Aout 2020
 
 
 
Dans la cave du bar, l'air chaud et lourd, saturé d'humidité,
sent l'alcool, la sueur, la cire et la rouille
 
Une cage circulaire de quatre mètres de diamètre sert d'Arène, et occupe le centre, plus d'un tiers de la salle. Des païens et des païennes de tous bords s'y affrontent deux par deux, parfois jusqu'au sang, parfois jusqu'à la mort, tant que le perdant ne demande pas mercy.
 
 
Chaque mardi soir à partir de 20h, la salle se remplit et les combats durent généralement jusqu'au matin.


Tous les coups sont permis, morsures, magie. Les armes en revanche sont interdites, tout comme les ceintures, les chaussures, les bijoux, les cols.
 
 


La première fois que Blake est venu ici, c'était avec Tiago et Trinity. Il s'est battu contre Tiago. Il a bien tenu, mais moins de trente secondes ont finalement suffi à l'aîné pour le mettre hors jeu.


Il y est retourné plusieurs fois, avec eux ou seul, et aujourd'hui il est là en habitué. Débrayé de son dernier combat, peut être une heure plus tôt, il boit une bière, écoutant les paris sur la lutte en cours. 
 
 
Dans l'Arène, les deux païens sont déchainés et le combat est plutôt violent. Les deux sont décidés à gagner et le suspense dans la salle est tellement intense que tout le monde hurle des encouragements à son poulain. Finalement, Alaska fera perdre pas mal d'argent ce soir là, en devenant le loup à terrasser que la foule acclame dans l'hystérie collective.


Des mains se tendent à travers les barreaux de la cage, des mains tenant des bières, des petites culottes volent.
 
" Qui va oser se mesurer à cette bête sauvage ????? ", lance l'animateur depuis son perchoir de chasse.
 
 


La foule se remue et c'est Blake qui est comme projeté dans l'arène, pieds nus et en corsaire, recouvert de lacérations, d'ecchymoses et de sang séché, prêt à en découdre ;

- Alaska ! Alaska ! Alaska !

Le matin même de son premier combat, Graham et Brama en avaient parlé. C'était comme un rituel pour balayer l'immuable, lui donner une fin probable. Cette terre qui faisait tant vibrer le païen. Ces étendues glacées, où nulle trace de l'homme ne venait perturber le fragile équilibre. Ce rêve lupin était devenu attrait pour le Thusien puis finalité. Alors, dès que la raison semblait mettre les voiles, l'Alaska devenait leur amarre. Aussi, lorsqu'il fut question d'identité, le méta signa de cet espoir bancal.

Il avait commencé par de petits combats, afin de prendre la température des lieux, des voyeurs et des combattants. Brama l'accompagnait de temps en temps, lorsque la colère le guidait. Le Thusien en profitait alors pour se renseigner sur les organisateurs, les mouvements d'argent et organisait la filature de certains.

Pour cette fois, il est venu seul et serein. Son objectif étant de jauger, de trouver de potentielles recrues, alors tout simplement, sa technique de combat s'était intensifiée, tout comme sa réputation pour arriver à ce fameux soir.

Dire que ce nom lui va finalement si bien, car il ne montre que très peu ses émotions. Il n'a aucun mot pour son adversaire, aucune provocation, il frappe. Encore et encore, mais jamais ne terrasse. Implacable. Après chaque victoire, il tourne en rond un moment dans la cage, l'une de ses mains glissant sur le grillage. Des limites, toujours des limites...

Pieds et torse, nus, un pantalon noir prêt du corps favorable aux mouvements, son corps est luisant de sueur, mais pas que. Sang mêlé, salive, recouvrent aussi la musculature sèche du païen. Étrangement, son visage est intact, mais son oreille droite est ornée d'une belle estafilade. Sa langue passe sur ses protège-dents, il n'est pas de ceux qui mordent. Un mince filet de sang coule jusqu'à son menton, il l'essuie du bout de ses doigts et les observe un instant. Rien de mieux que la vue de son propre sang pour garder les pieds sur terre.

Puis un truc lui colle à la peau. S'en saisissant, il reste un instant comme deux ronds de flan devant une petite culotte. Graham finit par la glisser dans sa poche, un léger tic étirant les commissures de ses lèvres. L'électricité dans l'air, l'hystérie des « siens », cette proximité sauvage ont quelque chose de salutaire, même temporaire. Son dernier adversaire était parmi les plus tenaces qu'il ait rencontré pour l'instant. Affaire à suivre, mais déjà, un autre païen entre dans l'arène. Le méta lui fait face et longuement le jauge. L'homme qui lui fait face, a clairement dérouillé, mais ce que le païen peut lire dans ses yeux et son attitude le galvanise.

" EEEEeet il n'en a pas encore eu assez ce soir, FFFFFFAAANG ! "



 
La foule décompte, et les deux païens s'observent, se jaugent en silence. Fang s'est déjà pris une raclée par plus épais que celui là, et le combat qui vient de se terminer ne le laisse pas réellement envisager une victoire. Fang ne se bat que pour se battre, et ses yeux brillent férocement au milieu de son visage inexpressif.
 
 
Alors que l'animateur sonne la première manche de ce combat, Fang se met en mouvement, d'un pied sur l'autre, à l'affut des mouvements de son adversaire. Il est aussi calme et concentré que possible, prêt à canaliser.
 

 
Fang n'attaque jamais le premier, il se contente de défier l'autre par des approches furtives, des esquives bondissantes, sans le quitter des yeux. Il le fait aussi longtemps que nécessaire à l'agacement de croître, ne comptant que sur son explosivité.
 
 
Il sait que sa transformation prendra plusieurs secondes ce qui lui est souvent fatal. Il sait aussi, d'observation, que son adversaire le surpasse en force et en expérience, mais ça ne lui fait pas peur.
 
"  Kes't'attends ???! ", balance-t-il à Alaska, lui montrant toutes ses dents dans un sourire un brin narquois. " T'es fatigué ??? "

Les bruits, les voix s'estompent autour de lui alors que son intérêt se focalise uniquement sur le païen qui se tient face à lui, prêt à en découdre. Seul reste le décompte, comme un lointain écho. Il bouge peu et lentement, analysant les mouvements, décortiquant la danse guerrière qu'a entamée le dénommé Fang. Jeunesse, insolence, fougue, ténacité, rage, cocktail explosif pouvant engendrer des dégâts. Soit.

Les deux primitifs ont la même approche, à savoir ne jamais ouvrir les hostilités. Aussi, rapidement, la foule s'agace et les encouragements se font plus acerbes. Il faut trancher et c'est le méta qui s'y colle. Tant pis, pas d'autre choix que d'ouvrir le bal.

Dans cet espace exigu, il est rapidement sur Fang. S'enchaînent alors un direct et un crochet puis il s'abaisse soudain. Son but, plaquer sa tête contre la zone pectorale de l'adversaire et dérouler un single leg.

( je me sens libre de faire bref, ça me convient ; a bientot quand tu veux : )



Alaska assène les premiers coups parés par Fang, et la liesse générale retrouve un regain, ils sont arrosés de cris et de bières.

Rapidement, le cadet est jetté au sol par son habile adversaire, et renvoie un coup de pied vif qui lui donne juste l'élan de rouler et de se relever. Pendant ces brèves secondes, il amorce sa transformation, qui n'est que partielle lorsqu'il fonce tout simplement sur Alaska comme un boulet de canon.