peut être est-il mort.
Leo, 52 ans Comme Richard, Leo est peut être toujours en prison. A priori, personne ne sait ce qui leur est arrivé, et ils ne se sont pas manifestés ouvertement.
Sarah, 48 ans Elle a refait sa vie ailleurs avec ses enfants. Elle s'est détournée de la foi, et aujourd'hui sa fille ne veut plus la voir. Si une personne avait des nouvelles de Richard, ça serait probablement Sarah, mais elle a tourné cette page de son existence.
Marion, 58 ans Elle ne répond plus à ce nom, car elle a changé d'identité. Elle vit toujours en France, dans une maison de repos accueillant surtout des sorciers rendus fous par l'utilisation de leur magie. Malheureusement, c'est également son cas, Marion a fini par perdre la mémoire, et semble vivre dans une boucle du passé ... La pauvre femme a passé une grande partie de sa vie à développer son pouvoir. Un pouvoir de protection. A force, complètement désancrée de sa réalité physique, Marion s'est mise à vouloir travailler sur le passé, persuadée d'avoir un impact sur les évènements présents. Peut être que c'était vrai. Mais personne ne pourrait le confirmer. Et Marion y a laissé sa santé mentale, année après année, puis son autonomie. Aujourd'hui, Marion passe la plupart de ses journées dans son fauteuil ; absente. Quand parfois elle reprend un peu vie, elle peut passer plusieurs heures à parler toute seule. Souvent, elle s'énerve, et toujours, ça finit en pleurs.
Marion finira probablement ses jours dans cette maison de repos, où elle n'a de contact qu'avec son passé. Personne n'a jamais répondu à ses lettres. Personne, jamais, ne vient pour lui rendre visite.
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- LA LETTRE DE MARION:
Après avoir fui le pays, Marion était hantée par la mort de Robert et Jane, plus encore par la disparition d'Aaron. Sachant que Sarah avait fui elle aussi, Marion rechercha activement son adresse et la trouva. Expédiée de Toulouse, la lettre arriva a destination le 19 février 1996.
En 2000, Isa la fille de Sarah a quinze ans. Du fait de la rupture brutale, d'une vie bouleversée, de tabous et de déni, le relation mère-fille est devenue excécrable. Un jour, fouillant les affaires de sa mère lors de son absence, Isa trouve un petit album dans une boite en fer, parmis d'autres boites en fer de volume et couleurs différentes, alignées dans le dernier tiroir d'une vieille commode en merisier. Elle feuillette les pages plastifiées dans lesquelles sont glissées des photos d'identité, quelques plantes séchées, des petits mots ; toutes sortes de souvenirs. Après quelques pages vides, elle tombe sur une photo dont elle reconnaît tout de suite les protagonistes : ses parents, son frère et elle même ; sa tante, son oncle et son cousin. C'était peu de temps avant que tout bascule. Elle sort la photo pour mieux la regarder ; une lettre s'échappe elle aussi, tombant à demi ouverte. Elle pose la photo, et prend la lettre :
Sarah,
Après l'emprisonnement de Richard, Jane et Robert ont été tués. Je les ai retrouvés morts dans la forêt. Le petit Aaron n'était pas avec eux, et je ne sais pas du tout où il est. Nous avons tous partagé beaucoup de choses, et je suis infiniment désolée de ce qui est arrivé. Je m'inquiète énormément pour cet enfant, mais je ne peux pas revenir pour le moment. Je t'en prie Sarah, donne moi des nouvelles de ton neveu, dis moi qu'il est avec toi, ou que tu le recherches dès maintenant. Ecris-moi.
Marion
- LA PIERRE DE LUNE:
La grand mère d'Elisabeth avait un ami, et dans sa jeunesse cet ami partit en voyage en Amérique du Sud, dont il lui rapporta ce cadeau, cette pierre de lune. Il se marrièrent l'année suivante, et transmirent le bijou, pour seul héritage à leur fille. Qui le transmit à la fin de sa vie, à sa fille Elisabeth.
Elisabeth ayant eu deux fils, et sentant la fin de sa vie arriver, remit la pierre de lune à sa belle fille Sarah, lui racontant comment cet éclat avait traversé le temps et le monde ; comment il pourrait continuer de se transmettre, par sa fille Isa.
