C’était un endroit luxueux, les meilleurs équipements médicaux que l’on pouvait trouver en Europe. Cette pièce donnait même l’illusion de se trouver dans une vrai chambre. Un lit confortable en bois, une table de chevet de à l’allure néo-classique, quelques meubles assorties dans les tons miel et une orchidée blanche près d’une fenêtre. le trompe-l’oeil aurait pu être parfaite sans tout le matériel déposé soigneusement aux places les plus accessibles.

Sous les draps dormait paisiblement une jeune femme aux traits émaciés, de ses muscles il ne restait que des vestiges. Ses cheveux longs et châtain aux reflets blond avait été arrangé tout autour de son corps. On semblait leur apporter une attention toute particulière, ils restaient brillant et d’une ondulation bien disciplinée malgré la situation. A son cou, un sautoir en or soutenait un triquetra posé sur le bas de son sternum qui se soulevait et redenscendait lentement.

Son reflet rentra dans la chambrette, perchée sur des talons aiguilles, fraîche et pimpante comme une rose. Son rapide coup d’oeil évalua l’endroit puis ses mains se saisirent d’un tabouret posé dans un coin pour le poser au chevet de la belle endormie. D’un geste empreint d’une grande délicatesse, elle replaça une mèche qui ne lui semblait pas à se place. Ravie du résultat, un sourire respirant la tendresse et la douleur prit place sur ses lèvres. Après un long soupir, elle attrapa la main de la demoiselle et se mit à chanter un vieux poème en gaélique.

- Votre voix est toujours aussi mélodieuse madame.

Sans se retourner, elle souffla tout bas.

- Mary, comment va-t-elle aujourd’hui.

L’infirmière, une petite jeune fille qui semblait avoir tout juste vingt années, aux yeux bleus et au chignon blond, se rapprocha pour échanger la poche accrochée sur la perche.

- Aussi bien que possible.

Elle hésita une seconde.

- Mais il n’y a aucun changement.

Ces mots, après toutes ces années, étaient toujours d’une douleur à peine supportable. Un rapide à la table lui apprit que la soignante avait dû comme à son habitude, lui lire le journal du jour.

- Merci de vous occuper aussi bien elle Mary.

Son rire de pinson raisonna dans la pièce quand elle s’apprêta à partir.

- Vous n’êtes pas obligé de le dire à chaque fois, un jour vous finirez par me faire rougir.

La gaîté de cette enfant était rafraîchissant. La plupart du corps médical lui faisait des courbettes et de faux sourires car “papa” payait très cher pour que sa fille chérie puisse être gardée dans les meilleures conditions. A son arrivée, l’hypocrisie de ce lieu lui avait hérissé le poil. De ce fait elle ne prenait des gants avec personne. Mais son comportement changea quand elle surprit Mary un soir, en train de parler à sa patiente comme si elle pouvait lui répondre. Restant derrière la porte et utilisant ses dons, elle écouta. Elle lui racontait la pluie et le beau temps, les derniers films à l’affiche, le dernier garçon qui l’avait invité à boire un café. Dès cet instant, elle eut de l’estime pour ce petit bout de femme.

Se retournant de nouveau vers sa protégée, elle prit une grande inspiration et commença le récit de sa journée.

- Je crois que je commence à me faire à cet endroit. Mais c’est pas toujours évident. Les plaines de notre belle Irlande me manque. Courir sous la pleine lune, fouler l’herbe tendre de la plaine, chanter au rythme des vagues.

Elle s’arrêta quelques instants comme si elle se souvenait de tout comme si elle y était.

- Niamh, je te le jure sur ma louve, je trouverais un moyen de te sortir de là.

Son corps se redressa afin de déposer un baiser sur son front, puis elle se leva. D’un pas lent, sa masse se déplaça vers la porte et Daithe jeta un dernier coup d’oeil à sa jumelle avant de refermer la porte.