- SARAH:
- fait d'hiver:
/!\ (violence)" J'avais quinze ans quand j'ai rencontré Sarah. C'était une fille de mon collège ... Timide, et sombre. Il y avait quelque chose chez elle, qui m'appelait, profondément. Ca n'a pas été facile de devenir l'ami de Sarah ; de comprendre ses fuites, ses impulsions ; d'entrevoir ses secrets ..." Slough, le 10 mars 1985Sarah sortait du collège. A l'époque elle commençait à se laisser approcher par un certain Richard. Plus elle le fréquentait, plus elle l'appréciait. Alors quand il la rejoignit, à la sortie ce jour là, elle trouva le courage de lui annoncer que c'était fini, qu'elle ne voulait plus le voir. Richard tenta de négocier, il était comme ça, restons amis qu'il disait, je t'aime bien, - Tu m'agaces Richard. Je veux plus te voir c'est tout. Cherche pas. Planté là comme ça, Richard ravala de travers sa fierté. Le lendemain, il était résolu à lui parler quand même, à essayer de comprendre. Mais Sarah ne revint pas en classe. Ni le lendemain. Ni les jours suivants. ----- Le week end arriva, et Robert comme à son habitude, était de bonne humeur et vaillant pour le travail agricole qu'il faisait de bonne grâce avec leur père. Richard lui, avait perdu ses sarcasmes et sa malice caractéristiques ; il était fermé sur lui-même, et muet. Les deux autres ne lui parlèrent pas plus, mais plus tard l'aîné de deux frères prit à part son cadet : - T'es sur que ça va Rich ? Les yeux absents de Richard devinrent tristes. Robert le poussa dans leur chambre. - Sarah veut plus me voir ... - Ah bon, dit Robert, mais, - Mais depuis elle a disparu. Personne n'a eu de nouvelles. - ... - Je sais où elle habite. Je crois que j'vais aller la voir. Robert faisait une drôle de tête. Richard était parfois un peu impulsif. Disproportionné. - Depuis quand elle est pas venue en cours ? - Mardi. - Et elle t'a invité chez elle ? - ... Non ... mais ... je l'ai déjà suivie ... Robert soupira. Il connaissait bien son frère. - Fais pas ça Richard. Elle veut plus te voir de toute façon. Tu feras qu'aggraver les choses. Richard était déjà reparti dans ses pensées. Il ne croyait pas à ce que Sarah lui avait dit. Il avait l'intuition qu'il y avait autre chose derrière ses paroles. ----- Malgré les conseils avisés de son frère, Richard partit le jour même, une fois la nuit tombée. Dans sa peau de loup, il traversa les quelques miles de forêt après lesquels se cachait cette meute. Richard ne s'en était jamais autant approché auparavant, mais aujourd'hui il suivait l'odeur de Sarah. C'était une meute importante par rapport à la sienne. Au moins quinze individus. Il se répartissaient dans différents chalets en bois, dissimulés par la végétation. Malgré l'heure tardive, certains d'entre eux étaient encore dehors, buvaient, s'affrontaient, jouaient à la pétanque. Il se sentit rapidement beaucoup trop exposé, en territoire étranger. Avec précaution, il faisait marche arrière, quand d'un des chalets sortit un couple bruyant, qui regagna rapidement une des autres battisses. Son coeur se stoppa devant la scène, et il eut du mal à se contenir. Un homme d'une trentaine d'années, nu, qui tenait par les cheveux sa femelle, et la tirait littéralement derrière lui, tandis qu'elle pleurait, visiblement à bout de force. Recroquevillée sur elle même. Le visage invisible derrière ses mains, derrière ses cheveux. C'était Sarah. Il dut se retenir de faire le moindre bruit, le moindre geste, mais pourtant l'un des hommes qui festoyaient en contre-bas le vit ; et il se transforma instantanément, pour le prendre en chasse. Richard fuit immédiatement à travers les branches, plein d'adrénaline ; mais il fut rattrapé par l'autre, qui se retransforma face à lui en un homme robuste et large. Qui le saisit à deux mains par la gorge et le souleva au dessus du sol. - J'te connais pas, t'es qui ? Qu'est ce que tu fous là ? Brutalement, il l'écrasa au sol ; le jeune loup jappa de douleur . - J't'apprendrais à pas t'aventurer chez les autres ... lui cracha-t-il. Il le tenait toujours à la gorge, et le maintenait au sol. Montre-moi ton visage ou je te tue. Richard obéit. Il redevint un gamin de quinze ans, il pleurait ; son poignet avait pris un mauvais angle. L'homme le lâcha dans un ricanement. - Putain mais t'es un gosse ! Il partit d'un nouveau rire. - Mais putain attends tu serais pas ..., une quinte de sarcasme l'arracha de plus belle. Richard, mal en point et nauséeux, se traînait sur le tapis de feuilles mortes, avec sa main tordue, le visage déformé lui aussi, par l'horreur. L'homme cessa de rire, et en une seconde, se planta accroupi devant lui. il était d'une rapidité irréelle. Et en plus, il était fort. - Tu serais pas le putain de gamin qu'on a vu avec Sarah ? A la simple évocation de ce nom, il dut y avoir dans les yeux de Richard une étincelle qui le trahit. L'autre jubilait. En a peine une seconde, il lui écrasait le nez sous son poing, dans un craquement très bref. Même hurler était trop douloureux ; il s'étouffait dans son sang ; - T'avises pas de refoutre les pieds ici. C'est chasse-gardée. Tu risquerais d'te prendre une balle perdue. Richard qui s'était péniblement relevé, s'éloignait comme il pouvait, dégoulinant, et menaçant sans cesse de tomber. L'Alpha le suivait des yeux, et finalement il lui lança : - Et si j'te vois encore avec Sarah, j'te fais la peau. ----- Le matin suivant, au lever du jour, Robert arpentait les alentours à la recherche de son frère qui n'était pas rentré. Il avait menti à leurs parents pour le couvrir, et redoutait le pire à son sujet. Richard avait un don, pour trouver les problèmes. Il le trouva en chemin. Froid comme un mort, ensanglanté et boitant, les pieds et les genoux écorchés. Robert soigna son frère, le lava, et le coucha. Aux parents, il expliqua que Richard avait passé une mauvaise nuit ... Ce dernier dormit toute la journée, et le soir à son chevet, son frère attendait de pouvoir lui parler. Richard lui raconta ce qu'il avait vu, et lui expliqua sa rencontre avec l'Alpha. Au fur et à mesure du récit, une rage sourde illuminait le regard de l'aîné. ----- A tous les moments de ma vie, quand je pensais que j'allais flancher, que je n'aurais pas le courage, je repensais à mon frère, ce jour là. Il m'a tellement inspiré, que je l'ai surpassé ; et ça l'a tué. ----- Trois semaines plus tard, Richard n'avait plus qu'une atèle au poignet, et une large cicatrice écrasait son nez déformé. Un soir, Robert l'entraîna dans la grange. A l'étage, il savait où leur famille remisait quelques armes. Ils se munirent chacun d'un fusil, et Richard ouvrit la marche à travers les bois.----- Ils s'arrêtèrent à bonne distance de la propriété et se mirent d'accord sur le fait d'attendre que tous les païens soient endormis. Richard décrivait les chalets et leur emplacement, les zones à éviter. Robert visualisait, et se préparait. Longtemps après qu'il n'y eut plus un bruit, ils se faufilèrent entre les habitations. Alerte, Robert surveillait le silence, et Richard essayait d'observer à l'intérieur des deux chalets qu'il avait repérés. Le bruit d'une porte qui s'ouvre quelque part. Furtivement, Richard s'esquiva. De plus loin, il faisait signe à Robert de le rejoindre. Faute de mieux, ils se cachèrent à l'angle du chalet suivant. Un jeune homme aux cheveux roux flamboyants, le trentenaire avec qui était Sarah, sortit bientôt, très chaud pour faire une petite ronde. Il était armé. - c'est lui, oh merde c'est lui, bouillonnait Richard - ferme ta putain de gueule ! lui claqua Robert, le regard noir. - Sarah est là dedans c'est sur ! - et alors ?! Tu comptes faire quoi ? C'était un miracle que le roux ne les ait pas déjà entendus. Alors qu'il venait justement dans leur direction, ils s'aplatirent dans l'ombre du chalet ; l'homme pouvait probablement les voir, et Richard était sur le point d'armer son fusil, mais Robert le retint ; une seconde de justesse, durant laquelle l'ennemi tourna à l'angle ; suspicieux, ils le suivirent des yeux, alors qu'il poursuivait sa marche vers d'autres chalets. Ils revinrent alors discrètement auprès de l'habitation que l'homme venait de quitter. Richard fondit de nouveau sur la fenêtre et chercha des yeux à l'intérieur. Le chalet se composait d'une entrée qu'il pouvait voir d'ici, et de la lumière passait sous une porte qui donnait sur une petite pièce, probablement une salle de bains.Dans la pièce principale, il voyait un lit vide et défait, des armoires, une petite cuisine. - Elle est là ou pas ? - J'la vois pas, mais y a quelqu'un ... Ils échangèrent un regard glacé. Plus loin, des voix s'élevaient, agitées, menaçantes. - On peut pas rester là ... - On peut pas la laisser là ... - Je vais aller dans le chalet, trancha Robert. Richard acquiesça et surveilla l'arrivée de la meute ; Robert entra dans le chalet par la porte. A l'intérieur, tout était calme, mais il y avait effectivement de la lumière, et si on écoutait vraiment, on entendait une présence. Il s'approcha. La porte était mal fermée. A travers entrebâillement, il apercut Sarah. Dehors, un coup de feu retentissait. Il ne la connaissait pas très bien, et ne fut pas sûr que c'était elle, mais ça ne changeait rien. Elle était plus maigre qu'il ne l'aurait crue, et avait perdu comme son énergie ; son masque ; elle flottait dans une nuisette saignante. Debout dans la douche, elle pleurait ; sur le sol y avait de l'eau, du sang ; dans sa main, une aiguille à tricoter ; Robert manqua d'air. Il n'y avait pas le temps pour ça. Il s'élança dans la pièce et la prit dans ses bras sans trop savoir par quel bout, avant de s'enfuir avec elle, quittant le chalet en cherchant des yeux Richard. Ils se virent, ils se rejoignirent, mais toute une bande les repérait déjà, à quelques dizaines de mètres. ----- Robert qui s'éloigne avec Sarah dans les bras, dit à son frère : - Ralentis-les !, et cette fois Richard charge son fusil. En face des voix railleuses se rapprochent, et certains loups s'élancent déjà autour d'eux. Ils sont bientôt encerclés. Robert pose Sarah qui vacille. Richard se précipite vers elle ; et en face, les gars pointent leurs fusils. - Pas touche, Minouche, Robert prend son arme et vise, imité par Richard. Les autres, dont le roux, rigolent grassement entre eux. Que les deux gosses sont prêts à se faire tuer pour cette pauvre fille. - Allez les gars rentrez chez vous, lance l'un d'eux, vous pouvez pas aller plus loin. Vous avez réfléchi à un plan ou quoi ? Si vous l'emmenez, on vous rattrapera, et on vous déglinguera. - Et même si vous arrivez à partir avec elle, renchérit un autre, on viendra la retrouver, et on la punira ... ----- - Spoiler:
Richard, fin énervé, tire sur celui là, et le touche à l'abdomen, alors c'est la débandade générale. L'instant suivant, Il rate le roux en se prenant une balle dans l'épaule, et bientôt chacun cherche à se mettre à couvert derrière un chalet, une voiture.
Au milieu de tout ça, il y a Sarah, à demi-consciente.
Les coups de feu ont attiré le reste de la meute. L'Alpha les rejoint. Mais il n'a pas le temps de comprendre, qu'il s'est pris une balle à travers la tête et s'effondre. Richard regarde Robert, horrifié. Robert est très calme, l'oeil dans sa lunette. - Faut qu'on dégage. On va mourir. - On peut pas la laisser là. Ils vont la tuer. - Si on va la chercher, on meurt. - Si on s'enfuit ... on meurt ...
Et soudain, c'est le roux qui sort de l'ombre en chargeant son arme, et qui la pointe sur la tête de Sarah.
- JE LA BUTE, si vous sortez pas à CINQ. UN . DEUX . - oh putain - TROIS . - on fait quoi. - QUATRE ! - Aymerick ! - CINQ ! - Fais pas ça ! D'autres gars de la meute encerclent Aymerick et le désarment.
Sarah fond en larmes. Le regard d'Aymerick coule jusqu'à son père, Bran , qui git là, mort. - ...........je vais LES TUER !, hurle-t-il en arrachant son arme des mains de son cousin, et en visant Richard, qu'il va se faire un plaisir d'achever.
Plus loin à travers les arbres, flamboient des gyrophares caractéristiques. Un appel de sirène. ----- Quand la police arrive sur les lieux, elle découvre un mort et un blessé grave. L'historique des échanges de balles. Chaque membre de la meute est interrogé, et les chalets scellés ; on retrouve des armes ; de la drogue ; et on prélève notemment le sang de Sarah dans la salle de bains. La meute parle d'un cambriolage qui a mal tourné, mais Ligma y voit un règlement de comptes. Chacun y va de son talent pour expliquer la position des deux assaillants mais l'Experte est formelle, la balle qui a tué la victime ne provient pas du tout de cette direction. L'autopsie révèlera même qu'il s'agissait d'une balle de calibre différent de toutes celles retrouvées là où les échanges de tirs ont eu lieu.
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La suite de l'enquête incriminera l'un des membres de la meute. Le propriétaire de l'arme, identifiée comme arme du crime. Il préméditait son acte, mais aurait visiblement saisi l'opportunité qui se présentait de tuer l'Alpha de sa meute lors de l'effraction. Quant à O'Brian, le cousin blessé à l'abdomen, on ne se prononce pas encore sur le pronostique vital. La balle extraite du foie, ne se réfère à aucune des armes prélevées sur le site.
Les enquêteurs s'intéresseront beaucoup à Sarah, cette inconnue de la famille dont on retrouve le sang, mais qui ne correspond à aucun des membres présents.
Les liens familiaux établis, La disparition de la jeune fille, et les différents témoignages recueillis à son sujet, poussent Ligma à se pencher sur les relations au sein de la meute, et à rechercher activement Sarah.
Sarah refait surface quelques semaines plus tard, dans les bureaux de Ligma. Accompagnée d'Elisabeth Randall, elle vient rendre compte des violences qu'elle a subies au sein de sa meute.----- Je m'appelle Sarah ; je suis la fille de Samuel, oncle de Bran. Ils s'étaient mis d'accord entre eux pour que j'épouse Aymerick, le fils de Bran. Il n'y a pas eu de mariage, pas de fête et je n'ai pas eu mon mot à dire. Je suis simplement devenue la propriété d'Aymerick. Dans les moments où il était le plus violent, généralement il n'était pas seul. [ ... ] Malgré ça, j'allais en cours. Je vivais ma vie. Une de mes cousines qui travaille en ville m'avait aperçue avec un ami. Et je pensais qu'elle n'en parlerait pas, mais elle l'a fait. La tension était un peu retombée mais quand Aymerick l'a su, ça l'a mis hors de lui. Il a fini par me garder recluse dans son chalet. Ce soir là où il était sorti sans m'enfermer, il pensait sûrement revenir avec ses deux fidèles amis comme d'habitude ... Moi je le pensais, et je pensais aussi à fuir, mais pas par la porte ou par la fenêtre. Je ne connaissais pas Robert, et quand il est entré dans la salle de bain où je me trouvais, et que j'ai vu sa tête ... Quand il m'a prise pour me sortir de là ... Ce sont des moments que tristement, je n'oublierai jamais. ----- Bran haïssait Samuel, parce qu'il était son aîné et qu'en silence, ce dernier ne l'approuvait pas. Bran haïssait Samuel parce que quand ça l'arrangeait, son oncle savait quand même bien se ranger de son côté et profiter de ses largesses. Bran haissait Sarah sa jeune cousine, parce qu'il avait peur qu'elle fasse un jour de l'ombre à son fils Aymerick. C'est lui qui proposa à Samuel de les marier. Alpha ensemble, ils seraient à la tête de la meute un jour. Et tout le monde y gagnerait. ----- J'ai vu Aymerick sortir de nulle part et pointer son arme sur moi. Je me suis dit ça y est, c'est maintenant qu'il va me tuer. Je vais mourir là sur la terre, au milieu de tout le monde, et ce n'est même pas ce qui pourrait arriver de pire. Je priais pour que Richard et Robert soient déjà loin, ne voient pas ça, et arrivent chez eux indemnes de toute cette folie. Puis il a eu les appels de gyrophares de la police, et Aymerick n'a pas tiré. Ils ont tous paniqué. Certains hurlaient d'autres rentraient chez eux ou ramassaient les blessés. La police qui n'était vraiment pas loin, allait arriver d'une seconde à l'autre à l'angle du chemin principal. Mais moi, j'étais loin.J'ai senti qu'on me prenait sous les bras et qu'on me tirait. Nous nous sommes cachés, personne n'a eu la bonne idée de nous arrêter. Dans la précipitation, nombreux étaient ceux qui avaient fui la scène avec leurs armes. Je n'étais toujours pas là, c'était tellement irréel, mais Robert et Richard parlaient à côté de moi. Ils riaient presque, évacuant la pression, et je les ai regardés ; ils se sont arrêtés, et m'ont regardée aussi ; ça n'a duré qu'un instant ; Dès que nous avons pu, nous nous sommes éloignés de cet endroit. Robert m'aidait à marcher, et Richard boitait devant nous. ----- Les Randall m'ont accueillie le jour même. Robert et Richard racontaient toute l'histoire à leurs parents. Elisabeth m'habillait, et prenait soin de moi. C'était une histoire horrible racontée par les frères, que j'entendais de loin, comme si je ne l'avais pas vécue ; pourtant c'était mon sang. C'était en moi. ----- Pendant plusieurs jours, je suis simplement restée allongée dans un lit. Je regardais à travers la fenêtre les petits oiseaux qui revenaient faire leur nid, comme si je n'étais pas là, j'écoutais leur petite vie. ----- Un avis de recherche me concernant a largement été diffusé, et Elisabeth et moi, nous sommes allées en voiture, aux devant de Ligma. ----- Grâce à mon témoignage, Aymerick a été arrêté, ainsi que d'autres membres de la meute, dont mon père que je n'ai jamais revu. O'Brian a survécu, et si la culpabilité de Richard a bien été prouvée lors de la suite de l'enquête qui mena directement chez les Randall, c'est la légitime défense qui a été retenue. Elisabeth et Aaron ont acheté une nouvelle caravane pour me loger. A peine cinq mois plus tard, je donnais naissance à Isa. " /> [img]
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Mai 1995
- Si tu continues de le protéger, c'est toi qui auras des problèmes ... - ... Tu me menaces, maintenant ... ? - Non. Non ! Je veux seulement ... que tu soies en sécurité ... - Je ne peux pas faire ça ... - Je sais que ce n'est pas facile, .....
Il l'enserre entre ses bras, mais cette fois, elle est mal à l'aise. Elle détourne son visage pour éviter un baiser.
- Tu ne sais rien ; - Je sais que tu l'aimes. Je sais aussi qu'il n'est pas là, pour prendre soin de tes enfants, pour prendre soin de toi, Ma Chérie, comme je le fais ...
Des larmes coulent sur les joues de la louve.
- ... tu te trompes, lui répond-elle plus froidement. - Je ne crois pas, non. Regarde dans quelle position tu te trouves à cause de lui. Tes enfants sont en dander. Toute ta famille l'est, à présent ; et si vous vous obstinez à résister ... Je ne pourrais pas faire grand chose de plus ...
Désespérée, elle cache son visage entre ses mains. - Fais-moi confiance, s'il te plaît ... Je ferais tout pour toi, pour que tu t'en sortes, pour que les enfants n'aient pas de problème ... Vous pourrez partir, recommencer à zéro, loin de cette histoire ... Aide nous, s'il te plaît, et je t'assure que la justice se montrera clémente ...
Elle lève ses yeux comme des fontaines, pour sonder les siens. - ... pour lui aussi ? - ... - Alors c'est non. Je ne dirai plus rien. Je ne veux plus te voir. Laisse-moi. - Sarah, je t'en prie ..., il la retient encore, entre ses bras. Elle s'éloigne, mais finit par céder, et laisse aller sa tête lourde contre son épaule. - Je voudrais tellement revenir en arrière ... Avant tout ça ... - Je sais ...
Aout 1995
- Tu as fait le bon choix. Elle le regarde fixement, elle est éteinte. - Pour tes enfants. Pour toi. Il s'approche d'elle, pour la toucher, - Pour nous, ma Sarah ... Elle s'écarte vivement. - Pas ici, John. Pas maintenant.
Septembre 1995
- Ecoute moi, tu dois convaincre ton beau frère de coopérer. - Il n'acceptera jamais. Sa voix est un peu brisée, et elle est comme absente à elle même. En dissociation. - S'il s'entête à nier, ça ne fera qu'envenimer les choses ... Surtout maintenant que tu as témoigné ...
Ses lèvres minces se pincent ; elle réfléchit. - Même s'il savait quelque chose, il ne trahirait jamais son frère ... - Il a le choix entre dénoncer les exactions de Richard, ou bien se condamner avec lui, et sa femme dans le lot ... - Tu ne les connais pas, ils mourraient pour l'honneur ..., et elle dit ça, à regret, avec tellement d'amour dans sa voix. Je ... Je ne peux même pas imaginer lui demander de faire une chose pareille ... - Tu en es certaine ? Et sa femme ? Tu ne crois pas qu'ils ont envie de voir leur enfant grandir ? - Bien sûr, mais ... Tu sais, nous sommes une petite meute, nous nous connaissons tous depuis l'enfance ... - Ca ne t'a pas empêchée, toi, de prendre la bonne décision. Fais-lui confiance, parle-lui, s'ils montrent à la Triade qu'ils n'ont aucun lien avec le Groupe, ils ne seront pas poursuivis, et la vie reprendra son cours ... - Tu ne comprends vraiment rien, pas vrai ? Rien ne sera plus jamais comme avant, et sans Richard ... Ils ne me pardonneront jamais ... - ... - ... Moi, je ne me pardonnerai jamais ...
Octobre 1995
- Et regarde celui-la. C'est juste à côté d'un collège, et il y a trois chambres ... - Je ... Je ne sais pas ; je n'ai jamais vécu en ville ; en appartement ... C'est ... C'est très cher, je n'ai pas les moyens, de toute façon ... - Il faudra que tu trouves un emploi, c'est certain ; mais je t'aiderai, je serai là pour toi Sarah, fais-moi confiance - Et les enfants ... Ils ont pratiquement grandi dans la forêt ... Je ne sais pas ... - Ne t'en fais pas pour eux, ils sont jeunes, ils s'adapteront. - Tu crois ... ? - Bien sûr, ils vont se faire plein de nouveaux amis, et tu sais quoi ? C'est le meilleur moyen de tourner la page, et de laisser le passé derrière vous définitivement ...
Novembre 1995
- Mais pourquoi Oncle Bobby et tante Jane n'ont pas fait leurs valises, eux ? - Je te l'ai dit déjà, ils vont nous rejoindre après. - Mais on va où ? - Dans la nouvelle maison, tais toi et continue de mettre les affaires de ton frère dans le sac ... - Mais, pourquoi on en a jamais parlé avec eux ? Tu es sûre qu'ils vont savoir où c'est ? Et Papa ? - Mais bien sûr ma grande, ils savent, ne t'en fais pas pour eux. Quand ils reviendront, ils prépareront leurs valises, et ils nous rejoindront dans la nouvelle maison ; c'est clair ? - Mais ... Pourquoi on doit s'en aller dans une maison, je croyais que c'était à nous ici ... ? - Bon ça suffit !, s'agace Sarah, au bord d'une crise de nerfs. Tu la fermes et tu fais ce que je te dis, ok ?!
Les yeux humides d'Isa se plissent, profondément enfouis dans ceux de sa mère. - Je ne veux pas partir. Je veux qu'on attende Aaron. - Moi aussi je veux pas partir Maman.
Les yeux clos, tremblante, Sarah se laisse tomber assise sur le lit.
- Ca va Maman ?, avec sa petite voix, Calvin vient se coller contre elle. Tu veux qu'on reste ici ? - Non, mon Chéri ..., soupire-t-elle. Je veux que tu ramasses tes jouets et qu'on mette tout dans la voiture avant la nuit ; tu veux bien ... ?
Janvier 1996
- C'est la copie du dossier que je t'ai demandé ? - Oui. Il y a les photos avec. Johnatan Andrews lit quelques lignes du rapport, regarde les clichés. - ... L'enfant était avec eux ? - Hm. Dommage colatéral. Il regarde plus attentivement l'une des photos, visiblement étonné. - Tu es sûr que c'est lui ... ? - Non, j'en sais rien, j'étais pas sur l'affaire. - C'est bizarre ... il est gris .... - Hm ! Bon, faut que je te laisse. Et laisse pas traîner ça. - ...Oui, bien sûr ... Merci ...
[ Février 2019 Aymerick - âgé de 63 ans - le cousin de Sarah, sort de Black Walls après avoir passé 34 ans enfermé. ]
- VESTIGES D'UNE AUTRE VIE:
" /> je me rappelle de ma sœur je me rappelle des animaux, des fleurs en été je me rappelle de mes parents sans voir leurs visages j'entends les inflexions de leurs voix sans comprendre ce qu'ils disent
et l'hiver qui arrive me rappelle les arbres morts dans le bois ; celui au creux duquel une fois, nous nous étions cachés le silence craquelant dans la nuit déserte [img] - [/img:
- comme en rêve:
Traquer le couple de païens dans la forêt qui s'ensevelissait chaque jour sous une nouvelle couche de neige était pénible et laborieux. Deux effaceurs parmi les plus aptes à accomplir la tâche avaient été missionnés. Fléchettes soporifiques et balles d'argent, cottes de mailles, en plus de l'attirail habituel, pour ce safari hivernal. Puis ils avaient été rejoints par un contrôleur et son no-face.
La créature ne tarda pas à pister les loups.
La louve blanche comme neige progressait à travers les arbres, suivie de près par son petit. Mais il y avait un autre loup, le mâle, à une centaine de mètres. Son odeur était plus forte, et la couleur de son pelage contrastait dans le paysage. Le no-face par instinct choisit de neutraliser celui-là d'abord.
Au loin, Jane put entendre les aboiements de son mari qui résistait à un assaut. Sans perdre plus de temps, elle saisit Aaron par le cou et fila à travers la foret.
Aaron s'était finalement endormi, enfoui sous l'épaisse fourrure de sa mère. Aux aguets, depuis leur tanière de fortune, Jane attendait le coeur serré, que se produise l'innévitable. Elle se retenait de pleurer son mari, trop consciente de l'imminence de la chute ; d'une manière ou d'une autre, elle le retrouverait ...
Ce fut le froid, qui réveilla Aaron. Il ouvrit les yeux et vit qu'il était seul ; la lune éclairait l'entrée de la tanière, que de la neige bouchait en partie ; dehors, le grondement sourd de sa mère ... Elle défendait les lieux, face à cette créature qui arracha un cri terrifié à l'enfant. Il ne pouvait pas détacher ses yeux de sa mère, que le no-face saisit et maîtrisa au sol. Gémissant, tremblant, le petit se tapissait au fond de son abri. Il se passa un certain temps et un demi sommeil vint bercer son angoisse. C'est plus tard, que des voix agitèrent le silence, que des pleurs de loups enflammèrent son esprit ; que des mains comme la mort vinrent creuser la neige et le saisir impitoyablement, il ne peut pas revivre ça, sa mère qui git inerte sur le sol les trois hommes cagoulés, et celui qui tend sa main pour s'emparer de lui, il se débat, il essaie même de mordre,
il y a comme un flash de bleu, non, NON
PAS ENCORE, NON
Fang se réveille dans un grand sursaut, alarmé par ses propres cris qui se brisent en pleurs Les yeux et la bouche grands ouverts, il gémit, il manque d'air
il est encore là-bas, coincé dans cette boucle, dans cet instant qui existe pour toujours, quelque part au fond de sa mémoire.
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